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C'est difficile à admettre. Un sale coup qui vient cogner ta fierté. Tu as eu les yeux plus gros que le ventre cette fois-ci. Tes recherches avaient pourtant été minutieuses mais l'erreur s'était glissée là et tu en payais les conséquences. Ou tu allais les payer. C'était du pareil au même. Tu y penses alors que tu fonces en moto dans les rues de National City. A deux heures du matin le trafic est heureusement éparse. La voix rassurante d'Ofélia a disparu de ton oreillette depuis ce qui te semble être des heures mais tu tâches de te rassurer. Elle sait se défendre. En plus le danger te suit à la trace et tu vas à l'opposé de l'endroit où elle se trouvait lors de votre dernier contact. Un alien. Il a fallu que ce soit un foutu alien. L'une de ces créatures polymorphes qui apparemment maîtrisait parfaitement l'art de se fondre parmi les humains. Tu n'es pas équipée pour ça. Le plan de cette nuit était d'interrompre un trafic. Une histoire banale mais dangereuse. Trop vite oubliée face aux menaces venues d'ailleurs. Ton rayon d'activité. Tu n'es qu'humaine et tu en es consciente. Tu joues avec des adversaires à ta taille en temps normal. Mais tu t'es fait avoir et tu ne sais pas comment tu vas te sortir de là. Tu fonces en attendant de trouver un plan. Poursuivie par une créature de trois mètres de haut qui galope beaucoup trop vite à ton goût. Tes balles n'ont même pas percées sa peau. Et tu as mis le paquet. Tu jettes un coup d'œil par dessus ton épaule et c'est l'erreur. Un chat traverse la route et tu l'esquives par réflexe. De justesse. Avant de perdre le contrôle lorsque tu déportes trop ton poids d'un côté. La moto glisse sur le flanc sur plusieurs mètres avant d'être arrêtée par un lampadaire et toi avec. Le bitume humide n'a rien arrangé. Heureusement ton armure prends le plus gros du choc et tu ne sens que la chaleur du frottement au travers du métal. Cela ne t'empêche pas d'être secouée. Et il y a toujours un putain d'alien à tes trousses. Tu te dégages de la moto. Tentes de la redresser mais la roue est tordue. Elle ne t'emmènera nulle part. Plus qu'à faire face. Tu dois te rendre à l'évidence. Autant affronter l'ennemi plutôt que mourir en fuyant. Tu déploies le bouclier, dégaine ton pistolet. Tu parles d'une mort héroïque. La dernière chose que tu t'attends à voir est bien un rayon laser percutant l'alien. Supergirl. Malgré le soulagement il y a autre chose. C'est la première fois que vos routes se croisent depuis le début de cette croisade contre le crime. La première fois que tu vas pouvoir tester les défenses de l'armure. Le filtre qui protège ton casque. Qui doit normalement bloquer les rayons X. Beaucoup de théories et de recherches mais vous en savez si peu sur l'héroïne et ses pouvoirs. Pour l'instant il y a pourtant plus urgent. Il faut que tu survives pour que cela compte.

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Il était parfois encore compliqué de jongler entre les deux identités que je gardais pour moi mais il était encore plus compliqué de se mesurer quand j'étais Supergirl, là, au beau milieu de National City parce que les bâtiments de la ville ne facilitait pas la tâche. Ils n'étaient pas particulièrement résistants, beaucoup trop grands et encombrants et quand j'étais dans le feu de l'action, j'en oubliais presque toute cette réalité. Ce n'était pas faute de vivre parmi les humains depuis de nombreuses années. Cette fois encore, j'allais devoir être attentive à ce qui m'entourait si je voulais réussir ma mission sans causer trop de dégâts collatéraux qui allaient coûter pompon à la ville. Même quand il s'agissait de sauver des vies humaines, certaines personnes se montraient exigeantes et ne se rendaient pas compte que leur super héroïne tâchait de faire de son mieux dans un bordel qui les dépassait.

Un alien de trois mètres de haut s'était trouvé une cible de choix. Ce n'était qu'une fois sur place que j'avais remarqué qu'il s'agissait de Rey. Une humaine qui travaillait avec mon autre moi, l'humaine absolument passe-partout. Je lançai des rayons laser de mes yeux en direction de la créature parfaitement immonde mais plutôt coriace ou, en tout cas, déterminée à résister autant que possible. Je ne pus m'empêcher de pencher ma tête sur le côté pour lui offrir un sourire, à cette charmante jeune femme, avant de me concentrer à nouveau sur la chose qui, d'un pas lourd, se rapprochait de moi. Le problème c'était que l'alien avait beau avoir un pas lourd, il avait des jambes beaucoup plus longues. Je devais l'achever le plus rapidement possible. Deux autres rayons sortirent de mes yeux et il finit par s'écrouler et le bitume en-dessous de lui s'affaissa. Premier dégât collatéral.

Puisqu'il semblait mort, je m'étais ruée vers Rey. Toute mon attention était sur elle désormais. Je m'étais arrêtée à quelques centimètres d'elle pour ne pas manger son espace vital et la laisser respirer après ce qui semblait être une course folle. « Tu vas bien ? » Il me fallut une seconde, peut-être deux pour réaliser que Supergirl et elle ne se connaissaient pas personnellement. Pas même un peu. Elles se croisaient pour la première fois. « Pardon, vous allez bien ? Vous n'avez rien de cassé ? Je suis désolée, je suis arrivée dès que j'ai appris pour tout ce bordel. » Trop récemment. Parce que voler était un véritable atout. De mon côté, j'étais à peine fatiguée. Rien d'humain même si je tentais de me fondre dans la masse depuis longtemps.

