finn & flora
A41 ST2 J91 (journée)

not a family yet not strangers

Les commentaires des mégères croisées au point de collecte lui avait volé par-dessus la tête sur le moment, mais elle en rigolait bien désormais. Des rabrouements prononcés d'une voix sucrée par des Anciennes avec qui elle avait saigné, mais qui avaient emprunté la voie normale par la suite. Faussement, l'une d'elles s'était enquise de sa santé après la tempête avant d'appuyer pour la énième fois sur le fait qu'il fallait qu'elles fassent attention à leur âge et que elle personnellement se devait d'être plus attentive pour ne pas inquiéter sa fille. Un concept toujours étranger à ses yeux, quoi que beaucoup de gens puissent en dire. Elle n'avait jamais été la mère de personne et n'avait même jamais considéré qu'elle le serait un jour. Que sa colocataire ait vingt ans de moins et squatte chez elle depuis bien avant son Test ne cadrait simplement pas avec les habitudes. Elle voulait bien admettre que cela ressemblait à de l'adoption, mais l'intention aurait dû compter pour quelque chose. Ce qu'elle voyait surtout, c'était que ses pseudos camarades digéraient mal leur état de conservation plus avancé et se vengeaient en venant lui casser les pieds à la première occasion venue. Ce n'était tout de même pas sa faute si elle avait continué à vivre comme une Membre toute sa vie plutôt que de fonder une famille. Personne n'avait mérité qu'une telle catastrophe arrive, surtout pas elle.

- Tu devrais dire autour de toi que je te bat.

Elle avait glissé ça en entrant dans la maison, sans l'ombre d'un contexte, même si même une explication n'aurait pas rendu la déclaration moins étrange. La réflexion se voulait pourtant logique dans sa tête. Elle se déchargea d'une caisse de rations sur la table avec un grognement pour évacuer le pic soudain de douleur provoqué par le mouvement. Même si elle bougeait de façon à ne pas aggraver son cas, on ne pouvait pas fait grand chose pour tout ce qui allait avec. Les blessures n'était pas anodines, mais, à son âge justement, elle n'avait pas la patience de rester clouée au lit. Elle ne l'avait jamais fait, elle n'allait tout de même pas commencer aujourd'hui. Cela aurait été une façon comme une autre d'y passer. Sa veste abandonnée dans un coin, elle prit quand même le temps de soulever ses couches de pulls pour palper le pansement, haussant finalement les épaules en constatant qu'il était aussi propre et serré que lors de son départ.

Flora & Finn

année 41 ; seconde saison tempérée ; fin de journée 92

  not a family yet not strangers

J'étais tout juste rentrée du centre neutre et personne à l'horizon dans la maison. Finn devait être partie chercher la caisse de rations alors que je lui avais fait promettre de m'attendre, ne serait-ce que pour avoir de l'aide si jamais elle fatiguait entre le point de collecte et la maison mais elle n'en avait fait qu'à sa tête, une fois de plus. J'étais bien consciente de n'être qu'une espèce de colocataire, le mot enfant étant tabou et m'étant un peu incrustée dans sa vie par la force des choses, mais j'aurais aimé qu'elle se rende compte que je m'inquiétais réellement de son état de santé, qu'importe que je sois dans ses pattes ou pas, que je ne sois rien de plus qu'une personne vivant sous le même toit mais sans aucun réel lien. Je savais aussi qu'on ne pouvait pas changer les autres mais uniquement changer son attitude vis-à-vis de celle de l'autre mais ça ne m'empêchait pas de me dire qu'elle s'épuisait inutilement et je n'allais pas être la seule à lui reprocher son entêtement. Les sous-infirmières n'apprécieraient pas d'avoir à s'occuper d'une femme bornée si, à cause de ce trait de caractère, se blessait quand d'autres étaient entre la vie et la mort. Quand ils n'étaient pas achevés.

« Tu devrais dire autour de toi que je te bat. » Ca sortait de nulle part. Non seulement elle revenait avec les bras chargés quand elle aurait pu m'attendre mais en plus, elle me sortait quelque chose de passablement pourri. C'était peut-être drôle dans sa bouche, et je connaissais son humour à force, ça ne m'empêcha pas de lever les yeux au ciel. Quelques fois, je me demandais laquelle était la plus adulte des deux. Je n'avais rien contre elle mais mon dieu, elle agissait comme une enfant que la vie punissait. Les autres Anciennes qui trainaient dans les environs ne valaient pas mieux qu'elle, elles étaient même plus détestables, largement plus détestables, mais elle aurait pu décider de nier leur comportement ou simplement les envoyer balader sans se ménager. Il y avait tellement de solutions à sa disposition plutôt que de jouer bêtement leur jeu. Je l'aimais bien, Finn, mais elle avait l'art de perdre de sa superbe, d'ancienne fine lame et c'était à n'y rien comprendre.

