life would suck without you — sawëlle

VIPÈRES DE L'OUEST

sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

Life would suck without you

Il fallait bien que je me rende à l'évidence : dans toute cette foule, il n'y avait pas grand monde avec qui j'avais envie de passer plus de quinze secondes. Même Rose, plan de secours plutôt utile, avait eu la mauvaise idée de se retourner en ville. Quant à Sasha, elle faisait ses trucs de Sasha, ce qui incluait sans doute sociabiliser avec des crétins qui ne méritaient pas son attention. Ce voyage aurait été la pire des idées s'il n'y avait pas eu des ressources planquées dans tous les coins, une vraie mine d'or pour qui avait une idée de ce qu'il cherchait et de tout ce que ce métal représentait. J'avais déjà milles idées et j'avais pris soin de déposer une charge conséquente dans la remorque pour le premier trajet. Et, aujourd'hui encore, je comptais bien remplir mon sac à dos avec un maximum de choses. Je n'étais pas censée me balader en solo, mais suivre les ordres n'était vraiment pas mon truc. J'avais beau respecter June et Yulia pour des raisons différentes, aux dernières nouvelles, elles étaient celles qui se remettaient de la maladie. Moi, j'allais bien et j'avais un fusil à pompe accroché à mon sac pour assurer mes arrières.

A la sortie du campement, je ne m'étais pas vraiment attendue à tomber sur une autre personne tolérable jusqu'ici non-intégrée dans le décompte. Il fallait dire que tolérable n'était pas vraiment le mot pour la décrire. Un développement récent l'avait rendue insupportablement supportable et nous conversions depuis de façon un peu plus civile. Peut-être pas ces derniers jours, mais c'était courant et je commençais à avoir l'habitude de la voir apparaître dans mon chemin à l'occasion. Souvent pour venir me les briser. Dans ce cas-ci, j'avais surtout l'impression que c'était elle qui allait se casser en deux. Je me retins même de la pousser dans une salutation brutale en arrivant à ses côtés. A coup sûr, elle aurait valsé et on m'aurait accusée d'agresser une pauvre Dragonne innocente. Meh, encore qu'ils disaient tous que ces deux mots n'allaient pas ensemble.

- J'suis étonnée que ton chien de garde t'ait laissé te lever.

Sûrement pas l'idée du siècle, mais j'étais qui pour lui dicter sa conduite et prétendre que je savais ce qui était le mieux pour elle ? Si elle voulait se balader après avoir craché du sang pendant deux jours, c'était son problème. Elle ne trouverait pas en moi un âme charitable pour la ramener à sa paillasse après lui avoir tapé gentiment sur les doigts.

AVENGEDINCHAINS

DRAGONS DU NORD

life would suck without you
Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