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C'est étrange. Différent de ce à quoi tu t'attendais. Supergirl. En chair et en os. Juste devant toi. Tu ne peux que rester spectatrice d'un combat qui ne sera jamais à ta mesure. Deux titans qui s'affrontent selon ton échelle. L'un d'eux bien plus en contrôle que l'autre. Cela devrait être plus effrayant que ça. Assister à une telle démonstration de puissance. Et c'est vrai que tu n'y es pas insensible. Tu as pris du recul. Peu désireuse d'être un dégât collatéral alors qu'il semble évident que tu verras un nouveau levé de soleil. Mais tes yeux ne se détachent pas de la silhouette toute nuancée de rouge et de bleu. Tu ne peux pas t'en empêcher et ça n'a rien avoir avec une quelconque crainte de voir le combat mal tourner. Tu comprends maintenant qu'elle n'ait pas eu de mal à charmer la population. Il se dégage de Supergirl quelque chose de magnétique. Une chaleur plus flagrante encore que les signes d'un pouvoir inimaginable. C'est encore différent lorsqu'elle touche terre. Soudain terriblement humaine dans sa sollicitude. « Tu vas bien ? » Une question normale après tout ça. « Pardon, vous allez bien ? Vous n'avez rien de cassé ? Je suis désolée, je suis arrivée dès que j'ai appris pour tout ce bordel. » C'est à peine si tu remarques la familiarité. Les mots restent logés dans ta gorge. La bouche bêtement entrouverte pendant que tu te fais encore à sa présence. Toute proche. Ta tête a dû être plus amochée que prévu durant le dérapage. Tes idées ne sont pas au clair. S'obstinent à buguer sur le fait que l'objectif ne lui fait vraiment pas honneur. Et dire qu'elle sort d'un combat. C'est pas le moment d'avoir une révélation. Tu te racles la gorge. Vérifies d'une main que tu portes toujours ton casque. « Ca va. Juste un peu secouée. » En théorie. La retombée de l'adrénaline ne sera pas plaisante. « Contente que vous soyez arrivée à temps. Je n'étais pas préparée pour...ça. » Tu ajoutes bêtement en désignant le corps de l'alien. Même au sol il prend trop de place. Un bip résonne dans ton oreille. « Un instant. » Tu presses un bouton au niveau du col de ta combinaison et la voix familière d'Ofélia te répond enfin. « Tout va bien ? Vous l'avez eu ? » Un soupir de soulagement t'échappe lorsqu'elle t'assure que tout le monde est entier. Tu aurais eu du mal à te pardonner si il y avait eu de la casse chez le reste de l'équipe à cause d'une cible mal choisie. « Je bouge pas. Merci. » Cela a le mérite de t'avoir remis les idées en place. Tu n'avais pas prévu de te faire approcher par quelqu'un lié de près ou de loin aux forces de l'ordre. Vos interventions ne sont pas vraiment légales. « Je ne veux pas paraître ingrate. » La formulation est trompeuse. Tu vas sans doute l'être. « Vous allez me laisser partir avant ou après que les flics débarquent ? »

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Elle me regardait depuis plusieurs minutes quand je finis par me poser des questions : est-ce que j'étais décoiffée ? est-ce que j'étais franchement blessée et je ne le sentais pas ? J'oubliais les effets que Supergirl pouvait engendrer rien que par sa présence. Je n'avais rien d'une humaine et ils avaient tendance à trouver spectaculaire ce qui, pour moi, était plutôt de l'ordre de la routine. Ce n'était pas exactement comme si j'étais la seule à pouvoir accomplir de telles prouesses.

« Ca va. Juste un peu secouée. » On aurait pu croire qu'elle était tombée sur la tête puisqu'elle avait mis du temps à répondre mais ce n'était pas la première à me donner l'impression d'être complètement paralysée après une telle mésaventure. « Contente que vous soyez arrivée à temps. Je n'étais pas préparée pour...ça. » J'avais penché la tête vers mon épaule gauche, tout sourire avant de hausser les épaules, ma tête revenue dans son axe normal.

« Personne à National City n'est préparé correctement pour affronter ce genre de créatures. » Les humains n'avaient pas les épaules pour supporter les aliens, ni de réelles capacités. C'était pour ça que j'avais décidé d'y mettre du mien quand je m'étais sentie suffisamment prête psychologiquement pour avoir tant d'humains un peu trop fanatiques. On aurait pu croire que l'attention ne me dérangeait pas mais, dans le fond, même moi, j'avais des limites. J'avais parfois l'impression aussi d'être un imposteur. Dans ma nature, ce genre de combat n'était qu'une petite affaire.

« Un instant. » J'avais compris le message et l'observai s'affairer en silence. « Tout va bien ? Vous l'avez eu ? » Elle devait parler à quelqu'un d'important pour elle parce qu'on sentait bien l'inquiétude dans sa voix. J'étais curieuse mais pas au moins de m'immiscer dans ses affaires personnelles. « Je bouge pas. Merci. » La discussion semblait finie.

« Je ne veux pas paraître ingrate. » J'étais surprise qu'elle reprenne la conversation de cette façon mais je sentais surtout le problème se pointer. « Vous allez me laisser partir avant ou après que les flics débarquent ? » Je comprenais mieux qu'elle soit dans cet état. La question était légitime et j'aurais dû suivre un protocole précis dans cette situation parce que j'avais le droit d'agir comme je le faisais mais qu'on ne m'avait jamais parlé d'elle dans ce contexte. C'était intéressant de lui découvrir de nouvelles facettes. Elle me laissait une autre impression qu'au travail, encore plus intense.

« Je devrais vous garder ici jusqu'à ce qu'ils arrivent. C'est la règle. » J'aimais bien l'idée de me montrer plus sérieuse que je ne l'étais, c'était drôle. C'était vraiment tentant de voir son visage changer suite à cette annonce, de voir comment elle comptait m'en empêcher. Je m'approchai d'elle, le sourire un peu trop enjoué abandonné le temps de la scène et la prit finalement dans mes bras. Je m'attendais à recevoir des coups mais la surprise valait bien ça. « Votre moto est en mauvais état. Vous ne pourrez pas partir d'ici. Alors, je vous dépose où ? » Je souriais à nouveau à pleines dents.

