good pigeon-doggo, bad sense of style

zorah ∞ basile

Année 41, saison intermédiaire (après-midi 83) ✻✻✻ Le courage avait tout d'une question de perspective. Rester auprès d'une Zola de fort méchante humeur était stupide, pas courageux, on allait pas lui faire penser le contraire à Zorah. En voyant sa binôme qui s'embrouillait avec un matou, ni une, ni deux, elle s'était barrée. Les massacres, très peu pour elle, ça tachait trop. Peut-être était-ce une trahison à son sang mais elle n'allait pas se mettre à jouer les boucliers pour tous les Jaguars suicidaires de passage sur le territoire. Ce mec ne devait vraiment pas avoir beaucoup d'instinct pour venir chercher les emmerdes. Il savait pas que c'était une mauvaise période pour Zola ou quoi ? Logiquement la réponse était non. Il n'empêche que ça aurait dû être une évidence. Il ne fallait pas être un génie pour s'en rendre compte qu'elle était affectée par le départ de Kyra, la petite Zola. Ah, l'amour. Ce n'était pas Zorah qui allait se plaindre de ne pas en faire les frais pour le moment. Les histoires de cœur étaient un bordel qu'elle préférait vécu par les autres.

Ce qui était un monologue interne particulièrement passionnant se trouva interrompu de la plus hideuse des façons. « Qu'est-ce que c'est que cette atrocité ?! » Après une pareille agression oculaire, elle n'était pas prête de se remettre, la Zorah. Être nez à nez avec un ex-Aigle n'excusait rien. Qu'importe la situation, il fallait savoir se respecter, nom d'une ration. Même un Jaguar sous le règne de Joshua n'aurait pas osé sortir dans cet accoutrement. « Mon pauvre pigeon, dis-moi que tu n'as pas encore vu la femme de ta vie ou, pour sûr, elle va te larguer sous peu. » Et même si c'était sa sœur ou sa mère qu'il venait voir, cela ne changeait pas grand chose. Un peu de respect pour sa famille, que diable. Elles n'avaient pas vécu l'Enfer pour être à nouveau confrontées à une âme damnée.


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Année 41, saison intermédiaire (après-midi 83) ✻✻✻ Un truc lui disait qu'elle n'était pas tombée sur le plus malin du nid. Elle jugeait peut-être hâtivement. Pour sa défense, cette grande latte maigrelette n'était pas très réactive. Un peu plus et elle allait en avoir pitié. En admettant que ce n'était pas déjà le cas. Elle n'était pas à l'ouest - mauvais jeu de mots - contrairement à lui, elle voyait bien qu'il n'était pas dans son assiette et qu'il aurait bien eu besoin que son prochain lui tende une paluche salvatrice. Même si elle se tenait plutôt du côté opportuniste de la barrière, Zorah n'était pas une mauvaise fille, elle avait de l'éducation. Elle n'allait pas commencer à faire honte à ses mères en fermant les yeux face à une mission qui avait tout l'air de lui avoir été confiée par les esprits. Le nœud du problème était trop spécifique pour qu'il en soit autrement. En plus, elle n'avait jamais eu l'âme héroïque, la Zorah, si elle s'était sentie appelée, c'était que ça devait bien vouloir dire un truc ou deux.

« Quoi ? Je... Je ne suis pas sûr de bien comprendre. » Connexion cérébrale établie. Ils allaient peut-être pouvoir être efficaces. Elle n'avait pas toute son après-midi à perdre non plus, Zola se lasserait vite de son matou. « Je suppose que t'as loupé ton décrassage saisonnier des oreilles. Faut faire gaffe, ça fait rouiller la cervelle. » Zorah, elle avait déjà été plus délicate. Il fallait lui pardonner, les erreurs de style avaient le don de la couper des bonnes ondes. « Ce truc là... » Et de la main voilà qu'elle balayait la zone de chantier avec beaucoup trop de vigueur. « Ça va pas du tout. Tu vas te faire rembarrer. DI-RECT. » Il fallait connaître le sens des priorités dans la vie. Si son frère s'était pointé dans cet état là pour la voir, elle l'aurait viré à coups de tatanes en lui disant de s'acheter une dignité. C'était que ça coûtait pas si cher en rations. Fort heureusement, la vie étant bien faite, Sergueï avait un minimum de goût. On était loin du niveau de son bon Anton-. Par les claquettes puantes de Joshua ! Sans nulle doute, elle venait d'être frappée d'un éclair de génie. « Suis-moi, blondinet. On va te ravaler la façade et t'auras droit au bisou de l'année. Ta femme n'aura qu'à me laisser fouiller dans ses malles en guise de remerciement. »



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Année 41, saison intermédiaire (après-midi 83) ✻✻✻ Aussi grand soit-il, monsieur n'avait rien d'un modèle alpha. Sûrement qu'il se serait bien adapté chez les Vipères avec cette façon de la boucler alors même qu'une folle lui tournait autour. Elle le pensait en tout cas, Zorah. En omettant la partie sur la folle. Zorah, elle s'estimait tout à fait saine d'esprit et elle ne voyait rien de gênant à toute cette situation. N'était-elle pas une gentille tentant d'aider son prochain ? L'insulter, ça aurait été du propre.