Ces derniers jours tu n'as été qu'un animal blessé s'enterrant dans un coin pour lécher ses blessures. Tu t'étais faite discrète dès que tu avais été en état de manœuvrer ta fuite. Bien sûr tu n'avais pas totalement disparu. Les habitudes ont la vie dure. Tu avais rendu des comptes aux gradées comme la bonne Dragonne bien drillée que tu étais. Parfois tu en avais aussi profité pour récupérer un reste de nourriture. Rien de significatif. L'avantage de la vie de non-native était qu'elle ne changeait pas tellement de celle de Libre. Les repas étaient plus réguliers mais parfois tout aussi pauvres. L'appétit n'était pas là de toute façon. Tu avais mangé pour survivre. Parce que c'était ce que tu faisais le mieux. Survivre à une nouvelle journée. A une nouvelle ruine. Tu avais su pour le départ de Max. Une conversation entendue par hasard qui t'avait aussitôt reconduite à ta planque. Le souffle court. L'angoisse comme un étau autour de ta poitrine. Son absence ne rendait pas la chose plus facile. Son désintérêt durant la maladie t'avait logé un couteau dans le cœur et tu l'y avais laissé. Pas certaine de s'il valait mieux saigner ou tenter d'ignorer la douleur lancinante à chaque mouvement. Là avait été la dernière preuve que tu avais eu besoin pour savoir à quel point tu as merdé. Pour admettre que c'était terminé. Parce que Maxine avait le plus grand cœur du monde et qu'il fallait aller si loin pour qu'elle laisse parler la rancœur. Tu n'as pas d'espoir de pardon. Il ne viendra pas. Tu es sans doute morte à ses yeux. Tu as déjà vu ça. Sais comment elle fonctionne. Il y a cette version d'elle que très peu connaisse. Qui sera la seule à laquelle tu auras droit désormais. « J'suis étonnée que ton chien de garde t'ait laissé te lever. » Tu reviens à toi violemment. Un sursaut. Une main qui part vers ton arme. Le tremblement évident dans tes doigts et l'attache qui ne se défait pas assez vite. Et puis tu la reconnais. Associe le visage à une personne qui n'est pas hostile. Aussi étrange que cela soit. Maladroite elle l'est pourtant. Le choix des mots. Sans le savoir elle vient toucher une zone sensible. Tu la sais capable de le faire avec la volonté de blesser mais ici elle ne peut pas savoir. En plus elle ne parle même pas de Maxine. Elle pense à Willow et la simple pensée de son prénom déclenche une vague de honte qui te remue. En évitant le monde tu as aussi évité Willow. Après la frayeur de la maladie c'est presque cruel. Pire encore après cet échange. Juste avant que tout ne parte en vrille. Le timing n'aurait pas pu être pire. « Où est-ce que tu vas ? » Question stupide à laquelle elle n'a aucune raison de répondre. Cela ne te regarde pas. En plus vu son équipement c'est évident qu'elle part fouiller. Tu ravales ton idiotie sans y penser. Peu prompte à une nouvelle auto-flagellation. A quoi bon. Tu peux bien la conforter dans son point de vue. « Je peux t'accompagner ? » C'est sans doute une mauvaise idée. Vous n'appartenez pas au même clan. Vous n'avez aucune raison de coopérer. Et puis tu n'es pas en état de faire quelque chose de réellement utile. Mais l'idée de bouger tente ton corps endolori par trop de rien. Celle de ne pas être seule aussi. Tu en as assez d'être dans ta tête. Coincée. Mais tu sais qu'il est encore trop tôt pour autre chose. Tu as peu d'idée de ce que la proximité de quelqu'un te fera. Des questions. De recevoir une affection que tu ne mérites pas. Gaëlle ne te donnera pas ça. Ne te forcera pas à ressentir autre chose que cette lame qui tend à infecter la plaie. Il n'y a pas de ça entre vous. Pas d'amitié non plus. Quelque chose qui ne nécessite pas d'entretien. Une reconnaissance mutuelle. Tu veux quelqu'un qui se fiche bien que tes yeux soient trop rouges d'avoir pleuré. Ou que tes larmes aient laissés des sillons dans la poussière sur tes joues. Alors tu demandes. Un besoin trop présent dans la voix. L'attitude pitoyable.

VIPÈRES DE L'OUEST

sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

Life would suck without you

Machin avait toujours été sur ses gardes, comme un Libre apprenait à l'être pour ne pas mourir et même comme un marqué le faisait, avec des conséquences souvent un peu plus modérées, mais son sursaut était too much, même dans ces conditions. J'avais levé un sourcil en la regardant, la main posée sur mon arme en guise de précaution. Je ne comptais pas me faire descendre dans un accident à la con ou parce que j'avais arrêté de voir une menace là où s'en trouvait clairement une. Les bêtes blessées pouvaient faire les pires dégâts. Le désespoir était une saleté pour les autres. Mais elle lâcha vite sa garde et c'était presque comme si elle était trop épuisée pour tout ça. Physiquement, elle ne s'en sortait pas si mal après ce qui s'était produit, mais elle dégageait cette forme de fatigue qu'on voyait chez les gens qui s'en étaient trop pris dans la gueule. Généralement, ceux-là ne survivaient pas à la saison. Je m'étonnais encore d'être dérangée par l'idée que cela puisse se produire. Pourtant, je l'avais déjà été, dérangée, lorsque je l'avais vue en train de cracher son sang. Il était devenu évident qu'elle faisait partie des rares personnes dont je me souciais bien malgré moi.

- Fouiller. Je cherche des pièces pour un projet.

La réponse était évidente et j'avais sans doute offert trop d'informations, mais, au moins, elle était en mesure de comprendre. J'aurais sans doute pu lui expliquer mon plan et elle l'aurait écouté avec une réelle curiosité et non pour me faire plaisir. C'était le genre de conversation que je n'avais habituellement qu'avec Laz. C'était sûrement pour ça que j'avais haussé les épaules suite à sa question, acceptant tacitement qu'elle me suive.

- Compte pas sur moi pour t'aider si t'en fais trop.