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« Personne à National City n'est préparé correctement pour affronter ce genre de créatures. » Sauf elle. Il ne fait aucun doute qu'elle est bien formée dans le domaine avec un évident coup de pouce de la génétique alien. Tu n'es pas de ceux que cela dérange. Tu es de l'avis que si quelqu'un est capable d'agir, et cela prend en compte son envie, toute aide est bonne à prendre. Tu peux aussi comprendre la crainte mais certains détracteurs sont ridicules. Qu'elle agisse ou non Supergirl aurait existé. Ou plutôt cette personne derrière la cape. Les actions héroïques ne changent rien à la présence d'un être si puissant sur Terre. Mais il est vrai que c'est plus difficile de ne pas y penser lorsqu'un rappel est susceptible de passer derrière la fenêtre en volant à tout moment. Pour autant tu peux comprendre qu'il ne soit pas plaisant d'être dépendant d'elle de la sorte. Si tu n'as rien pu faire contre le premier alien il est encore plus évident que tu n'as rien de ton côté face à elle. Malgré le grand sourire tu ne doutes pas qu'elle peut te maîtriser en moins d'une seconde si tu manifestes un peu trop d'hostilité. Te plier à sa décision reste le plus sage. Parce qu'il ne faudrait pas aggraver ton cas. « Je devrais vous garder ici jusqu'à ce qu'ils arrivent. C'est la règle. » Le choix de mots ne t'échappe pas. Pas je dois. Tu ne sais pas à quoi tu dois cette chance mais tu ne vas pas cracher dessus. Ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué néanmoins. Sembler trop satisfaite pourrait envoyer le mauvais message. De toute façon elle s'approche et tu ne sais pas trop quoi penser de ça. Tu te tends devant une telle invasion de ton espace. Ton souffle se bloquant dans ta poitrine lorsque le contact arrive. « Votre moto est en mauvais état. Vous ne pourrez pas partir d'ici. Alors, je vous dépose où ? » Tu aurais bien des choses à dire sur ses choix. Tu as un commentaire au bord des lèvres et la ferme envie de prendre du recul mais tu gardes le contrôle. Ca doit être la routine pour elle. La façon la plus rapide d'agir. Et à cause de ce stupide alien tu as tout d'une demoiselle en détresse désormais. Qu'importe que tu ais tes propres options. Qu'un fourgon soit en route pour te récupérer. C'est ta meilleure chance pour éviter la police. Pour éviter aux autres de se faire prendre si le timing n'est pas bon. « Au musée. » Tu acceptes de mauvais gré. Une main s'accrochant à son épaule dans une sécurité stupide. Cela ne doit pas être si différent d'un saut en parachute, tu te rassures. Sauf que tu as encore moins de contrôle dans ce cas-ci.

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On m'avait rappelé plus d'une fois d'y aller un peu plus mollo avec les humains quand il s'agissait de profiter de mes pouvoirs, comme c'était le cas avec Rey à cet instant parce qu'ils n'étaient pas toujours très à l'aise avec de tels pouvoirs, en plus de ne pas tous être particulièrement tactiles. Alors quand elle s'était tendue, j'aurais dû comprendre le message et la laisser tranquille, c'était moins impressionnant sûrement. Peut-être même moins dérangeant. Le pire dans tout ça, c'était qu'elle n'était pas en mesure de m'envoyer balader si elle le souhaitait parce qu'elle n'avait pas la force nécessaire pour me balancer un coup de poing sans le regretter et elle avait l'air suffisamment réfléchi pour ne pas s'y frotter.

« Au musée. » Alors quand elle prononça ces mots, je n'étais pas encore certaine que je n'avais pas complètement merdé mais au moins, elle ne ripostait pas réellement. Elle aurait pu tenter de discuter mon choix, je n'allais pas la manger. Sauf qu'elle ne le savait probablement pas. Elle ne savait pas que Supergirl était Nana, la jeune femme qui travaillait avec elle au musée. Ca ne m'empêcha pas d'être soulagée, même un petit peu. Sauf que je ne soulageais que ma conscience, que ça ne signifiait pas qu'elle n'avait pas toujours peur au fond d'elle. Je n'étais peut-être qu'un monstre de plus aux ordres des autorités à ses yeux.

J'avais soupiré avant de sourire à nouveau. Ca ne servirait à rien de se lamenter tant qu'elle était dans les environs. La première étape consistait à la mettre en sécurité, de l'éloigner de ceux qui étaient beaucoup trop procéduraux. « Accrochez-vous, ça risque d'être un peu mouvementé. » Sans plus attendre, j'avais renforcé mon soutien autour d'elle pour qu'elle ait à subir le moins possible le trajet jusqu'au musée. Un voyage extrêmement court mais intense. Je la déposai au sol, la maintenant d'un bras, par pure mesure de précaution. « Vous ne comptez quand même pas travailler maintenant ? Je sais que vous êtes sérieuse mais l'acharnement n'est jamais bon. »

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« Accrochez-vous, ça risque d'être un peu mouvementé. » Tu en connais beaucoup qui seraient heureux de cette occasion. Qui cocheraient peut-être un élément de leur bucket list. Tu n'avais jamais envisagé ça. A vrai dire tu n'avais jamais fantasmé l'idée de rencontrer Supergirl. Encore moins d'être secourue de la sorte. Tu n'es pas enthousiaste non plus. Juste un peu nerveuse à cause de cette proximité forcée et cette perte totale de contrôle. Tu t'accroches comme tu peux. Une main toujours sur son épaule, l'autre passant dans son dos. Lorsqu'elle décolle tu as cette sensation curieuse. Celle d'avoir laissé ton estomac sur la terre ferme. Tu te serres contre elle par réflexe. Votre position ne te permet pas de voir grand chose. Quelques lumières appartenant aux buildings environnants. Jamais vraiment le reste. Ce n'est pas si déplaisant que ça mais tu n'aimes pas être aussi démunie. Peut-être que l'expérience aurait pu être appréciée dans d'autres circonstances. Y penser n'a pas trop de sens. Tu es bien contente de retrouver le trottoir même si cela se fait avec une légère impression de vertige. Ce n'est sans doute pas une mauvaise chose qu'elle ne se soit pas éloignée trop vite. Mais dès que tu peux tu recules. Tu as des remerciements au bord des lèvres. Tu n'es pas ingrate. Elle t'a secourue, t'a rendu un sacré service en ne te vendant pas aux flics. Sauf que... « Vous ne comptez quand même pas travailler maintenant ? Je sais que vous êtes sérieuse mais l'acharnement n'est jamais bon. » Tu n'arrives pas à croire que ce soit un hasard. Vous êtes juste devant ton boulot et elle te parle de ça. En plus tu es déjà méfiante. Une chose est sûre désormais le casque ne fonctionne pas. Elle s'exprime comme si elle te connaissait. Cela te crispe. Le fait qu'elle connaisse ton identité venant serrer un nœud dans ton ventre. Tu n'as rien fait pour mériter l'intérêt de Supergirl. « Et comment vous savez ça ? » Tu craches froidement. Vu les conditions tu ne peux pas t'empêcher de la confronter. Tu ne peux pas simplement partir. Mettre cette histoire de côté. Cela va te ronger. Laisser planer un doute permanent. Si elle avait une quelconque utilité tu aurais sans doute dégainer la matraque télescopique accrochée à ta cuisse. Le poids serait familier et peut-être un peu rassurant dans ta main mais l'arme se briserait en moins de deux à son contact.

