idiots will be idiots
Année 41 – saison intermédiaire (soirée 81)

« La rumeur était donc vraie. » Tu ne sursautes pas lorsque la voix résonne dans la maison qui aurait dû être vide. Tu avais compris rien qu'en approchant. La pièce à vivre avait semblé trop habitée. La luminosité forte grâce à un feu ravivé. Ce n'était pas non plus comme si tu avais un jour cherché à fermer ta porte. Cela n'en valait pas la peine. Tu n'avais rien de bien précieux et tu préférais encore qu'on te dérobe si quelqu'un était dans le besoin plutôt que de passer par les réparations ennuyantes d'une porte ou d'une fenêtre. L'identité du visiteur n'était pas non plus étonnante. Il avait toujours eu cette façon de s'inviter chez toi. Ezio était tel un chat. Il se croyait partout chez lui. Sur ce plan le sien était un citoyen bien plus décent. « Quelle rumeur ? » Tu lâches par réflexe. Tu n'es pas d'humeur pour ses petits jeux pourtant. Pour l'instant tu as froid. Faim aussi. « T'es complètement con, mon vieux. Comme tous les gentils. C'est pas ça qui va t'aider à rester en vie. » Tu te débarrasses de ton équipement pendant qu'il parle. Un brin d'énervement grimpant graduellement. Bien sûr il faut qu'il reparle de ça. Tu balances tes chaussures peut-être un peu trop fort contre le mur en réponse avant d'aller te caler contre la cheminée. Le regard sombre. « Tes envies de révolution, tu ferais mieux de les oublier. Ça peut que mal se finir. Levi te foutra une balle entre les deux yeux avant même que t'ai eu l'occasion de rallier une seule personne à ta cause. » Il te faut un instant pour comprendre de quoi il parle. Tu ne devrais pas être surpris. Vraiment. Mais cela ne t'empêche pas de lui couler un regard, les yeux écarquillés. « Parce que tu savais ? Et t'as rien dit ? » Sûrement n'était-ce pas assez amusant pour lui de te le dire simplement dès qu'il avait découvert. Mais tu comprends moins pourquoi tu n'as pas déjà des chaînes aux mains. Sûrement la hiérarchie lui aurait donné quelques bons points s'il était revenu avec une telle information. « Il faut bien mourir d'un truc. Au moins ce ne serait pas durant notre prochaine attaque. » Tu déclares, fataliste. Tu ne veux pas particulièrement mourir mais tu ne veux pas continuer à vivre dans cette situation. Sans même tenter de faire quoi que ce soit. Peut-être es-tu idiot. Peut-être as-tu trop d'espoir. Mais au moins tu cherches à te détacher du carcan néfaste que les Dragons actuels forcent sur toi.

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Année 41 – saison intermédiaire (soirée 81)

« Que tu n'envisages pas que je puisse être au courant est bien la preuve que tu n'es pas taillé pour ce genre de secrets. » Il a sans doute raison. Tu as toujours été trop franc. Un modèle de droiture qui tranchait parfois un peu trop parmi tes pairs. C'est pour ça que tu avais voulu changer les choses. D'autres Dragons s'étaient habitués bien trop facilement aux magouilles et au règne trop peu soucieux du peuple. Mais tu avais voulu y croire. Puisque personne ne semblait bouger, tu avais voulu essayer. Faire ta part des choses. Être le changement que tu désirais plus que tout. Et bêtement tu avais cru échapper à la surveillance d'Ezio. Il ne se cachait pas particulièrement pourtant. Dès qu'il savait un truc sur toi, il t'en parlait avec cet air moqueur qu'il arborait en permanence. Tu le pensais du moins. De toute évidence il te cache même des trucs lorsque cela te concerne. Tu n'as pas l'occasion de réfléchir à la suite logique. Que si il sait, les autres Espions sont peut-être déjà au courant aussi. Parce qu'il a déjà repris et tu le sens presque inquiet de ton sort. C'est nouveau. Tu sais qu'il t'apprécie mais tu t'es toujours dit que c'était à sa façon. Tu sais aussi depuis le début qu'il ne se mouillerait pas pour toi. « Te jeter dans la gueule du grand méchant Dragon ne vaut pas mieux que du suicide. Ce n'est pas plus valeureux que d'y passer dans un combat auquel tu ne crois pas. Il y a d'autres façons de donner de la valeur à ta vie, pauvre crétin. » Il n'a pas tort mais c'est frustrant. Tu lui lances un regard mauvais de sous tes mèches blondes. Presque boudeur. « J'en ai marre de situation, Ez. De cette vie qu'on nous force à mener. Quand est-ce que ça va enfin changer ? Si les Dragons tolèrent si peu l'échec alors pourquoi il est encore là ? J'en ai marre de cette injustice et qu'on continue à nous faire payer ses erreurs. Alors ouais je voulais faire quelque chose. Il vaut mieux prendre des risques que se satisfaire du peu qu'il nous donne. Ça fait trop longtemps que ça dure. Je ne veux plus me contenter de regarder les Dragons mourir. »