Je n'allais pas me transformer en baby-sitter juste parce que sa présence dans ma vie était devenue tolérable. Si elle venait, elle devrait se démerder et porter son propre bordel. Je n'attendis pas sa réponse avant de me remettre en route. Je voulais m'éloigner pas mal du campement aujourd'hui, aller au moins vers cette tour qu'on voyait au loin. Cela faisait une trotte, mais la distance parcourue augmenterait mes chances de trouver quelques merveilles.

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DRAGONS DU NORD

life would suck without you
Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

« Fouiller. Je cherche des pièces pour un projet. » Tu es étonnée qu'elle te réponde. Que la conversation coule si aisément. Ce n'est pas grand chose. Quelques mots. Un sujet qui n'a rien de lourd. La raison même de votre présence ici. Ce que tu devrais faire toi aussi. C'est trop tentant. Tu veux un peu de cette normalité. Une occasion de ne plus penser toujours aux mêmes choses. Alors tu demandes. Tous les doigts croisés. Prête à ce qu'elle te prenne en pitié pourvu qu'elle dise oui. « Compte pas sur moi pour t'aider si t'en fais trop. » Réponse tacite. Tu comprends. Trop fière que pour dire les choses simplement ou prendre le risque de suggérer que ta présence ne la dérange pas. Tu ne fais la traduction que parce que tu es trop habituée à la côtoyer. Elle s'est déjà remise en route et tu t'empresses de la suivre. Les premiers pas sont les plus difficiles. Aller trop vite ne te réussit pas. Mais tu t'adaptes. Tu trouves le rythme. Malgré la fatigue l'habitude fait le boulot. Tes pas tombent dans les siens. Une certaine distance entre vous car tu sais qu'elle n'aime pas la proximité et tu n'es pas en état de la supporter pour le moment. « Tu bosses sur quoi ? » Tu tentes. Ta curiosité ne sera pas forcément bien accueillie. Ce serait bien son genre de penser que tu pourrais lui piquer son idée. Pourtant vos intérêts sont différents bien que plus similaires que d'autres. Les types d'armes sont nombreux et vos préférences vont dans des sens différents. Mais tu t'intéresses. Admettre qu'elle est brillante est plus facile désormais. La fausse rivalité n'est plus et cela laisse la place à d'autres choses.

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There’s always been a disconnect running from my heart to my head and no it’s never made much sense. I’ve been feeling so distant, can you be the one to connect? Pick up all the pieces again? As long as they don’t separate you from me I’ll be fine.

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sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

Life would suck without you

Les bruits de pas étaient la seule indication dont j'avais besoin pour savoir qu'elle me suivait. Si on m'avait dit un jour qu'un tel moment arriverait... Beaucoup de choses imprévues ou inimaginables s'étaient passées ces derniers temps, je n'aurais pas dû être étonnée au final. Le silence régna pendant un moment avant qu'elle ne le brise d'une question qui pouvait faire penser à l'un de ces débuts de conversation gênante, celle qui était lancée par des gens qui ne savaient pas quoi faire d'eux lorsque personne ne parlait et dont je ne me souciais pas d'habitude. Habituellement, les gens finissaient par se perdre dans un monologue si ils restaient à mes côtés, mais ce n'était pas vraiment ce qu'elle recherchait. La question était trop directe. J'aurais pu hausser les épaules ou même ne la gratifier d'aucune réponse, mais, à la place, j'avais réfléchi. Le projet n'était secret que parce que je ne voulais pas attirer l'attention de Théa, ce n'était même pas quelque chose d'officiel ou d'important, juste un petit quelque chose sur le côté pour satisfaire ma curiosité.

- Je vais construire un avion.

Peut-être un peu trop flou comme une réponse, surtout que peu de gens dans cette ville avait encore une quelconque connaissance de cette chose du passé. Je soupirais, emmerdée par mon manque de connaissances sur la machine.

- C'est comme une voiture. Sauf que ça vole.