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« Et comment vous savez ça ? » J'entendais déjà la voix de Nicky dans un coin de ma tête, me répétant que c'était dangereux la spontanéité, surtout face aux humains qui avaient suffisamment de raisons de me trouver bizarre. S'ils me toléraient pour le moment, c'était parce que je leur étais utile mais nourrir les anti-Supergirl n'était jamais une bonne chose. Là, je venais de griller ma couverture, en partie. Quand Nicky était dans les parages, elle rattrapait mes gaffes d'une main de maître et prétendait me gronder, même si elle craquait très rapidement, quoi qu'elle en dise. On aurait pu espérer que les mensonges soient une seconde nature pour quelqu'un qui devait garder intacte une double identité mais ce n'était pas aussi évident.

Dans un premier temps, j'avais levé les mains vers le ciel, comme les terriens avaient l'habitude de le faire pour engager des pourparlers. « J'ai dû régler une histoire près du musée il y a plusieurs semaines et j'ai eu le temps de discuter avec l'une de vos collègues qui me disait être moins perfectionniste que vous. » C'était tout ce qui m'était venu. Je n'avais plus qu'à espérer que ça lui suffise. Je ne pouvais pas lui annoncer que la collègue en question c'était moi. Elle était sous le choc sans cette révélation, je ne voulais pas lui foutre un coup de massue sur la tête.

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Qu'elle tente de calmer les choses n'est qu'une maigre consolation. « J'ai dû régler une histoire près du musée il y a plusieurs semaines et j'ai eu le temps de discuter avec l'une de vos collègues qui me disait être moins perfectionniste que vous. » Comme c'est pratique. Ce n'est pas forcément faux. Mais on ne peut pas dire que cela suffise. Il n'y a que plus de questions qui s'éveillent. Être citée par une collègue ne justifie pas vraiment qu'elle connaisse ton visage. Les passages de Supergirl se font rarement sans bruit. Si tu avais été à proximité tu n'aurais pas loupé ça. Tu le crois fermement. Il ne s'agit pas que d'un prénom lancé au détour d'une conversation bon sang. « Vous mentez mal. » Devant l'inutilité du casque tu le retires. Le tiens fermement d'une main par la visière. L'air nocturne est plus facile à respirer. Dans le fond ce n'est qu'une accumulation. Un détail qui s'empile au-dessus d'un autre et d'un autre et d'un autre. Tu serais aussi moins prompte à te méfier si tu n'étais pas si démunie.

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« Vous mentez mal. » Elle ne pouvait pas lutter physiquement contre moi en tant qu'humaine mais elle était particulièrement douée dans son domaine. Inflexible. Intransigeante. Drôlement douée quand il s'agissait de déceler un mensonge. Je comprenais mieux qu'elle ait été envoyée en mission suicide parce qu'elle avait les qualités pour capturer un autre humain. On ne pouvait pas la duper facilement. Ce coup verbal m'avait déstabilisée et, plus que jamais, je me retrouvais coincée à mon tour. Nicky me le répétait sans cesse que je devais améliorer cet aspect-là à tout prix, pour le bien de Supergirl et de Nana. Pour ma survie. Je me rendis compte à quel point elle avait raison.

« Mes proches me diraient que c'est risqué mais je n'ai pas beaucoup d'options. » Je ne savais pas précisément pourquoi j'exprimais ça à voix haute, elle allait me trouver encore plus ridicule, peut-être même louche. Rien qui ne m'aiderait. Je haussai alors les épaules. « Vous me connaissez. Enfin, pas Supergirl mais l'autre moi. On se connaît plutôt bien. J'ai tendance à traîner dans vos pattes au musée. » Une humaine dans la confidence, c'était tacitement interdit. Ils ne pouvaient pas comprendre. Ils n'hésitaient pas à se trahir mutuellement. J'avais peur qu'elle m'en veuille pour les mensonges, qu'elle me rejette mais je n'arrivais tout simplement pas à lui mentir.

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Tu ne sais pas à quoi tu t'attends. Ou comment sera reçue une telle réponse. A tes yeux elle n'a pas de raison de rester. De se perdre dans des excuses bidons. Il aurait été plus prudent pour toi de lâcher cette conversation aussi. Tracer ta route en espérant qu'elle n'insiste pas. Tenter d'oublier. Stupidement tu n'as pas réellement peur. Tu es mal à l'aise c'est certain mais pas effrayée. Mauvaise idée sans l'ombre d'un doute. « Mes proches me diraient que c'est risqué mais je n'ai pas beaucoup d'options. » Tu soulèves un sourcil à ça. De quoi est-ce qu'elle parle ? Tu comprends mal aussi qu'elle puisse imaginer ne pas avoir d'options. Mais tu ne vas lui en souffler. « Vous me connaissez. Enfin, pas Supergirl mais l'autre moi. On se connaît plutôt bien. J'ai tendance à traîner dans vos pattes au musée. » Ok. C'est ça sa seule option ? Parmi une multitude de possibilités elle décide de révéler l'un des secrets les mieux gardés de cette ville. En théorie. Beaucoup de choses te passent en tête en l'espace d'une seconde. Tu connais Supergirl. L'autre elle. Peu importe. C'est ridicule. Absolument ridicule. Personne n'a le profil. Franchement tu l'aurais vu si il y avait dans ton entourage quelqu'un qui ressemblait à l'héroïne de la ville. Grande, blonde, chal- « Nana ? » Le doute vient à force de la scruter. Tu te sens idiote de le dire mais tout aussi idiote désormais de ne pas avoir remarqué les similitudes. Pour ta défense Nana ne colle pas vraiment à celle que tu vois habituellement en pleine action au journal. Malgré la combinaison elle n'est plus si... Super faute de savoir comment le dire autrement. Elle a perdu de sa superbe et semble plus humaine. Tu ne sais pas quoi faire avec cette information. « Faut que je me pose. » Le casque est abandonné sur les marches et tu t'installes juste à côté. Tu expulses un peu fort tout l'air que tu as dans les poumons avant de reprendre une lente inspiration. Tu n'as pas imaginé que ta nuit évoluerait de la sorte. Peut-être que tu as vraiment pris un coup sur la tête sans t'en rendre compte. Lorsque tu redresses un peu la tête Supergirl - Nana - est toujours là. Logique. Au moins cela explique certaines choses. Elle devrait retravailler sur ses manières mais son comportement est plus compréhensible. Elle te connait, est déjà entrée dans ton espace. Vous êtes amies. Ce n'est plus si creepy. « Conseil d'amie : le petit numéro de tout à l'heure ? Evite ou Supergirl va finir par se prendre une plainte pour harcèlement. »