« C'est pas elle que tu dois le plus craindre. Elles sont connes mais tu peux les éviter quand t'es à la maison. » Je pris une pause, me redressant pour me préparer à l'aider à ranger ce qu'elle avait rapporté par je ne sais quel miracle. « T'as de la chance que je sois pas une fine lame comme tu l'as été parce que j'ai pas peur de toi sous réserve que t'es l'adulte. Quand est-ce que tu comprendras que je peux aider à ramener le matos. » J'avais même froncé les sourcils, preuve ultime qu'elle m'avait énervée et pas qu'un peu. Ca ne signifiait pas que je ne l'aimais pas, d'une façon qu'elle avait finie par accepter avec le temps, mais quand elle réagissait comme ça, je n'avais qu'une envie, lui foutre des baffes. Mais on ne frappe pas les handicapés.

finn & flora
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La gamine allait être chiante. Malgré tous ses efforts pour ne pas s'attacher et rester indifférente à sa présence, elle avait ramassé des informations et elle avait appris à décoder son attitude. Ce n'était ni réellement bien, ni particulièrement mauvais, c'était simplement comme ça. La conversation n'était pas non plus nouvelle, il y avait des sujets qui revenaient, toujours plus ou moins de la même façon puisqu'elle ne faisait pas l'effort de changer son point de vue. Flora faisait la difficile parce qu'elle voulait la soulager d'une corvée, ce qui ne la dérangeait pas en temps normal, mais elle n'aimait pas l'idée d'être traitée comme une vieille femme incapable de se débrouiller toute seule. Elle était blessée, certes, mais pas infirme non plus.

- C'est pas comme si on croulait sous les rations.

La charge n'avait pas été si lourde que ça à porter, heureusement. Elle n'avait pas passé un moment plaisant en ramenant la caisse, mais cela n'avait rien de l'épreuve qu'on aurait pu s'imaginer. Ce n'était quand même pas sa faute si les jeunes étaient devenus mous et trop sensibles, leurs profils n'auraient pas dû être comparés.

- Tu t'occuperas du prochain ravitaillement, pas besoin de faire cette tête.

Une déclaration blasée ponctuée qu'un poke ferme du doigt entre les sourcils froncés de la jeune femme.

Flora & Finn

année 41 ; seconde saison tempérée ; fin de journée 92

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« C'est pas comme si on croulait sous les rations. » J'avais roulé des yeux. Je n'en pouvais plus d'avoir affaire à une enfant dans le corps d'une adulte, elle était réellement épuisante. Je comprenais bien le besoin de se sentir encore utile ou en tout cas de pouvoir tout faire soi-même après des années de service. Je comprenais aussi qu'elle ait ressenti le besoin de s'entretenir pendant toutes ces années, de ne pas perdre de bonnes habitudes parce que c'était tentant et parce que c'était un choix de vie tout à fait respectable. Là où ça coinçait, c'était qu'elle se bornait même quand ça n'allait pas physiquement, comme c'était le cas depuis la tempête. Je ne la connaissais pas l'adolescente qu'elle avait été, je ne savais pas comment elle se comportait mais elle aurait pu se mettre à ma place. Plus elle s'efforçait à continuer comme si elle ne souffrait pas, moins vite elle pourrait reprendre une vie normale, ce qu'elle désirait plus que tout.

« Tu t'occuperas du prochain ravitaillement, pas besoin de faire cette tête. » Je m'étais retenue, lui offrant une grimace digne d'une enfant qui vous imitait quand vous vous l'agaciez. Je ne comptais pas me retenir après ce geste, sans être vexée. En tout cas, ce n'était pas ça qui me dérangeait le plus. C'était tout le reste. Son attitude générale. Alors, après ces grimaces, j'avais abandonné l'affaire pour aller fouiller dans les rations qu'elle avait ramenées pour les ranger.

« Tu sais, si tu veux que je te lâche, faut commencer par faire attention à ton état. Si tu continues à t'épuiser, tu m'auras sur le dos. C'est pas compliqué. » Je ne me sentais pas exactement de trop mais à certains moments, c'était presque ça. Je ne lui demandais pas de faire des efforts surhumains, ni de prétendre qu'elle était attachée à moi, même si l'inverse était vrai. C'était juste pas toujours facile d'être vue comme le problème de la maison alors qu'elle m'avait laissé prendre progressivement cette place un peu spéciale.