« Ecoute... » Les maigres plaintes du blond ne l’atteignirent pas. Il allait devoir apprendre à parler plus fort s'il voulait s'offrir la voix au chapitre. Et encore. Elle n'allait pas l'écouter jacasser sur tout et n'importe quoi. C'était qu'ils avaient des priorités, bon sang. « Je ne pense pas que j'ai le droit de m'aventurer hors de la zone de rassemblement. » C'était qu'il ne la suivait pas, le bougre. Zorah s'arrêta aussi sec, tournant un regard mécontent sur le dépareillé. « T'es avec moi, qu'est-ce que tu veux qu'il t'arrive ? » Dit comme ça, on pouvait s'imaginer des choses. Elle avait eu cette façon de se donner de l'importance, comme si son nom suffirait à régler toute situation problématique. Ce qui n'était pas exactement le cas. Avait-il besoin de le savoir ? Non. Devait-il aussi savoir qu'elle le lâcherait comme une vieille chaussette si la merde s'étalait un poil trop ? Non, définitivement non. Pour tuer cette conversation qui n'allait nulle part, elle se remit en route. Le pas souple et juste ce qu'il fallait de balancement des hanches pour mettre en avant le pantalon qu'elle avait mis tant de temps à repriser.

« Et qu'est-ce que tu veux voler à ma... Enfin... A Lydie. » Il l'avait donc suivie. Zorah, elle n'en avait pas été très sûre car le sagouin marchait avec une discrétion qu'elle n'aurait pas pu lui deviner. Louche, tout ça. « Dans tous les cas, laisse-la en dehors de tout ça. » « Elle sent pas bon ton hésitation, mon coco. » La main calé sous le menton, elle entreprit de caresser son absence de pilosité faciale avec le faciès de la meuf qui se questionne. Elle arborait encore cette position lorsqu'elle se retourna pour le toiser, sa marche-arrière impeccable. Il y avait de longues années de pratique derrière la maîtrise de cet art. Et qu'on ne la questionne pas sur le pourquoi du comment, chacun avait ses passe-temps. « Me dis pas qu'elle t'a largué et que t'essayais de la récupérer comme ça. Parce que je suis pas sûre de vouloir t'aider dans ce cas-là. Solidarité féminine et tout le toutim. Si t'es même pas cap de la respecter en te pointant dans cet état, je peux comprendre qu'elle ait dit stop. » Et si on lui demandait, la réponse aurait été non. Non, elle n'aurait pas repris un gars débarquant dans cet état, aussi suppliant soit-il. En supposant qu'il ait été possible qu'elle choisisse un mâle avec aussi peu de style. Bon dieu... Ce que ce bon vieux Anton lui manquait.



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Année 41, saison intermédiaire (après-midi 83) ✻✻✻ « Non. Non, non, non. C'est pas ça du tout. Jamais je ferais ça. » L'empressement prouvait que dalle. Elle avait vu des mecs enfoncés jusqu'à la nuque dans la merde qui s'étouffaient presque en tentant de se défendre tellement ils enchaînaient vite les mots. Le pigeon avait le faciès d'un innocent, mais ça ne voulait pas dire grand chose. Il y avait de grands malades qui se cachaient sous de belles gueules. Malgré tout, elle lui laissa le bénéfice du doute. Les bras croisés sous la poitrine dans un réflexe qui faisait pigeonner sa poitrine juste comme il fallait, elle se laissa le toiser pendant un moment. Guettant un signe qui ne lui plairait pas ou un dérapage qui lui ferait crier à la garde. Elle avait pas besoin de connaître la Lydie pour vouloir la mettre hors des emmerdes. « Je ne l'ai plus vue depuis l'attaque. Je comprends que les choses puissent avoir changées durant cette période. Qu'elle recherche autre chose maintenant qu'elle est ici ou même que cette distance entre nous ait tout cassé. Je veux juste savoir. Qu'on puisse discuter. On est ensemble depuis des années. Avant d'être ma copine, elle était mon amie. Je ne veux pas la perdre. » Une bien belle petite histoire qui aurait pu tourner en cauchemar pour la demoiselle. Le mec semblait sincère, pas mal affecté par tout ça, et attentif aux besoins de la Lydie. Peut-être qu'elle était celle avec le plus de mauvaises idées dans la tête ici. « J'vais te croire jusqu'à preuve du contraire. » Elle se targuait d'être un bon juge lorsqu'il s'agissait des autres. Elle n'était pas à moitié con et les cernait bien lorsqu'elle prenait la peine de s'intéresser un peu.