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« Nana ? » J'aurais probablement dû être embêtée qu'elle ait compris assez rapidement mon sous-entendu mais je n'avais plus rien à cacher. J'aurais peut-être même pu être vexée par la façon dont elle avait amené ça, en hésitant, pas franchement convaincue par cette double identité. A croire que je ne pouvais pas être compétente et maladroite, que c'était étonnant que ce soit parfois encore compliqué pour moi de fonctionner parmi les terriens de manière tout à fait naturelle. Souvent, je me sentais à l'étroit, obligée de taire ce qui me venait spontanément pour leur bien. Je pouvais en parler avec Nicky ou Noâ mais la plupart du temps, je devais contrôler ce qui aurait dû pouvoir s'exprimer sans problème si je n'étais pas là, sur Terre.

« Faut que je me pose. » C'était la décision la plus sage dans de pareilles circonstances. Je ne voulais pas jouer avec sa santé et une telle nouvelle n'avait rien d'anodin. Je la regardai sans trop savoir quoi faire. En temps normal, j'aurais mangé son espace vital mais ça crevait les yeux qu'elle avait besoin d'espace pour respirer et reprendre ses esprits. C'était simplement compliqué pour moi de rester là, plantée devant elle, à quelques pas. Alors, je chipotais à mon costume, à mes cheveux, je faisais craquer mes doigts nerveusement, un peu perdue.

« Conseil d'amie : le petit numéro de tout à l'heure ? Evite ou Supergirl va finir par se prendre une plainte pour harcèlement. » Je m'étais gratté la nuque, embêtée de l'entendre dire ça mais prenant en compte le fait que je devais améliorer cette approche. Je prenais ce conseil pour ce qu'il était, selon ses propres mots, un conseil d'amie. Je ne pouvais pas complètement lui en vouloir pour ça, elle émettait juste une opinion et cherchait à me prévenir pour la suite. En même temps, je ne me voyais pas recommencer ça avec tout le monde. Je m'inquiétais très vite pour tout le monde mais pas avec cette intensité.

« Pardon. Je ne voulais pas te créer de souci. » Désolée, je l'étais vraiment. Je tentais de prouver ma bonne foi au quotidien, de m'améliorer pour ne pas déranger les terriens mais j'allais encore devoir faire mes preuves. « Je crois que je devrais te laisser, je risquerais de faire une nouvelle bourde. » J'avais souri, un sourire terni par l'embarras et la honte. J'étais prête à m'éclipser, ça ne me prendrait que quelques secondes.

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« Pardon. Je ne voulais pas te créer de souci. » Tu lèves les yeux, étudies un instant sa gestuelle, ce qui glisse sur son visage. Tu as l'impression d'avoir repoussé le chien de ce voisin avec qui tu partages parfois un ascenseur. Massif, un peu pataud mais qui n'agit qu'avec affection. La comparaison serait sans doute moins flatteuse si tu n'appréciais pas cette boule de poils. Et puis ce n'est qu'une image. Juste tes idées qui s'arrangent. Il y a ce petit fond de culpabilité qui vient te titiller le ventre. Parce que c'est Nana. Que tu es habituée à la voir presque tous les jours. Cela reste bizarre. Choquant de voir son visage au-dessus du costume de Supergirl. Mais c'est elle. Il a dû lui falloir du courage pour te parler. Tu ne peux pas nier ça. Qu'importe que tu trouves l'idée un peu dingue. Qu'elle aurait pu s'en sortir autrement. Qu'elle ait choisi de ne pas le faire prouve qu'il y a toujours en elle cette sincérité que tu lui connais. Tu ne veux pas lui faire regretter, la laisser avec cette moue. « Je crois que je devrais te laisser, je risquerais de faire une nouvelle bourde. » Tu te penches vivement pour saisir un coin de sa cape. Tu ne te fatigues pas à y mettre de la force, vu la position tu parviens à peine à la tenir entre deux doigts. Un signe avant tout. « Non, non. Reste. S'il te plaît. » L'ordre de tes priorités est enfin plus clair. Tu jettes un regard autour de toi. A cette heure les rues sont plutôt calmes mais ce n'est sans doute pas idéal d'avoir une telle conversation ici. « Ou peut-être qu'on pourrait aller ailleurs ? Je pense qu'il faut qu'on parle. » Tu souris un peu. Tu sais comment une telle déclaration peu sonner. Tu ne veux pas lui envoyer un mauvais signal. AUssi dur que ce soit en cet instant avec cette révélation trop récente, toutes tes questions et des choses auxquelles tu n'as pas encore eu le temps de penser. C'est une petite révolution dans ton monde à laquelle tu dois te faire. Si tu réagis si bien c'est sans doute car il y a de l'habitude derrière. Trop de fois où tu as dû agir vite. Te laisser ressentir après.

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I guess you never know, never know and if you never bleed, you're never gonna grow and it's alright now. But we were something, don't you think so? And if my wishes came true it would've been you.

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reyna

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J'étais surprise de sentir de la résistance, pas très grande, pas réellement efficace mais juste ce qu'il fallait pour attirer mon attention et m'arrêter dans ma décision. « Non, non. Reste. S'il te plaît. » Je ne m'étais pas attendu à ça, j'avais plutôt imaginé qu'elle voudrait rapidement se débarrasser de moi parce que j'étais différente, étrange, aussi étrangère que la créature que j'avais mise à mort. J'avais été préparée à tout ça, au regard des humains, à leur attitude mitigée face à mes exploits parce que je n'étais pas comme eux et parce qu'ils avaient vite peur de l'autre, même parmi les leurs.

