Alessandra & Nana
A41 ST2 J93 (soirée)

the fledglings whisperer

Être ici n'avait rien de naturel pour moi. Certes, je connaissais Nana depuis toujours selon mes standards, mais ce n'était pas quelqu'un que j'avais déjà sollicité pour des raisons si personnelles. Je l'avais toujours admiré, elle faisait partie de ces adultes dans l'ombre desquels j'avais appris, mais nous n'aurions pas pu être plus différentes et l'adolescence m'avait rendue difficilement approchable par une personnalité aussi exubérante et solaire. A cette époque, j'avais même fuit devant Zeke, c'était dire. Maintenant, elle était néanmoins la personne idéale à aller consulter. J'avais envisagé d'aller voir Ezekiel, justement, ou même Jude, mais il fallait reconnaître que, pour ça, ils n'étaient pas les plus expérimentés malgré un niveau plus que décent. Il y avait de nombreux domaines dans lesquels Nana excellait, mais il y en avait un en particulier qui ne prenait son importance pour moi qu'aujourd'hui.
J'avais frappé à sa porte alors que la nuit tombait, fraîchement sortie d'une garde en vigie qui m'avait donné assez de temps pour calmer mon énervement matinal et me faire peser mes options. Je m'inquiétais un peu de la déranger, mais je m'étais forcée à venir directement pour éviter de me défiler, la situation était trop importante et une certaine forme d'urgence m'avait donné l'impression de s'installer.

- Hm, salut Nana.

Lorsque la porte s'était ouverte, j'avais eu toutes les peines du monde à esquisser un sourire crispé. Je m'étais empressé de baisser les yeux pour les poser sur la pointe de ma bottine qui grattait le sol, mais mon regard remonta deux ou trois fois pendant que je plaidais mon cas.

- Je sais que ça sort de nulle part, mais j'aurais besoin de conseils sur un truc. Relationnel, le truc.

Nana & Alessandra

année 41 ; deuxième saison tempérée ; soirée 93

 the fledglings whisperer

Dans cette maison, on ne s'ennuyait jamais. Les visites s'enchaînaient souvent quand je n'étais pas occupée de me préparer un petit quelque chose à manger. En dehors de ces visites, j'avais mes routines sur tout le territoire, toujours à l'affût d'un Soumis ou d'un jeune Membre à aider et depuis le règne de Joshua et les nouvelles règles suite à la rébellion, il y avait tous les jours quelqu'un qui attendait tranquillement et parfois moins tranquillement de l'aide. D'une certaine façon, c'était ma manière de proposer mon aide aux Jaguars et de réparer les erreurs d'un chef auquel j'avais plus ou moins obéi et de me racheter pour toutes ces horreurs sur lesquelles j'avais fermé les yeux. A côté de ça et peut-être plus essentiellement, c'était mon tempérament, je ne m'imaginais pas rester bien sagement dans une maison une fois à la retraite. Je tentais de motiver ma mère à en faire autant, à sortir mais pas uniquement pour discuter avec son aînée mais elle était bornée. Un peu comme Nicky. Je n'étais pas du tout entêtée.

A ce moment-là, ça faisait quelques heures qu'un Membre, anciennement sous mon aile, était partie et je me la coulais douce devant un feu quand on frappa à la porte. Je ne m'étais pas attendue à recevoir de la visite mais j'étais toujours excitée comme une puce quand on débarquait à l'improviste. Je n'avais rien à me reprocher, je n'avais pas profité de mes allures de gentil petit chien pour rouler Noâ, ça ne pouvait donc qu'être une bonne visite ou, en tout cas, pas de celles qui me mettrait ma tête dans ma bêtise. Je m'étais empressée de rejoindre la porte pour ne pas faire poireauter trop longtemps la personne qui se trouvait derrière celle-ci. « Hm, salut Nana. » Je n'avais imaginé une scène de ce genre. Alessandra n'était pas méchante mais elle n'avait jamais montré un tel intérêt à mon sujet. Je devais probablement être trop exubérante pour elle. Je l'avais sûrement été pour tout le monde si je prenais le temps d'y repenser sérieusement, tous ceux avec qui je trainais avait mis de la distance en premier lieu. C'était drôle. Mais pas ce qui semblait amener la nouvelle Tireuse d'Elite.

« Je sais que ça sort de nulle part, mais j'aurais besoin de conseils sur un truc. Relationnel, le truc. » Je ne pus m'empêcher de sourire, pas moqueuse pour un sou mais amusée de remarquer qu'elle n'était pas beaucoup plus assurée que Noâ au départ. Dans un style différent. Ca crevait les yeux qu'elle était à côté de la plaque quand il s'agissait des codes sociaux. On ne planifiait pas de parler d'un souci d'ordre relationnel à quelqu'un à qui on ne se confiait jamais. Les premières fois sortaient toujours de nulle part, c'était bien le principe de l'expression premières fois.

Je l'avais invitée à rentrer pour se réchauffer et lui avais proposé de se décharger de ses couches superflues. J'avais tapoté sur un fauteuil à côté de celui dans lequel je finis par m'asseoir. « Je t'écoute. Quand tu le sens, tu peux te lancer. » C'était comme ça que mon père me poussait à parler quand j'étais gamine et que je ne savais pas toujours comment amener certaines choses plus difficiles que d'autres. C'était comme ça précisément qu'il avait réussi à me faire sortir les vers du nez au sujet de Rey à l'époque. J'aurais tellement voulu pouvoir lui dire qu'on se revoyait après tant d'années.