Rose & James

année 41, seconde saison tempérée, soirée 90

  prendre soin des autres fait partie de mon ADN

Je n'aurais pas pu aller la voir plus tôt parce que je n'étais tout simplement pas disponible émotionnellement. Ma tête était un bazar mais je sentais que j'étais capable, cette fois, de compartimenter les événements, ne prenant ainsi pas le risque de la blesser avec mes propres états d'âme. L'idée de cette démarche était de lui montrer que je pensais à elle et à ses proches mais sans prendre de place, sans ajouter mes propres soucis de conscience. Je n'étais même pas certaine que ça l'aiderait ou qu'elle avait réellement besoin de ce soutien mais c'était dans ma nature, je n'étais pas indifférente à la souffrance des autres et James avait reconnu ouvertement ma valeur, elle n'avait pas cherché à m'écraser, au contraire. Alors, même si je n'étais pas la personne qu'elle voulait voir le plus au monde, je ne pouvais pas garder cette distance indéfiniment et, même si je devais encore découvrir plein de facettes de sa personnalité, j'étais certaine que si je tombais mal ou si elle ne voulait pas parler avec moi, elle n'hésiterait pas à le dire tout simplement.

J'avais débarqué en fin de soirée au Labo, persuadée que ça passerait mieux si nous étions seules, gardant à l'esprit que je pouvais être priée de partir rapidement. Je n'avais pas croisé Théa mais ça ne changeait pas grand-chose, James n'était pas une Seconde qui attendait un signal pour travailler et elle chercherait certainement à bosser pour oublier la tristesse et le chagrin. J'étais même convaincue qu'elle n'était pas du genre à s'arrêter de travailler, pas du genre à parler de tout ça, encore moins à vouloir prendre un réel congé à cause d'affaires personnelles. Ce ne serait donc pas étonnant de la retrouver là en début de soirée. Je m'étais faufilée aussi silencieuse que possible jusqu'à la retrouver dans un coin du Labo, occupée comme je l'avais imaginé. « C'est moi, Rose. » J'avais les mains entremêlées, posées devant mon nombril alors que je marquais une pause. « Je suis venue prendre de tes nouvelles. Je sais bien que je ne suis qu'une Membre parmi les autres mais ça me tient à cœur. Si je dérange, je m'en vais. »