« Ou peut-être qu'on pourrait aller ailleurs ? Je pense qu'il faut qu'on parle. » Je m'étais perdue, beaucoup trop étonnée pour réagir au quart de tour. Je me sentais encore un peu à côté de la plaque. Malgré les doutes, son sourire réussit à me convaincre qu'elle ne me voulait pas de mal et qu'elle ne cherchait pas à me sermonner. Nicky et Noâ, ce serait l'après. Je n'avais pas besoin d'être reprise par tout le monde. J'avais hoché. Je ne pouvais pas chipoter. Encore moins broncher. Je lui devais bien des explications après de telles révélations que j'aurais pu garder pour moi.

« Chez toi ? Ou chez moi ? Ce serait mieux chez toi, question pratique mais je peux trouver une ruse pour te faire entrer incognito. » Ça n'arrangeait pas exactement mon cas, je ne faisais qu'ajouter des énigmes, les unes par-dessus les autres mais c'était compliqué pour moi aussi. Je ne savais jamais trop comment amener un tel sujet et quand je décidais de craquer, c'était en suivant mes sentiments et pas une logique plus cartésienne. J'avais un sourire, mi-amusé, mi-embêté.

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Il y a un peu de soulagement lorsqu'elle accepte. Pas si étonnant. Parce qu'il n'y a pas que Supergirl et sa grande révélation qui comptent. Il y a surtout Nana. Et tu ne veux pas perdre cette facilité à sourire que tu ressens avec elle. Tu ne veux pas qu'elle t'évite au boulot parce qu'elle pense que c'est ce que tu souhaites. Tu penses pouvoir te faire à cette identité supplémentaire. Tu n'es pas encore certaine de ce que cela représente. C'est trop neuf. Mais tu veux au moins essayer. Quelqu'un comme elle mérite qu'on prenne cette peine. « Chez toi ? Ou chez moi ? Ce serait mieux chez toi, question pratique mais je peux trouver une ruse pour te faire entrer incognito. » Tu ne sais pas trop ce qu'elle sous-entend par là. Un mystère de plus. Mais elle ne te doit aucune explication alors tu laisses filer. Tant pis pour ta curiosité. Et puis c'est Nana. Elle se perd vite lorsqu'elle parle. Laisse des bouts d'elle-même dans de nombreuses conversations sans peut-être toujours s'en rendre compte. « Chez moi. » Comme ça tu seras sur ton territoire en plus de faciliter les choses. Tu n'es pas contre cette pointe de contrôle. Cette impression du moins. Tu t'approches avec un peu plus de confiance cette fois. Non seulement tu as déjà expérimenté mais c'est plus facile lorsque le visage au sommet de la cape est si familier. Aussi déroutant que ce soit toujours. Comme tout à l'heure tu glisses une main sur son épaule. « Je suppose que tu n'as pas besoin de GPS ? » Tu glisses avec une pointe d'humour. Tentant de détendre l'atmosphère avant cette proximité qui va suivre.

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« Chez moi. » J'étais réellement soulagée qu'elle accepte volontiers qu'on aille chez elle plutôt que chez moi parce qu'elle aurait pu y voir une intrusion ou trouver cette situation louche. De mon côté, je n'éprouvais pas le besoin de me méfier d'elle parce que Rey avait toujours été franche, parfois un peu brutale, mais au moins elle ne laissait pas de place au doute. Je ne l'imaginais pas non plus m'inviter en prenant le risque de me laisser découvrir un peu plus de son intimité si elle n'était pas certaine de l'accepter.

Quand elle s'était approchée, j'avais souri, comprenant le message : ce serait par le ciel. Une fois que j'étais sûre qu'elle était accrochée à moi, j'avais passé un bras autour de sa taille, l'autre pointant vers le ciel. « Je suppose que tu n'as pas besoin de GPS ? » J'avais spontanément rigolé, les yeux pétillants. D'un coup, la lourdeur de l'ambiance était retombée. Je me sentais à nouveau un peu plus à l'aise, autorisée à fonctionner avec elle comme je l'aurais fait sous les simples traits de Nana, la collègue de travail.

« Non, en effet. » J'avais prononcé ces mots avant de me lancer. « N'hésite pas à serrer plus fort si tu te sens plus à l'aise. » J'avais ajouté ça avec un sourire avant d'augmenter la vitesse. J'espérais qu'elle le vivrait encore mieux que la première fois. Le trajet fut rapide, sans surprise.

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« Non, en effet. » C'est plus frappant désormais, lorsque tu la vois comme ça. Plus à l'image de celle que tu côtoies presque quotidiennement depuis quelques temps. Sa bonne humeur a toujours été contagieuse. Elle irradie et tu te sens sourire malgré toi. Comme si la situation n'était plus si déroutante. Elle l'est pourtant il ne faut pas croire. Mais ça aide que cette impression d'être face à une étrangère ne soit plus si présente. « N'hésite pas à serrer plus fort si tu te sens plus à l'aise. » Voler n'en devient pas une partie de plaisir. Ce n'est pas déplaisant non plus. Juste nouveau. Etrange. Le genre d'expérience qu'un humain lambda ne vit pas en général. Tu n'as le cran d'observer l'horizon que durant un instant. Trop vite il te faut fermer les yeux à cause de la vitesse. Tu serres par réflexe, pas si à l'aise même si la confiance est un tout petit peu plus présente. Encore une fois il y a ce soulagement lorsque tes pieds touchent le sol. Cette impression curieuse de lourdeur dans les jambes et l'équilibre qui se réajuste. « Merci. » Tu prends de la distance dès que tu te sens stable. « J'y pense. Supergirl prenant l'ascenseur ne sera pas très subtil. Je vais t'ouvrir par le balcon. » C'est sans doute l'arrangement le plus simple. Il y a peu de chance que l'un de tes voisins sorte à cette heure mais ce n'est pas un risque que tu veux prendre. Il ne te semble pas qu'il soit très malin de se faire voir avec l'héroïne. Des rapprochements pourraient être trop vite faits. Tu n'avais pas prévu non plus de rentrer dans cette tenue. Cette première mission ne reflète vraiment pas ce que tu veux accomplir. Il faudra aussi que tu trouves une histoire vraisemblable à raconter à tes équipiers. Ofélia sera particulièrement difficile à flouer. Mais c'est un problème pour un autre moment. Tu t'empresses de rejoindre ton appartement. Soulagée de ne jamais avoir été particulièrement bordélique maintenant que tu reçois sans l'avoir prévu. Sur le chemin de la baie vitrée tu abandonnes une partie de ton équipement, bien plus à l'aise sans ce plastron inconfortable. « Fais comme chez toi. » Tu désignes la pièce à vivre d'un geste vague de la main avant de t'agenouiller devant un coffre pour y ranger tes armes. Lorsque tu te redresses il y a ce moment curieux. Ce rappel. Supergirl se trouve chez toi. Dans ton appartement. Toute de rouge et de bleu vêtue. Impossible à manquer. Tu te poses sur un pouf lorsque ce besoin de t'asseoir frappe à nouveau. Ca va prendre du temps. Tu t'occupes les mains en défaisant le chignon qui maintenait tes cheveux. Chaque épingle posée précautionneusement sur la table basse. « C'est vrai que si un humain te frappe c'est comme si il heurtait un mur de briques ? » Ce n'est peut-être pas le meilleur début de conversation mais tu es intriguée. « Pas que j'envisage l'idée. Avant peut-être... Bref. Je me suis souvenu de cet article parlant de Sup-...de toi. »