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DRAGONS DU NORD

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

Silence. Tu ne t'étonnes pas vraiment. Elle n'est causante que lorsqu'elle est désagréable. C'est à dire souvent maintenant que tu y penses. Mais vous n'avez jamais eu de conversations civilisées. Sauf peut-être la première fois qu'elle s'était invitée dans ton existence pour y mettre la merde. Pendant un instant vous aviez parlé. Le miracle ne s'était plus reproduit. « Je vais construire un avion. » Tu es donc surprise quand elle parle. Tes pensées avaient déjà repris le dessus et tu es paumée pour une poignée de secondes. Avant d'être réellement confuse car tu ne comprends pas son charabia. Avion. Le mot est absent de ton vocabulaire. « C'est comme une voiture. Sauf que ça vole. » Une voiture qui vole. « Comme un oiseau ? » Tu répliques bêtement. C'est la seule chose qui vole. Tu ne sais même pas comment. Ils ont quelque chose de passionnant. Splendides lorsqu'ils sont dans le ciel. Souvent tu as envié leur capacité à partir selon leur gré. L'avantage de cette conversation est qu'elle t'arrache à tout ce qu'il y a de sombre en toi. Venant de quelqu'un d'autre tu pourrais penser qu'elle te raconte des cracs pour te changer les idées. Mais ce n'est pas son genre.

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sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

Life would suck without you

- Ouais.

La comparaison était la plus simple, pour ne pas dire la seule que nous avions. J'avais vu pas mal d'oiseaux dans ma vie, de près ou de loin, morts ou vivants, mais j'avais encore un peu de mal à les comprendre. Lorsque l'on étudiait leurs ailes et leurs plumes, on avait du mal à imaginer que c'était tout ce dont ils avaient besoin pour faire du ciel leur domaine. Appliquer leur fonctionnement à un tas de ferrailles restait plus obscur encore. Nous n'en étions pas encore là, néanmoins, le projet demanderait de nombreuses étapes et beaucoup d'essais plus ou moins foireux.

- C'est juste un truc à côté. Pour après le boulot.

Chacun avait sa façon d'occuper son temps libre. Je ne savais le faire qu'en m'occupant les mains en bricolant des trucs. On ne pourrait même pas se plaindre que je ne faisais aucun effort pour communiquer avec les autres au vu de l'implication de Rose dans l'histoire. Ce n'était pas anodin que je me rapproche de la binôme de Théa, vu comme ils étaient solides avec Laz, il ne faisait aucun doute qu'elle finirait par prendre une place à sa façon dans ma vie. Après tout, c'était plus qu'une squatteuse que j'avais chez moi, elle avait quasiment emménagé.

- Je suppose que tu connais ça.

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DRAGONS DU NORD

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

« Ouais. » Un oiseau fait par l'Homme. Le principe tient du délire. Mais si les voitures n'avaient pas été si présentes dans votre monde vous les auriez sans doute vues avec autant d'étonnement. Déjà tu avais été surprise enfant lorsque tu avais entendu le bruit du moteur pour la première fois. Au début tu avais même eu peur. Tu avais croisé un bon nombre de carcasses mais elles étaient toutes resté silencieuses. Et puis il y avait eu les voitures du clan et tu t'étais adaptée. Comme tu l'avais fait avec tout. Ce fameux avion est un concept qui ne demande qu'à être compris. « C'est juste un truc à côté. Pour après le boulot. » Tu ne l'aurais pas admis si facilement par le passé - et encore tu ne le fais qu'à toi-même - mais elle t'impressionne. Tout le monde ne donne pas son temps et son énergie à un projet secondaire. Tout le monde ne prends pas non plus la peine d'ouvrir son esprit de la sorte. « Je suppose que tu connais ça. » Du temps après le boulot tu n'en avais jamais beaucoup eu. Être non-native chez les Dragons n'offrait pas tant d'heures de repos que ça. Tu ne peux que supposer que ça va changer avec ce nouveau grade. Tu as eu trop peu d'occasions de pratiquer cette nouvelle vie. Mais ça ne veut pas dire que tu n'as pas fait des trucs. Tu dors peu alors oui, dans les faits, tu as un peu de temps à occuper. C'est bizarre. Ce n'est pas un sujet que tu as pu aborder avec qui que ce soit. Tu hésites un instant à en parler. Mais partager ne peut pas te faire de mal et tu lui dois bien ça vu qu'elle fait l'effort de répondre à tes questions depuis le début de votre petite randonnée. « Je bricole des verrous. Des serrures. C'est un truc qui me détends. » Au début ça n'avait été qu'une nécessité. Une façon de te rassurer. Puis tu avais apprécié cette façon de t'occuper les mains lorsque tu ne trouvais pas de quoi améliorer ta lame. Lorsque la porte de ta maison était devenue infranchissable à tes yeux, tu avais attaqué d'autres choses. Maintenant les mécanismes s'empilaient dans une boîte sous ton lit. Prêts à servir sans que tu ne leur ais encore trouvé un but. Peut-être. Tu n'es pas retournée chez toi depuis un moment. Tu n'as donc aucune idée de ce que tu vas pouvoir y retrouver.

