ft. Nell

Let's have some fun, jaguar style !

Kaz, c'était pas tous les jours qu'il mettait un point d'honneur à éviter les minettes. D'habitude, il s'en foutait un peu des groupies qui le suivaient partout parce qu'elles était inoffensives et qu'il avait pas à se plaindre de son petit fanclub. Avant, il n'aurait eu aucun mal à se fondre dans le décor malgré sa taille de géant mais c'était avant qu'il ne devienne capitaine de l'équipe de basket du lycée. Tout avait changé depuis qu'il avait débarqué dans cet établissement, s'impliquant plus qu'il ne l'avait jamais fait auparavant dans son activité extra-scolaire. La popularité était arrivée d'un coup et avec elle, les minettes qui lui tournaient autour et sur lesquelles il ne crachait pas, le Kaz. Aujourd'hui, pourtant, il essayait de se faire le plus petit possible. Il avait à peine eu le temps de prendre une douche et de se rhabiller après l'entraînement quotidien que les meufs attendaient déjà l'équipe à la sortie des vestiaires. Putain, même Laia, la plus canon des cheerleader était là. Mais quelle poisse ! Il était sûr que son vice-capitaine hésiterait pas à la draguer lourdement, ça lui mettait déjà la haine de lui refiler une telle opportunité. J'ai promis, qu'il se répétait pour taire les regrets. Et même si c'était un gros connard, Kaz, il revenait pas sur les promesses qu'il faisait à son frère. Du coup, c'est par le gymnase qu'il s'éclipsa non sans ronchonner, casquette vrillée sur sa tête, sac sur l'épaule. Il marchait vite et gardait la tête basse, checkant son téléphone toutes les deux secondes pour voir s'il n'avait pas reçu un message d'Elliot mais rien. Est-ce qu'il le faisait exprès ? Il pourrait être en train de se faire cajoler par les meufs les plus canons du lycée et à la place, il était là à jouer les espions et très mal en plus de ça. Kaz! C'était chaud, elle avait failli l'avoir, il l'avait pas vue venir la nana. Ce poteau venait de lui sauver la ville...et il en connaissait une autre qui allait faire de même. Hey, hey ! Belette, attends-moi ! C'était pas très classe de héler une jeune femme dans la rue mais Kaz, il était pas connu pour sa classe. Et puis, c'était pas comme si Belette était une nana à ses yeux. Belette, c'était juste Belette. Sans se gêner, il passa une main autour de ses épaules, se penchant en avant pour ne pas trop se détruire le dos. Me tape pas, j'essaye d'éviter Cléah, aucune arrière pensée, promis. Il lui indiqua la fille au coin de la rue d'un geste de la main pour lui prouver sa bonne foi. Il mentait pas pour une fois, le Kaz. Jamais il draguerait Nell, c'était une pote qui comptait, ouais, et il adorait la taquiner plus ou moins subtilement mais il jouerait jamais vraiment le gros lourd avec elle. Nell, c'était sa belette, après tout même s'il se ferait rouler dessus par un chasse-neige avant de l'admettre. T'aurais pas vu Elliot par hasard ? On devait aller lui acheter des nouveaux vinyls mais ce con répond pas au message.

Nell & Kaz

  let's have some fun, jaguar style

Une fois les cours finis, j'avais eu l'occasion d'aller me chercher un bon chocolat chaud avec supplément de crème fraîche et de cannelle pour me réchauffer un peu avant l'entraînement. C'était une question de survie, sans ça, je n'étais pas convaincue de tenir le coup. Ce n'était pas exactement l'entraîneur le problème, c'était plutôt moi et mon éternel perfectionnisme. Je tenais certainement ça de mes parents, anciens lycéens du lycée du Nord. Je m'étais toujours targuée de ne pas vouloir leur ressembler et de mener une vie plus passionnante et moins académique - leur perfection, c'était le besoin de briller, d'être parmi les premiers dans tous les cours - mais il fallait me rendre à l'évidence, la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre. Ils ne comprenaient pas mon choix de rejoindre le lycée Sud quand j'aurais eu une place toute trouvée chez ceux que je voyais comme des personnes sans cervelles, juste bonnes à faire les gros frimeurs et les brutes. Je me trompais peut-être mais c'était l'impression que j'en avais gardées de mes années de primaire, jusqu'à ce qu'ils ne cèdent à ce caprice.

Comme chaque jour, j'avais calculé à la minute près les différents moments de ma journée. Je n'avais pas perdu une seconde. Malheureusement, c'était sans compter sur le plus grand fléau de ma vie ; Kaz et son besoin incroyable de tout désordonner. Je me demandais si notre amitié n'était pas un signe du destin, comme une force qui essayait de me rendre plus flexible et moins obsédée par le contrôle complet de ma vie. Il n'y avait pas plus nonchalant que lui, tout mon contraire. C'était ça ou la vie se moquait simplement de moi. Il avait le don de me pousser hors de ma zone de confort : il entrait dans mon espace vital constamment, il me parlait alors que j'étais encore dans la brume. Nous avions bien le sport en commun mais l'équipe de basket avait bien plus de prestige que l'équipe de natation. Pourtant, j'étais l'une des meilleures dans mon domaine. « Hey, hey ! Belette, attends-moi ! » Je m'étais déjà crispée alors qu'il ne faisait que m'appeler. Je n'osais pas imaginer quand il viendrait à me rattraper. Vu notre différence de taille, j'aurais tout à fait pu tenter de me glisser hors de son champ d'action mais il était hors de question de renverser du chocolat chaud sacré. Sans aucune surprise, il s'était déjà incrusté dans mon espace vital, le bras autour des épaules. « Me tape pas, j'essaye d'éviter Cléah, aucune arrière pensée, promis. » Je ne comptais pas le taper à cause de la potentielle image qu'il pourrait renvoyée ou à cause de toutes aussi potentielles arrières pensées. Ce n'était pas son genre. J'avais plutôt des envies de meurtre pour cette approche, mais je soupirai au lieu de lui donner le coup de poing tant mérité.

« T'aurais pas vu Elliot par hasard ? On devait aller lui acheter des nouveaux vinyls mais ce con répond pas au message. » Elliot qui avait encore disparu et qui était aux abonnés absents. Est-ce que ça m'étonnait ? Pas vraiment. C'était la définition même d'Elliot. Kaz s'était encore une fois fait avoir par l'absence de rigueur de celui-ci. Il n'y avait que lui pour prendre ce genre de risques. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais foutu une puce pour garder la trace de cet abruti ou je lui aurais collé quelqu'un pour lui rappeler le rendez-vous. « Non. Je suis désolée pour toi, mon pauvre vieux, mais tu vas devoir te débrouiller tout seul. J'ai un entraînement qui m'attend. Le chrono tourne, tu sais bien ce que c'est. » En temps normal, j'aurais peut-être cherché à l'aider mais il n'était pas question de perdre du temps. En plus, cet entraînement me permettait de ne pas rentrer chez moi avant un bout de temps. Je n'avais pas envie de les entendre se chamailler au sujet de l'emplacement idéal du sapin.