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Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire en la voyant tenir bon aussi longtemps que possible et se forcer à regarder autour de nous pendant un instant, court certes, mais elle avait osé ce que d'autres n'avaient pas pu faire. Ce n'était pas rien. Elle était encore plus impressionnante que la collège que j'avais l'habitude de côtoyer et ce n'était pas rien, je lui trouvais déjà beaucoup trop de majestuosité et d'élégance. Là, elle me prouvait qu'elle était une vraie force de la nature, à l'échelle humaine. Même si sa confiance n'était que temporaire et forcée par les événements, j'étais heureuse d'y avoir droit.

« Merci. » Je lui avais répondu en penchant la tête sur le côté, le même sourire, constance chez Nana et chez Supergirl. C'était ce que j'étais dans le fond. « J'y pense. Supergirl prenant l'ascenseur ne sera pas très subtil. Je vais t'ouvrir par le balcon. » Je n'avais pas du tout pensé à ce genre d'éléments. A croire que de me faire attraper par Nicky avait une humaine était encore plus effrayant que d'imaginer Supergirl être observée avec un mélange de peur et d'intérêt parfois malsain. Je m'étais gratté les cheveux, un peu embêtée par le bordel que je lui occasionnais. J'avais osé un petit désolée avec cette tête de chien battu, toujours la même tête quand je me sentais à côté de la plaque, ce qui arrivait trop souvent.

« Fais comme chez toi. » En temps normal, je me serais installée sans me faire prier mais j'étais comme une enfant dans un endroit secret, un temple sacré ou une histoire de ce genre. J'étais obligée d'inspecter les lieux avec ces yeux.

« C'est vrai que si un humain te frappe c'est comme si il heurtait un mur de briques ? » J'étais redescendue sur terre quand elle m'avait posé cette question. Ce n'était pas étrange comme première question, les humains étaient naturellement tentés d'en apprendre un peu plus sur ce qui nous différenciait. Même si ce n'était pas la première à me demander ça, je n'avais pas pu m'empêcher de rire, découvrant qu'elle avait, elle aussi, un côté grand enfant curieux. C'était adorable. « Pas que j'envisage l'idée. Avant peut-être... Bref. Je me suis souvenu de cet article parlant de Sup-...de toi. » Elle s'emmêlait les pinceaux et je remarquais que nous n'étions peut-être pas si différentes, si on mettait de côté le fait que je venais d'une autre planète.

« Tu le prends comme tu le sens mais j'ai l'impression qu'on se ressemble un peu. » Je reprenais souvent mon souffle, lui avouant ça d'un air pensif. « Ca démystifie ma collège badass et trop brillante. J'ai toujours cru que tu étais, tu sais, au-dessus de Nana, au-dessus de cette humaine que je tentais d'être. Je suis pas la plus mystérieuse. » J'avais haussé les épaules, comme pour rejeter toutes ces images un peu plus loin. « Mais sinon, oui, c'est un peu l'effet que ça donne. Ils ont été nombreux à s'en mordre les doigts. Je sais pas pourquoi on s'obstine à se dire que ça va aller parce que je suis une femme. »

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Elle pourrait le prendre mal. Y voir une éventuelle agression. Mais elle rigole et tu sens tes épaules qui se décontractent un peu. C'est une question qu'il aurait été difficile de ne pas poser après l'avoir vu se battre contre un ennemi faisant au moins cinq fois sa taille. Si une telle créature ne pouvait rien comment un fragile humain aurait pu lui faire un quelconque dégât ? « Tu le prends comme tu le sens mais j'ai l'impression qu'on se ressemble un peu. » Tu ne t'attends pas à ça. Et tu n'as qu'un regard curieux en réponse. Des points communs on peut s'en trouver avec tout le monde. Mais tu sèches sur le coup. D'autant plus vu la conversation que vous aviez en cours. « Ca démystifie ma collège badass et trop brillante. J'ai toujours cru que tu étais, tu sais, au-dessus de Nana, au-dessus de cette humaine que je tentais d'être. Je suis pas la plus mystérieuse. » Tes joues chauffent un peu à ça. Collègue badass et trop brillante ? C'est la première fois que tu entends ça depuis que tu bosses au musée. Ton boulot est bien calme comparé à celui que tu exerçais avant. Mais c'était ce que tu recherchais. Retrouver un peu d'humanité. Il y a tout de même quelque chose de gênant. Quelque chose qui te déplaît. C'est triste qu'elle ne remarque pas son importance. Pas en tant que Supergirl. Juste en tant que Nana. « Mais sinon, oui, c'est un peu l'effet que ça donne. Ils ont été nombreux à s'en mordre les doigts. Je sais pas pourquoi on s'obstine à se dire que ça va aller parce que je suis une femme. » Tu souris légèrement. Le genre de sourire qui sous-entend que tu comprends bien. Tu as vécu ta part de moments sexistes dans l'armée et certains l'ont regrettés eux aussi à un tout autre niveau. Dans son cas tu aurais été beaucoup trop satisfaite dans de tels moments. Preuve que tu ne dois sûrement pas être taillée pour un tel rôle. Tu baisses un instant les yeux. Le sourire plus doux. « Je suppose qu'il n'y a une logique derrière le fait que tu n'en sois pas consciente. On ne remarque pas soi-même à quel point on brille. Mais tu es terriblement importante dans l'équipe. L'atmosphère change lorsque tu es là. Et tu met ton cœur dans tout ce que tu fais. Je me considère chanceuse que quelqu'un comme toi ait décidé de s'intéresser à moi lorsque je suis arrivée. »

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Je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle soit étonnée quand je lui avais évoqué qu'elle ressemblait un peu à la Supergirl qu'elle imaginait, celle un peu plus spectaculaire et que les humains voyaient généralement de loin, en pleine bataille. Par contre, je n'en ratai pas une miette de sa réaction suite aux compliments que je venais de lui faire. C'était mignon et nouveau. Nous n'avions jamais échangé autour d'éléments aussi intimes que ceux-là. Si elle découvrait ma nature surnaturelle, je lui découvrais moi aussi un nouvel aspect et je la trouvais vraiment touchante.

