comme des sentinelles dans le froid

rover ∞ fenrir

Année 41, deuxième saison tempérée (jour 90 - fin de journée) ✻✻✻ « On attends sa maîtresse, le géant ? » Il était ni con, ni aveugle, le Rover, et il savait reconnaître les gars comme lui. A la différence que ce type là avait l'obéissance d'un cabot bien dressé à force qu'on lui balance le jus via son collier électrique. Il la connaissait, la réputation de Fenrir. Trop violent, renvoyé même de l'équipe des sauvages Fines Lames. Fallait le faire. Aujourd'hui, il avait tout d'un homme de main. Celui qui faisait le sale boulot pour que sa chère Ancienne n'aille pas salir ses mimines. Il connaissait ça, il occupait la même position, mais leurs raisons étaient différentes. Lui, l'opportuniste, et Fenrir le dévot. Il ne savait pas trop ce qu'il avait été trouvé chez Ashelya pour enfin s'apaiser mais ça avait été foutrement efficace. Un beau pouvoir qu'elle avait là et, si il avait été plus joueur, il aurait pu parier que ça avait un rapport avec son joli minois et tout ce qui se trouvait en-dessous. Rover, on le trouverait pourtant pas à prendre un risque aussi con que de foutre sa main au feu sous le prétexte d'une intuition. Fallait aussi reconnaître qu'en réalité il s'en battait les reins.

L'épaule calée à la porte d'entrée, il souffla un coup sur son breuvage pour le refroidir, avala quelques gorgées d'une mixture dégueulasse sans grimacer, et soupira. Toujours sans gêne, il avait emmerdé un soigneur à l'infirmerie pour se faire chauffer un peu d'eau et mettre à infuser le remède durement gagné. Ce machin le rapprochait un peu plus de la guérison et il roupillerait comme un loir dès son retour à la maison. Il comptait bien abandonner sa tasse dans le coin une fois la saleté vidée, raison pour laquelle il s'obstinait à causer au grand machin qui attendait devant le QG malgré le froid. Le bon conseil était rassemblé quelque part là-dedans, là où le commun des mortels n'était pas toléré. Pourquoi il s'obstinait à rester là, il n'en savait trop rien, Rover. Le loup pouvait bien faire ce qu'il voulait. Il voyait pourtant mal comment il aurait pu entendre quoi que ce soit si ça partait en couille à l'intérieur. Il voyait même pas bien ce qui aurait pu mal tourner ou pourquoi. Le quartier général était truffé de gardes et de fidèles aux vieux. On pouvait sans doute pas demandé au clebs de penser à ça. Puis, c'était peut-être la p'tite qui testait la volonté de son larbin et qui lui avait donné  l'ordre de pas bouger. « J't'ai vu te battre l'aut' jour. Moins marrant depuis qu'tu retiens tes coups. » Les lèvres plongées dans sa merde aux herbes, il zieuta la réaction de l'autre homme. Tant qu'à être là, autant jouer les critiques. « J'aimais mieux quand tu leur défonçais le crâne avec tes grandes paluches. »



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CODES LITTLE WOLF.

comme des sentinelles dans le froid
année 41 - saison tempérée 2 (fin de journée 90)

Ils traînent. Gâchent du temps pour rien. Ashelya va faire la gueule en sortant et ce sera à juste titre. T'es pas de meilleure humeur. Les emmerdes et les contre-temps s'amoncèlent. La tempête qui a tout gâché. Tu comprends pas tout. Loin d'avoir l'esprit assez affuté pour que tout soit clair lorsqu'on parle politique. Mais ce que tu sais c'est que le plan soigneusement monté s'est fait balayé. Que Ashe est mal en point même si elle évite de trop en montrer. Qu'elle ne se repose pas plus. Frustrée par l'échec. Tu sais qu'elle va retomber sur ses pattes. Qu'elle l'aura sa victoire. Mais elle le dit tout le temps : à quel prix ? Tu t'en fiches pas mal des pertes mais son point de vue est différent. Et parfois tu saisis la nuance. Personne ne veut régner sur le néant. Si tout le monde meurt ça ne sert à rien d'être reine. Raison pour laquelle elle veut que tu te retiennes. Que tu cesses de semer trop de morts et de blessés graves dans ton sillage. Tu obéis bien sûr. Docile. Parce qu'elle sait ce qu'elle fait. Qu'elle te bride pour te donner l'occasion d'utiliser ton énergie ailleurs. Elle t'a fait découvrir le plaisir d'un acte constructif. A toi qui toute ta vie n'avait connu que la destruction. « On attends sa maîtresse, le géant ? » Tu jettes un œil au nouveau venu. Un de ces Anciens qui ont repris les armes. L'un de ceux qui puent le sang. Tu grognes juste. Pas vexé. La vérité ne te blesse pas. Tu lui es inférieur et tu lui obéis. Le terme compte peu. Maîtresse ne vaut pas moins que Chef. Tu renifles le parfum dans l'air. Un fumet herbeux. L'une de ces tisanes qu'on sert aux blessés pour apaiser la douleur. T'en as un sourire narquois. Avant de réaliser. Peut-être qu'il faut en avoir une belle paire pour oser boire un remède de petite fille devant témoin. Aux portes même du QG. D'autant plus quand les médicaments sont si rares. « J't'ai vu te battre l'aut' jour. Moins marrant depuis qu'tu retiens tes coups. » Tu t'en souviens maintenant. Ta mémoire est loin d'être parfaite. Sans doute à cause de tous les coups pris. C'est un habitué des bas-fonds. « J'aimais mieux quand tu leur défonçais le crâne avec tes grandes paluches. » Décomplexé. Peut-être que vous êtes de la même espèce. Vous avez juste des maîtres différents et ça vous forge. Est-ce que c'est ton futur que tu regardes du coin de l'œil ? « Si ils reviennent pas j'aurais plus personne contre qui me battre. » La voix grondante par habitude. Le mensonge parfait sur ta langue parce que Ashelya en a fait une vérité dans ton esprit.

comme des sentinelles dans le froid

rover ∞ fenrir

Année 41, deuxième saison tempérée (jour 90 - fin de journée) ✻✻✻ Il les aimait bien comme ça, Rover. Pas inutilement causants et dociles. Il disait pas, les obstinés avec la rage au cœur étaient drôles aussi mais le cas était pas pareil là. On parlait pas d'un cas pour lequel il était grassement payé. Il causait juste au cabot comme ça, parce qu'il avait du temps à tuer. S'il devait se taper toute la conversation, un problème se poserait pas. Il avait toujours des commentaires à faire aux gars comme lui, plus encore parce qu'il était plus frileux à parier sur lui désormais. Il gagnait toujours, le Fenrir, mais le spectacle manquait. Les mises montaient plus lentement, ça valait plus forcément le coup de traîner autour de la cage. En bon profiteur, il se sentait en droit de s'en plaindre.

« Si ils reviennent pas j'aurais plus personne contre qui me battre. » Moins con que prévu, celui-là. Il présentait une raison toute raisonnable mais franchement elle ne lui allait pas bien au teint. « Quelle connerie tu me racontes là ? » Il ricana un peu, les lèvres au bord de sa tasse et une grimace suivant vite. Vraiment, quel goût dégueulasse. « Si y a bien un truc dont on manque pas c'est de couillons à éclater. Tu le trouves plus plein, le fight club, maintenant que tu leur offres plus un aller simple pour l'infirmerie ? »



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CODES LITTLE WOLF.