Circe & Faust & Théa

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 84

le duo infernal

Depuis toujours, je m'étais rendu compte que je pouvais en apprendre beaucoup des autres et particulièrement de Faust et cette habitude ne s'était pas envolée avec ma nouvelle promotion. Au contraire, j'écoutais encore plus attentivement ses conseils puisque sa part du travail était non négligeable. Sans parler de son imagination. C'était d'ailleurs ce qui faisait d'elle une Membre compétente. J'aimais l'écouter conter toutes les idées qu'elle avait pour le camouflage et ça m'apportait énormément de choses en tant qu'espionne. Si je débutais dans le domaine, écoutant tout aussi sagement les conseils de Fiona, elle n'était pas une novice et nos échanges, aussi sérieux soient-ils, se déroulait dans une ambiance légère. Personne n'aurait pu imaginer que nous nous étions pris la tête alors que nous étions tout juste hautes comme trois pommes. Je me demandais parfois comme Annabella n'avait pas pu remarquer cette complicité et en profiter pour imaginer un tel binôme. Je regrettais un peu ça mais j'étais vachement contente qu'on puisse trouver de nouvelles occasions de traîner ensemble.

Une sentinelle nous avait interrompues alors qu'elle me présentait oralement une technique, je découvrais encore tout ça puisque la saison polaire nous avait paralysés. A la surprise générale, Théa nous demandait toutes les deux. Soudain, une lueur dans le regard et, après avoir poliment répondu à la sentinelle en question, je lançai un regard complice à Faust. « Je te parie c'que tu veux qu'elle nous appelle pour nous dire qu'on forme un nouveau binôme ! » J'étais excitée à cette idée et j'espérais ne pas tomber de haut en arrivant à l'étage où elle nous attendait. Qu'on nous demande toutes les deux en même temps ne pouvait pas être une simple coïncidence, surtout que nous avions toutes les deux perdu nos binômes respectives. Si j'avais été touchée par la mort de Nina, je mentirais en disant que je n'étais pas enthousiaste à l'idée de savoir mon vœu exaucé. « Sérieux, si elle fait ça, Théa devient ma Chef préférée et de loin. Bon, tu vas me dire, c'est pas compliqué de faire mieux qu'Annabella mais bordel, ce serait extra. Tu ne te débarrasseras plus de moi et dès que t'auras la mauvaise idée de pleurer, je t'en foutrai une pour que tu te reprennes ! » J'avais imité un rire machiavélique avant de me calmer un peu, au moins en apparences, quand on nous fit entrer. Théa n'était pas encore là mais elle n'allait pas tarder. La sentinelle ne semblait pas mécontente de s'en aller. On la fatiguait peut-être un peu.

Circe & Faust & Théa

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 84

le duo infernal

Elle était encore toute barbouillée de maquillage quand Circe avait débarquée, aussi énergique qu'à son habitude. Elle était comme ça, Circe et Faust avait râlé juste pour la forme. Parce qu'après tout, à quoi servait sa porte si la blonde se permettait d'entrer quand bon lui chantait. Mais on n'en faisait pas deux comme elle. Elle était une tornade d'enthousiasme et la plupart du temps, de bonne humeur. Certains disaient qu'elle faisait tâche auprès d'une pessimiste grincheuse chronique comme Faust. Ceux qui les connaissaient mieux savaient qu'elles formaient un duo parfait. Elles se balançaient l'une et l'autre. Quand elles étaient devenues membres, Faust n'avait pas envisagé qu'elle soit sa binôme. Parce qu'elle ne croyait pas que ce serait si facile et elle avait eu raison. Raison de ne pas avoir misé sur une chef aussi centrée sur elle-même qu'Annabella. Si elle avait fait son boulot comme une vraie chef, elle aurait récolté des témoignages prouvant tous que le binôme parfait pour elles était simplement le duo qu'elles avaient formé depuis si longtemps. Faust avait gardé cette erreur au fond de la gorge jusqu'à la mort de cette cruche et aujourd'hui encore, elle n'avait pas oublié. Voilà pourquoi, elle n'allait pas se mettre des idées dans la tête, en dépit de l'enthousiasme une nouvelle fois trop débordant de Circe. Te fais pas trop d'espoirs. J'ai pas envie de t'entendre geindre si ça arrive pas. Elle s'y était habituée, à cette situation. Ce n'était pas comme si le fait de ne pas être liées de la sorte les avaient éloignées. Elles étaient toujours aussi complices...très complice...trop complice. Les joues de Faust changèrent soudainement de couleur, passant du pâle au rouge en quelques secondes. Embarrassée, elle aurait bien faire taire son amie en lui plaquant les mains sur la bouche si cette dernière n'était pas aussi grande. Mais qui est-ce qui pleure ? Tu devrais te taire à la place de dire des bêtises. Faudrait pas que Théa se rende compte qu'il te manque quelque chose dans la tête. C'était souvent comme ça entre elles, à s'envoyer des piques à tout va. Une relation qui avait mal commencé mais qui avait évolué au fil des années pour donner ce duo fatiguant mais inséparable.