aucun triomphe dans l'retour

tidus ∞ raja

Année 41, deuxième saison tempérée (jour 95 - début de soirée) ✻✻✻ Tidus, il savait pas trop comment il devait la prendre, la chose. Renvoyer sur le territoire en avance, le cul au chaud dans une bagnole. D'un côté, il était pas mécontent d'arrêter de trimer dans un trou paumé, à faire un job qui n'avait jamais vraiment été le sien, de l'autre, il aimait pas trop le message que ça renvoyait. Y avait quoi, fallait qu'il aille se tenir à carreau en ville, là où il était pas près de recevoir d'assignement de la part de Violette ou d'apprendre à être une Fine Lame ? Il avait pas craché sur l'opportunité, il avait pas eu le temps non plus. Puis la boss lui avait bien fait comprendre qu'il fallait pas discuter ses ordres, sans qu'il le sache c'était peut-être un test. Pour autant, il avait gambergé pendant le trajet et il savait toujours pas comment se sentir. Ca s'était pas amélioré quand ils étaient enfin arrivés. Il faisait tout calme au Nord mais du genre le calme avant la grosse tempête. Ce qu'ils avaient déjà vécus vu les grêlons qui étaient tombés dans la matinée. Aucun doute qu'elle avait craqué et s'était barré, cette tempête métaphorique mais sans les résultats habituels. Le rapport de coutume ne l'avait pas plus éclairé. Dans le QG, il avait vu trop de vieux qu'il avait plutôt l'habitude de croiser dans le Golden Quarter. L'un d'eux lui avait claqué l'épaule avec un sourire de faux-cul et des félicitations plein la bouche pour la promo. Seulement, il lui avait jamais parlé à ce gars, Tidus. Il avait pris, toujours avec cette impression de rien capter. Maintenant dehors, dans le froid avec son sac, il savait pas trop quoi faire. La réponse logique était de rentrer à la maison, ses parents auraient été bien contents de le voir. Faute d'autre chose, il fit ça en prenant le long chemin en se disant que ça lui laisserait le temps de prendre connaissance de l'état du territoire. Pendant la réunion, il avait eu l'occasion de capter qu'une tempête, ils en avaient eu une vraie de vrai et que ça ne roulait pas pour tout le monde. Le lendemain, faudrait qu'il fasse le tour de ses potes pour voir si ils étaient ok.

« Raja ? » Qu'il avait gueulé, d'un coup, en voyant une silhouette familière plus loin. Quand on parlait de connaissances. Peut-être qu'elle allait pouvoir lui dire ce qu'il se tramait dans le coin. Il la rattrapa vite, Tidus, pas difficile vu qu'elle boîtait. « T'es arrivé quoi ? »



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Année 41, deuxième saison tempérée (jour 95 - début de soirée) ✻✻✻ Il la regardait, Tidus, et il la trouvait de moins en moins en forme. Elle avait tout l'air d'avoir passé deux, trois jours - voire dix - difficiles. Il débarquait au milieu d'une situation qu'il captait mal. Un peu comme si il avait vécu dans une bulle juste avant. C'était le cas maintenant qu'il y pensait. Des infos sur la ville, y en avait pas eu des masses assez logiquement. Et la vie dans ce coin paumé qu'ils avaient fouillé était trop différente. Ils étaient là pour pas long donc fallait se bouger, faire en sorte que ça vaille la peine. « La tempête. Une foutue plaie à la jambe. C'est pas beau à voir. Les médicaments rationnés, le boulot double et tout le reste n'aide pas. » Il avait bien envie de lui dire de ralentir, d'entrer dans les détails un peu, mais il avait pas trop eu le temps. Elle enchaînait déjà, Raja. « T'as pas vraiment l'air amoché, ni fatigué, toi. T'as été épargné par cette maladie, alors ? » Elle était bien gentille de se soucier de lui, il crachait pas d'ssus mais sa tête était ailleurs. « Ouais, ouais, ça va. » Il était vanné, clairement. Il avait beau avoir dormi comme une loque dès qu'il en avait l'occasion, les nuits étaient courtes et pas bien reposantes. Il y avait aussi un stress de fond qui restait là à force de pas être en terrain conquis. L'œil, il fallait le garder ouvert et de préférence derrière soi. Il allait pas se plaindre pour les Libres, le Tidus, il était devenu Spécialiste un peu grâce à ça mais bon. « C'est quoi le délire des médocs et du boulot ? Je viens de voir le conseil des héros mais on peut pas dire qu'ils étaient là pour répondre aux questions. Il est arrivé un truc au Chef ? » Vu qu'ils avaient pas de Second, c'était pas déconnant de penser que Samuel avait fini par canné et que c'était la merde depuis. Quinze jours, qu'il partait et il en était à enchaîner les suppositions pour tenter de suivre.