« Je suppose qu'il n'y a une logique derrière le fait que tu n'en sois pas consciente. On ne remarque pas soi-même à quel point on brille. Mais tu es terriblement importante dans l'équipe. L'atmosphère change lorsque tu es là. Et tu met ton cœur dans tout ce que tu fais. Je me considère chanceuse que quelqu'un comme toi ait décidé de s'intéresser à moi lorsque je suis arrivée. » C'était à mon tour de me sentir toute drôle. Par prudence, je m'installai sans plus attendre dans un pouf à mon tour, en face du sien. Mes joues étaient sans aucun doute rouges, je n'avais pas besoin d'un miroir pour le savoir. J'étais idiote. Je devais mal la comprendre. Je ne voyais pas bien ce que j'apportais de particulier à l'équipe, à part peut-être de la maladresse parce que je n'étais pas franchement adaptée à la vie sur Terre. Je me rendais bien compte que j'aurais pu être encore plus mal conditionnée mais je n'étais pas une professionnelle non plus.

J'avais encore eu besoin de quelques instants pour trouver la force de répondre à tout ça. Regarder mes bottes était encore la meilleure solution en l'état. Je n'étais pas aussi nerveuse quand on parlait de sujets plus légers mais là, c'était différent, beaucoup plus lourd de sens. Surtout quand il s'agissait d'elle. « Je. Je sais pas trop quoi dire. Enfin, si. Merci. Mais c'était spontané. Je pense que quelque chose m'a directement attirée chez toi. J'ai toujours voulu me fondre dans la masse, devenir une copie presque conforme des humains mais avec toi, c'est plus que ça encore. Mais j'attends rien en retour, hein. Je te fous pas la pression. » C'était bien de l'évoquer après avoir lâché une bombe.

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C'est plus facile maintenant qu'elle est assisse. Supergirl est moins flagrante et c'est vraiment Nana qui occupe ton appartement, installée sur un pouf comme si votre discussion n'avait pas été touchée par le surnaturel. Cela se ressent aussi dans son attitude, ses mimiques. Tu te demandes sincèrement si la démarcation disparaîtra un jour de ton esprit. Il est trop tôt pour le dire mais ce sera sans doute le cas. Après tout le costume est toujours là mais tu n'as pas l'impression de parler à Supergirl. Ni à une autre Nana dans les faits. Tu découvres d'autres choses sur quelqu'un que tu connais déjà. « Je. Je sais pas trop quoi dire. Enfin, si. Merci. Mais c'était spontané. Je pense que quelque chose m'a directement attirée chez toi. J'ai toujours voulu me fondre dans la masse, devenir une copie presque conforme des humains mais avec toi, c'est plus que ça encore. Mais j'attends rien en retour, hein. Je te fous pas la pression. » C'est humain de vouloir se conformer. Triste, pourtant. Tu n'oses imaginer les difficultés supplémentaires qu'elle a dû rencontrer. Tu n'es pas trop sûre de savoir ce qu'elle sous-entends. Ni de pourquoi tu devrais ressentir cette pression dont elle parle. C'est loin d'être désagréable de s'entendre dire une telle chose. De savoir qu'un petit quelque chose en plus l'avait poussé à t'approcher. Qu'elle n'avait pas voulu faire connaissances juste pour garder de bons rapports au boulot. « Je sais qu'il m'arrive de mettre de la distance entre les autres et moi. Vieux réflexe. » Tu hausses les épaules. Tu as déjà bien évolué au cours de ces dernières années. Certaines réactions sont juste dans ta nature. « Mais j'aimerais vraiment apprendre à te connaître mieux. Aussi maladroit que cela sonne. »

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« Je sais qu'il m'arrive de mettre de la distance entre les autres et moi. Vieux réflexe. » Ce qu'elle disait était un rappel d'une réalité évidente, je ne connaissais rien de son passé, tout comme elle ne connaissait rien du mien. Ce n'était pas un problème, je voyais plutôt ça comme le destin et nous ne pouvions pas aller contre celui-ci. J'étais même plutôt optimiste : nous allions nous découvrir un peu plus chaque jour, comme elle venait de découvrir ma double identité. Je me disais que le plus dur était derrière nous puisque j'avais réussi à me faire une place malgré ses vieux réflexes et puisqu'elle avait accepté le fait qu'elle n'avait pas affaire à une terrienne. Alors j'avais simplement souri sans un mot de plus, ne voulant pas rendre trop important ce détail.

« Mais j'aimerais vraiment apprendre à te connaître mieux. Aussi maladroit que cela sonne. » Je sentis mes joues se chauffer, comportement beaucoup trop prévisible de ma part. Je n'étais pas de celles et ceux qui parvenaient à mentir avec aisance, encore moins quand il s'agissait de quelqu'un comme Rey, une personne à laquelle je tenais. Mon corps avait le don de me trahir en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Ca ne signifiait pas que j'étais réellement embêtée, je me sentais un peu idiote mais je fonctionnais comme ça et j'avais arrêté de lutter depuis de nombreuses années.

« C'est pas maladroit. Plutôt touchant. » J'avais dit ça avec un grand sourire, toujours rouge. C'était spontané encore une fois mais tout autant sincère. Elle trouvait son comportement maladroit alors que je le trouvais adorable et flatteur. J'étais probablement biaisée parce que j'étais attachée à elle mais ce n'était pas un problème, pas à ce moment-là. Nous n'étions pas en train de jouer avec nos vies. Je n'étais pas non plus en train de l'insulter. Si elle n'était pas elle, belle, mystérieuse et craquante, il n'y aurait pas de souci de subjectivité non plus.

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