on est comme amis par extension
Année 41 - saison intermédiaire (fin d'après-midi 81)

L'idée te déplaît. Devoir demander, supplier peut-être même est tout simplement dérangeant. Mais des règles au sein du clan existent et tu ne veux pas les briser au nez et à la barbe d'Andrea. Elle est la seule personne qui semble t'écouter vraiment et tu ne veux pas perdre ça. Cet accès de docilité n'arrange pas ton problème et le fait que tu veuilles t'entraîner. Que tu en ais besoin. Pour t'occuper l'esprit ou pour éviter un nouveau problème tout simplement. Garder une trop grande charge d'énergie en toi ne t'aidera pas à te comporter plus sagement. Te tourner vers lui est venu assez naturellement. Après tout il traîne avec plus d'une personne de la clique à Cam. Cela vous relie d'une certaine façon. Au moins il sait qui tu es. Tu penses. Tu l'espères vraiment. La honte ne t'aiderait pas à ravaler ton orgueil. « Kaiden. » Tu lui emboîtes le pas avec tout le naturel que tu peux feindre. Ce n'est pas comme si tu poireautais là depuis la fin du ravitaillement en espérant qu'il ait la bonne idée de venir s'entraîner. Tes mains gelée fourrées dans tes poches te donnent cet air nonchalant qui renforce l'impression. « Je peux t'accompagner ? On pourrait s'en foutre quelques un. » Et tu fais tout ce que tu peux pour ne pas paraître trop plaintif, pour ne pas dégainer ton air de chiot maltraité. C'est un mec, un vrai. Avec lui il faut que tu comptes sur ta virilité et la franche camaraderie qui pourrait vous unir.

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« T'as pas ce qu'il faut chez ta mère pour t'entraîner ? » Tu ne peux pas dire que la rebuffade t'étonne. C'est facile à dire. Tu es l'une des personnes qui a le moins à se plaindre de ses conditions d'entraînement sur ce territoire et il le sait. Il ne sait par contre pas que tu n'as aucune envie d'être chez toi. Tu as besoin de prendre l'air. D'exister ailleurs. « Dans tous les cas, j'ai autre chose à foutre que de prendre des risques pour toi. » Tu en restes silencieux quelques secondes. Cherchant tes mots. Une idée pour enchaîner. Tu ne peux vraiment pas te permettre d'abandonner aussi vite. « Quels risques ? J'suis un Golden. Personne te dira rien. » Tu te retiens de justesse de dire que tu pourrais sans doute rentrer sans lui. Cela tuerait toutes tes chances et tu es déjà assez mal embarqué comme ça. « Je ferais ce que tu veux. Je t'aiderais à t'entraîner. On progresse mieux à deux non ? »

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« Les choses changent vite. Ça s'applique aussi à ton monde. Tu ferais mieux d'apprendre à t'adapter. » Un conseil judicieux mais que tu as du mal à encaisser. Tu le trouves un peu trop paternaliste pour le coup. Certes tu lui as demandé de l'aide mais pas ce genre d'aide. Tu es assez peu intéressé par ses sagesses. Une part de toi peine aussi à envisager ce changement. Tu n'es pas idiot. Tu sais bien que ta mère n'est pas éternelle. Que tu es en plus à un âge où tu es censé faire tes preuves. Ce qu'on ne te laisse pas vraiment faire, tu constates avec la mauvaise foi de l'ado que tu es. Tu grommelles quelque chose d'inintelligible dans ta barbe et c'est sans doute mieux comme ça. Il y a des choses qu'il vaut mieux garder pour toi. « Ce que je vois dans cette histoire, c'est que tu serais le seul à bénéficier d'un tel deal. » C'est un coup bas qui vient te cueillir directement à l'ego. Il vient de te dire qu'il te trouvait mauvais. Sans une once de délicatesse. Ce n'est naturellement pas tout à fait ça. Tu devrais sans doute te raisonner. Te dire qu'il est après tout plus vieux et un Spécialiste haut placé dans le classement. Il est plus fort que toi, ça tu peux l'accepter. Mais c'est plus dur d'avaler une telle rebuffade. « Qu'est-ce qui te fait dire ça ? T'en sais rien ! Je sais me battre. J'ai du potentiel. Tu m'as jamais vu m'entraîner. » Tu as déjà les poings serrés. Le visage un peu rougi par autre chose que le froid mordant. Un fond de colère qui veut dicter tes gestes et tes paroles. Tu t'étais pourtant promis de faire un effort. De ne plus te laisser déborder si aisément. C'est plus facile à dire qu'à faire. Tu ne peux pas non plus t'empêcher de le considérer comme coupable dans l'histoire. S'il n'avait pas été aussi brusque rien de tout ça ne serait arrivé.

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« De ce que j'entends, tu sais surtout jouer des poings contre des gens plus faibles que toi. » L'attaque fait mouche. Heurte un point sensible que tu détestes. Il y a toujours cette frustration en toi. Le fait qu'on ne te laisse jamais faire tes preuves. Ce que tu vois comme une injustice. Qu'il retourne l'histoire te fait serrer plus fort les poings. Tes ongles s'incrustant plus profondément dans la laine de tes gants. La peau de tes paumes aurait sans doute été percée sans ça. « Je te conseille de te détendre, gamin. Si je dois rendre les coups, ton ego et toi, vous n'allez pas apprécier. » Encore un qui te prends de haut. Et tu devrais comprendre pourquoi. Il a toutes les raisons de le faire. Il te toise du haut de son expérience. Un Spécialiste n'occupe jamais un numéro par accident. Il appartient à l'une des meilleures équipes. Cela pourrait même avoir des conséquences. Un Aspirant si bien loti soit-il n'est pas censé aller chercher des noises à un Spécialiste à part pour un duel. Ce n'est pas ça qui t'empêche de te jeter sur lui. Ton poing partant très clairement vers son visage pour aller lui écraser le nez. Une idée stupide que tu regretteras sans doute plus tard avec cette amertume si familière dans la bouche. Et dire que tu avais promis à Andrea de te tenir à carreau.