Trystan & Kaz

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 100

  je me fais avoir pour la dernière fois... ou pas

« Oui, oui, à plus. » Elle m'avait glissé un clin d'œil et j'avais souri, d'un bête sourire tant qu'elles nous regardaient. Ce n'était pas la première fois que j'expérimentais un moment aussi gênant que celui-là, je n'étais même plus certain de pouvoir les compter mais je ne pouvais n'en vouloir qu'à moi-même, je n'étais toujours pas capable de voir les coups foireux arriver à dix kilomètres à la ronde. Nell se moquait ouvertement de moi, prétendant qu'elle était beaucoup plus rusée que moi quand il s'agissait de l'autre idiot, en profitant pour souligner qu'il me manquait cruellement quelque chose dans la cervelle, une connexion ou des éléments. Nous aurions pu être soudés face à l'ennemi en commun mais elle ne valait pas toujours mieux que lui, dans un genre différent.

Une fois qu'elles furent parties pour de bon, je fonçai le poing vers son visage avant de me retenir. Ce n'était pas l'envie qui manquait mais j'avais appris à respecter un minimum ceux qui me servaient d'amis, même quand ils vous trahissaient pour la centième fois au moins. « Putain, mec, c'est quoi ta notion de l'amitié exactement ? Si tu veux te taper une meuf parce que t'as survécu, je t'en prie mais je te l'ai pas déjà répété assez souvent que j'voulais pas être embarqué dans tes plans ? » Je n'avais pu m'empêcher de grommeler quelques insultes dans ma barbe inexistante avant de faire les cent pas aux abords du lac. Il me rendait chèvre.

« A ce compte-là, tu aurais tout aussi bien pu me balancer derrière les frontières des Dragons. » La comparaison était à peine exagérée dans ma tête. J'étais capable de parler à une fille, jusque-là, pas de problème mais quand les rendez-vous, c'était une autre histoire. J'avais donné un coup de pied contre un caillou et avais même rêvé pendant une seconde qu'il entre dans la bouche de l'autre abruti et qu'il s'étouffe. Avant d'en rigoler tout seul.

Trystan & Kaz

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  je me fais avoir pour la dernière fois... ou pas

Quand on avait frôlé la mort, on voyait les choses différemment. En tout cas, c’est qu’il se disait. Il en avait entendu des naïfs plein de bonnes résolutions qui disaient à qui veut l’entendre qu’ils allaient profiter de cette deuxième chance pour devenir des meilleures personnes, pour s’améliorer, qu’ils avaient fini de se plaindre et qu’ils verraient désormais l’avenir d’un oeil nouveau. Kaz, lui aussi, il avait pris des résolutions. Pas ce genre de conneries niaseuses évidemment, enfin pas tout à fait. Il avait failli y passer, ça prouvait juste que cette putain de vie était une putain de traître. Donc le Kaz, il allait faire le bien à sa façon. Il avait sa petite liste, bien à l’abri dans ce qui lui servait de caboche et comme il pouvait pas faire de miracles, il commençait par le plus facile.