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Année 41, deuxième saison tempérée (jour 95 - début de soirée) ✻✻✻ « Les Vipères ont durci les règles vis-à-vis des médicaments. Donc, dorénavant, on doit encore plus mériter nos rations et nos médicaments mais même comme ça, certains seront bien lotis. Choisis correctement ton camp et la vie sera agréable. Quant au boulot, double garde. Par contre, on sait pas exactement ce qu'il en est de Samuel. Il n'est plus présent lors des rassemblements, c'est toujours Martin qui parle. Mais je t'avoue que c'est le cadet de mes soucis. » Les changements allaient lui filer un torticolis proverbial, à Tidus, à force qu'on lui balance des changements à la gueule qui lui demandaient de tourner la tête en tout sens. Avec les Vipères, le voyage n'avait pas été parfait mais, dans l'ensemble, ils s'en étaient bien sorti. Lui en tout cas n'avait pas eu à se justifier devant un quelconque gradé à ce sujet. Il avait causé avec des meufs et avait fait sa vie sans que ça vrille. En même temps, il faisait déjà ça en temps normal. Ouais, ça avait été un peu bizarre en ville après l'attaque mais il n'avait pas eu à se plaindre. L'éloignement avait encore aidé. Après tout les clans avaient ce plan commun et ils avaient tous déjà assez de raisons de crever hors de la ville sans en plus se tirer dans les pattes. Mais le monde avait continué de tourner et à Paris, de toute évidence, c'était la merde. Puis de toute évidence il y en avait eu au Nord pour profiter des absences. Il n'aurait même pas dû être étonné. Il y avait trop de chacals dans les hautes sphères. On pouvait dire ce qu'on voulait, que lui aussi pouvait faire preuve d'opportunisme, mais il n'avait rien d'un fils de pute qui avait des envies d'écraser le peuple. Il voulait réussir, pas écraser tout le monde sous la semelle de sa botte.

« Choisir mon camp ? » Il faisait au mieux pour se mettre au nouveau rythme, Tidus, mais l'exercice n'avait rien de facile. Des questions, il en avait une tonne dont il ne savait pas quoi foutre dans l'ordre des priorités actuelles.



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Année 41, deuxième saison tempérée (jour 95 - début de soirée) ✻✻✻ Il savait vraiment pas ce qu'il devait penser, Tidus. A part que, bordel, il avait eu une sacrée chance de tomber sur une personne fiable pour lui parler de ce qu'il avait loupé. Il aurait pas été écouté et croire le premier connard venu non plus. Ici, on parlait plus d'un gain de temps. « Tu as dû voir des Dragons avec des brassards depuis ton retour. C'est la marque visible d'appartenance. Ca leur permet de rapidement faire un tri. Donc, soit tu es du côté de Martin, soit tu es un mauvais Dragon qu'il faut encore dresser. » Quoi ? Des brassards, il en avait bien vu. Des mecs en portaient au QG. Les sentinelles à l'entrée, puis des gens qui traînaient autour. Il s'était pas posé plus de questions que ça, Tidus. Il avait rien vu de déconnant à croiser un Dragon portant du vert. En plus, il avait eu d'autres trucs à penser. Le phénomène de mode était passé à l'as au profit de penser aux proches. D'un coup, il comprenait mieux le vieux con qui avait voulu faire ami-ami. Il lisait entre les lignes là mais ça paraissait logique. Dans la tête de trop de gens, des Goldens ça se serraient les coudes. Un Spécialiste Fine Lame fraîchement promu quand l'équipe était encore loin aurait fait tout beau dans leurs rangs. Fichu fils de pute.

Il ingurgitait tout ça en silence, Tidus. Il était pas sûr de ce qu'il avait le plus envie de dire. Puis des bouts de compréhension continuaient de se déverser dans sa tête. Il avait trouvé un peu bizarre au début du voyage que toute l'équipe Fine Lame parte sans qu'il n'y réfléchisse trop non plus parce que ça avait servi son ambition mais là il se demandait ce qui avait été prémédité ou non. C'était un peu débile si tu voulais imposer ta loi de jarter les pseudos flippants. Sauf si tu craignais de pas les voir te suivre. Il s'emballait peut-être un peu là, Tidus. Mais il y voyait quand même une logique. Les gens de l'équipe étaient cleans quoi qu'on en dise. Ils étaient humains, ils s'entendaient bien, et, choquant, ils avaient l'air de vraiment se soucier des autres contrairement à Michael. Même chez la boss, il avait ressenti ça. Ces gars là, il les voyait pas plier l'échine si facilement et ils seraient pas si faciles à descendre. Et ça crevait les yeux qu'ils manquaient pas de soutien. Violette, ils avaient tous pu la voir grimper avec la certitude qu'elle prendrait la tête de Michael. Dans tous les sens du terme. Ca créait un truc. Même sans l'avoir jamais rencontré, il l'avait bien aimé, la Lieutenant, et il avait été au clair avec ce qu'elle valait. Il devait pas être le seul.

Ses poings se serrèrent. Dans quelle merde il était maintenant. Il s'était toujours débrouillé, le Tidus. Il faisait ses choix et assumait. Il avait par contre bien compris que c'était plus trop pareil quand on appartenait à pareille équipe. Il faisait partie d'un ensemble. Ensemble qui était si loin pendant que lui était coincé ici avec le numéro 2. Faudrait qu'il lui cause, même si sa tête lui revenait pas trop. Il restait quasi sûr que Violette, toute Fine Lame qu'elle était, elle aurait pas apprécié la notion de redresser un Dragon juste parce qu'il voulait pas suivre un vieux. Le foutu Chef, ça poussait à la discussion mais il foutait quoi dans l'histoire le Martin ? « Il peut se le foutre dans le cul son putain de brassard. » C'était sorti spontanément. Il avait toujours le cerveau qui fusait, Tidus, mais ça faisait pas de mal de le dire.  



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