Elle eut pas besoin d'en dire plus avant de se remettre en route. Le bar était tout proche, sans doute croulant sous les nouveaux venus, mais elle n'aurait pas le temps d'aider sa mère. De toute façon, elle était censée être au boulot. V'la un truc que j'ai pas envie d'expliquer. Ça n'aurait vraiment pas été de bol que quelqu'un d'important traîne dans le coin. Si elle bossait, ça devait être le cas des grandes pontes aussi. « Mais d'où y a Théa ? » C'était pas sorti trop fort, heureusement. Elle s'empressa par contre de s'étirer pour rabattre la tête de l'Aigle - ou ce qu'elle attrapa - vers l'avant, histoire qu'il se fasse discret. « Dépêche. » L'attitude n'était pas discrète mais elle se marrait bien dans le fond. Elle traîna le pigeon avec elle sur toute la longueur de la salle pour aller se glisser dans les escaliers où elle serait enfin en terrain conquis.


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Année 41, saison intermédiaire (après-midi 83) ✻✻✻ « Théa ? Comme dans votre Chef Théa ? » Quelle question ! Des Théa, il n'y en avait pas deux. Deux, peut-être que si. Les prénoms se répétaient. Il suffisait qu'un pignouf trouve le vôtre bien et il allait le filer à son gosse. Zorah, elle ne doutait donc pas qu'une petite fille serait baptisée comme ça sous peu. Peut-être même qu'il y aurait une Yulia en l'honneur de sa cousine, une idée qui la laissait curieusement fière. Il faudrait qu'elle lui dise, à son héroïne. Sans doute qu'elle parviendrait à lui arracher un sourire. Mais là n'était pas la question. En plus, monsieur pigeon parlait à nouveau. « Y a Noâ au bar. » Quoi ? Comment elle avait fait pour ne pas repérer la boss des Jaguars ? Fallait dire que la trouver ici était une surprise. A côté de la Chef, en plus. Drôle de vision. Ils étaient entré dans un monde parallèle ou quoi ? Elle stocka l'info dans un coin de sa tête, consciente qu'il lui faudrait y penser plus tard. Elle aimait ses potins, la Zorah, et celui-là croustillait sous son regard.

« Qu'est-ce qu'on fiche ici ? » Toujours des questions. Où était sa confiance ? Pourtant, elle était certaine d'avoir la tête de quelqu'un de rassurant. On lui aurait donné le bon dieu sans confession, à la Zorah. Grossière erreur. Elle était pas foncièrement mauvaise mais fallait reconnaître que l'égocentrisme pouvait lui faire faire des trucs pas nets. « Détends-toi, pigeon, c'est chez moi. » Qu'elle lui lâcha en gravissant l'escalier jusqu'au sommet d'une démarche bondissante. En l'absence de Esfir, il n'y avait personne à la maison, elle en était certaine. La patronne n'allait pas se priver de faire des affaires avec toutes ces nouvelles têtes sur le territoire. « Bon. Faut passer aux choses sérieuses. Désape-toi, mon grand. » Elle avait déjà commencé à en faire de même. Sa veste pendait soigneusement à un crochet et son écharpe avait été abandonné sur un petit meuble contre la rampe de l'escalier. Elle ne faisait que passer, il faudrait bien qu'elle aille rejoindre Zola à un moment ou c'était un coup à se faire gronder si sa binôme chérie butait un Jaguar.« T'as de la chance, j'ai un truc qui devrait t'aller. » Le pull devait revenir à Sergueï mais elle pourrait toujours lui bricoler autre chose. Son frère comprendrait l'urgence. Agenouillée devant l'une de ses nombreuses malles, elle commença ses fouilles. Chaque pièce était traitée délicatement et posée sur une pile spécifique. Un soin tout particulier qu'elle portait à ses fripes, comme toujours. « Tu peux t'asseoir que'que part. » Elle lui avait balancé ça par-dessus son épaule, peu attentive. Avant d'ajouter vite fait : « Pas sur mon lit. T'es tout crasseux. »



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