Facile, un bien grand mot. Parce qu’il aurait pu le bourrer à en voir flou que le Trystan arriverait pas à sortir le balai qu’il avait dans le cul. C’était pourtant pas si compliqué! Même un glandu comme lui y parvenait. Il n’y avait pas plus douloureux fiasco. Pourtant, c’était pas la première fois mais ça restait extrêmement difficile à observer. Bonne âme qu’il était, Kaz ne pouvait juste pas laisser son pote mourir puceau mais le Trystan, il y arrivait vraiment, vraiment pas. Il était tendu, sourire crispé, Kaz sentait son empressement d’en finir à des kilomètres, tous ses efforts gâchés. Et il était sûr qu’en plus, on lui fouterait ce gâchis sur le dos. Se sentant complètement dans son droit, et aussi parce qu’il le connaissait par coeur à force, ce con, Kaz, il avait pas bougé d’un pouce, haussant à peine un sourcil face à l’agression de son triste ami. J’me disais bien que t’oserais pas t’en prendre à un innocent en pleine convalescence. On lui avait épargné un coup mais il y échapperait pas, au discours moralisateur. Ca lui apprendrait au Kaz de vouloir faire le bien autour de lui. Puis, il y pouvait rien si après tant de saisons, Trystan se laissait toujours avoir par ses magouilles. J’suis un putain de bon pote, ok? C’est bien pour ça que je fais de mon mieux. Quel genre de pote je serais si je mourrais et que t’étais toujours puceau. J’peux pas laisser faire ça, mec. C’était même pas juste une histoire de tremper son biscuit. Si Trystan cherchait quelque chose de stable et de sérieux, il était toujours prêt à changer ses critères de recherche pour que son pote soit heureux. Et en parlant de critères…Les yeux plissés comme la vieille méfiante qui habitait la rue de son enfance, Kaz le fixa. Dragon, dragon…Etait-ce donc ça? Mec, bordel, tu m’aides pas à t’aider non plus. C’est quoi tes critères? Si c’est une dragonne que tu cherches, t’aurais pu me le dire plutôt, ça m’aurait évité plein problèmes. Il se tut un instant avant de reprendre, un sourire en coin. Je savais pas que tu cherchais ce genre de nana mais si c’est ton truc, pourquoi pas.  Qu’il ricana comme un con, l’imaginant en face d’une dragonne intimidante.

Trystan & Kaz

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  je me fais avoir pour la dernière fois... ou pas

« J’me disais bien que t’oserais pas t’en prendre à un innocent en pleine convalescence. » J'avais soupiré, partiellement agacé par son comportement et surtout fatigué par ce rendez-vous qui m'avait crispé plus qu'autre chose. De son côté, il osait encore plus le culot, il en rajoutait des caisses quand il aurait dû se taire et garder pour lui les piques. Il était véritablement épuisant et j'étais persuadé qu'il était convaincu d'être le bon samaritain, le bon ami qu'il s'imaginait parce que je le connaissais trop bien depuis le temps. J'aurais aimé avoir le tempérament de Nell et le dégager sans problème mais je n'y arrivais pas. Je n'avais rien en commun avec elle à part lui. Après, si j'étais plus sincère, je remarquais bien qu'elle ne s'en était toujours pas débarrassée non plus. Peut-être parce qu'on lui trouvait quelque chose de bien dans le fond.

« J’suis un putain de bon pote, ok? C’est bien pour ça que je fais de mon mieux. Quel genre de pote je serais si je mourrais et que t’étais toujours puceau. J’peux pas laisser faire ça, mec. » Je sentais mon poing se serrer une nouvelle fois. Il avait le chic pour vous balancer des inepties et retourner la situation et vous faire passer pour celui qui faisait preuve de mauvaise foi. J'avais rapidement levé les yeux au ciel, c'était tout ce que je pouvais faire à ce stade. Je n'étais toujours pas résolu à le frapper mais la rage montait en moi. J'en avais marre d'être pris pour le con de service. Le problème c'était que je ne faisais rien pour changer tout ça.

« T'es vraiment borné. Si j'ai pas envie de me taper une meuf, ça me regarde. T'inquiète, je suis pas jaloux. » C'était le comble de devoir lui répondre ça mais c'était tout ce qui me venait. Dans le fond, je savais qu'il ne pensait pas exactement à mal mais c'était la façon de faire qui était particulièrement dérangeante. Il aurait pu et sûrement dû me faire confiance avant de me balancer en pâture à des filles que je ne comprenais pas dans tous les cas et avec qui je n'avais rien en commun.

« Mec, bordel, tu m’aides pas à t’aider non plus. C’est quoi tes critères? Si c’est une dragonne que tu cherches, t’aurais pu me le dire plutôt, ça m’aurait évité plein problèmes. » J'avais encore une fois levé les yeux au ciel avant de souffler un grand coup, en recherchant le calme intérieur ou un truc de ce genre. Il me poussait largement à bout. « Je savais pas que tu cherchais ce genre de nana mais si c’est ton truc, pourquoi pas. » A force de me tendre, j'avais réussi à avaler de travers et à tousser. Il avait réussi à me surprendre, ce qui n'était pas si évident. Je frappais mon torse pour reprendre contenance et si possible retrouver mes esprits.

« T'écoute rien, ma parole. T'as intérêt à te sortir cette idée de la tête ou je te bute, convalescent ou pas ! Vas pas chercher la merde ! » Je l'avais chopé par les épaules pour qu'il soit concentré sur moi. Parce que c'était ça le souci avec un gars dans son genre, ça profitait de tout ce qu'on balançait au pied de la lettre et toutes les occasions étaient bonnes pour nous mettre dans le merdier. Je le voyais déjà venir avec ses interpellations. Je devais prier pour qu'il ne croise pas de Dragons. Heureusement, ils n'étaient pas autorisés à rejoindre le quartier des jeux. Seul soulagement.

Trystan & Kaz

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  je me fais avoir pour la dernière fois... ou pas

Il avait pas tort, Trystan. Kaz, c’était le roi des bornés quand il le voulait. Et là, on parlait du futur de son pote alors évidemment que ça lui tenait à coeur. Puis il était aussi ouvert d’esprit. Si Trystan voulait pas se taper de meuf, qu’il était plutôt mec, ça le dérangeait pas. J’peux te présenter des mecs, si tu préfères. Si son petit-frère était pas déjà casé, il aurait même pu jouer les entremetteurs. Maintenant qu’il y pensait, il était vraiment con. Qu’il soit gay expliquait beaucoup de choses, comme cette gêne immense dès qu’une nana flirtait avec lui…ou même le fait qu’il s’en rende jamais compte. Il avait pas de problèmes pour s’exprimer avec Kaz, ni avec Nell, sûrement parce qu’il la voyait pas comme une nana. Et il aurait raison, c’était une belette. Ah c’était bien quand même, il aurait pas à la déranger cette belette pour lui causer de nana dragonnes. Des coups en moins à subir. Il était vraiment agité en plus, son pote mécano. Kaz, il voyait bien que sa tête était à deux doigts d’exploser, tous n’avaient pas le sang froid d’un vieux peace. T’as déjà tout compris. La violence, ça doit attirer les mecs dragons, ça. Il se marrait encore, le con mais même s’il était ouvert d’esprit, il leur faisait pas confiance aux lézards.

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  je me fais avoir pour la dernière fois... ou pas

« J’peux te présenter des mecs, si tu préfères. » J'étais en train de me mordre la lèvre inférieure de colère, les mâchoires serrées à force d'entendre les conneries sortir de sa bouche et s'enchaîner. Kaz, c'était un bon pote, un véritable ami sauf quand il était question de caser  son entourage. Même si, depuis le temps, je me demandais si je n'étais pas le seul à me faire victimiser de la sorte. Je ne le voyais pas faire ça ni avec Nell, ni avec Nyx. En même temps, elles avaient tout de suite un autre tempérament que le mien.

J'avais voulu répondre, la bouche ouverte mais il avait réussi à me devancer encore une fois pour s'enfoncer dans ses idées complètement débiles et insensées. « T’as déjà tout compris. La violence, ça doit attirer les mecs dragons, ça. » Il avait réussi. J'avais tapé ma main contre ma tête, partagé entre l'envie de pleurer, de me casser et de lui casser quelque chose. Dans le pire des cas, Astrid n'était pas là pour le moment, j'avais donc plus de chance de tomber sur une personne qui comprendrait que je m'en suis pris à lui.

« C'est quoi cette fixette avec les Dragons ? Mec, t'es encore plus con et borné que d'habitude. Ca t'a pas réussi, ce voyage. » Avec lui, il n'y avait pas meilleure méthode que d'être cash, d'autant qu'il ne prenait pas personnellement ce qu'on lui balançait à la figure. Pas même quand ça le concernait. C'était affolant.

« Je veux pas mourir, ok ? Donc, tes Dragons et tes Dragonnes, tu te les gardes pour une autre de tes victimes, merci. » J'avais toujours les mâchoires particulièrement serrées et je me contrôlais autant que faire se peut pour ne pas lui en coller une directe. Les témoins ne me dérangeaient pas mais même s'il m'énervait, je le tapais quand j'étais certain de ne pas l'amocher de trop. A tous les coups, il la voyait, la fameuse veine qui grossissait sur mon front à chaque fois que j'étais dans cet état.