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sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

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Bien sûr, Machin avait un passe-temps digne d'une mécano. Je pouvais difficilement juger vu tous les trucs que j'avais bricolé avec Laz qui n'avaient aucun point commun avec une arme, mais l'idée de s'intéresser à un truc aussi spécifique me faisait marrer. On pouvait aussi pointer le fait que ça ne lui allait pas mal au vu de son attitude de tombe par moment. J'entendais sans mal Sasha faire certains parallèles avec son talent nettement plus présent que le mien pour comprendre les autres.

- J'pensais pas que tu étais du genre froussarde.

Je me souvenais bien de la première fois que je l'avais croisé, de sa peur évidente d'être attrapée par un surveillant, mais j'avais eu l'occasion de comprendre un peu qu'on ne rigolait pas toujours avec eux. Être raflé avait l'art de replacer certains trucs dans leur contexte. Le reste du temps, elle avait été plus mordante, clairement prête à prendre des coups, mais l'attitude paraissait bien lointaine aujourd'hui. Dans tous les cas, je ne pouvais pas prétendre la connaître réellement.

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DRAGONS DU NORD

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

« J'pensais pas que tu étais du genre froussarde. » Tu te tends. Il est trop facile de voir ça comme une accusation, une moquerie. Seulement c'est elle. Tu dois te le rappeler. Elle est désagréable au naturel. Elle ne fait pas forcément de toi une cible. Tu desserres tes poings. Tâches de faire pareil avec tes mâchoires. Inutile de faire preuve d'un excès de fierté. Ce n'est pas personnel. « Je le suis pas. » Ta voix est encore un peu faible. Tu mens à moitié aussi. Tu as peur de certaines choses. Mais pas vraiment de ce que cette conversation sous-entends. Alors c'est plus une vérité qu'un mensonge. Et puis tu as changé. Tu le crois. Tu l'espères. Pour le mieux ? C'est discutable. Il suffit de voir ce que tu as fait à Maxine. Pense pas à ça. Tu secoues légèrement la tête. Une pointe de douleur réponds à ce geste. Tu restes affaiblie. « Être comme nous chez les Dragons ça rend méfiant. T'as pas le choix si tu veux rester en vie. » Elle a été Libre comme toi. Bien plus longtemps encore. Elle doit être bien placée pour comprendre.

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sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

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Mouais. Elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait, elle n'en était pas convaincante pour autant. Tout avoir d'un cadavre ambulant n'aidait pas son cas et ce n'était pas physiquement que la comparaison était la plus évidente. En quelques jours, elle avait perdu un truc sur lequel je n'arrivais pas à mettre le doigt. Un mystère qui resterait sans doute vu ma faible envie de m'impliquer. Et même si l'envie avait été là, Machin n'était pas une personne à qui on tirait facilement les vers du nez. Ou peut-être que si, je n'avais jamais essayé après tout. Vu comme elle était sur la défensive, j'avais néanmoins tendance à penser que j'aurais perdu mon temps dans tous les cas. Trop se concentrer sur le passé ne servait pas à grand chose, on ne pouvait qu'avancer. Si elle le faisait, elle rampait et c'était mieux que rien, je supposais. Certaines Vipères auraient eu quelque chose de philosophique à dire sur le sujet, un truc inspirant, et je leur laissais bien leurs belles paroles. Dans l'histoire, elle aurait mérité d'avancer plus vite, pratiquement cette fois, on avait pas toute la journée.

- Comme nous ?

Nous. Vaste concept qui m'échappait trop souvent. Je n'aimais pas beaucoup ce pronom. Il était trop restrictif et visait souvent à arranger quelqu'un. Lorsque c'était moi, ça m'allait, mais le cas contraire m'emmerdait plus. Ici, elle ne l'avait pas vraiment utilisé de cette façon. Je n'étais pas certaine de savoir pourquoi cela avait piqué un intérêt en moi. Bah, qu'importe. Je commençais à m'habituer à ces bizarreries qui accompagnaient sa présence. Elle était différente, aussi chiant que cela soit, et c'était aussi réel que le fait que nous semblions vivre dans des mondes vraiment opposés.

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DRAGONS DU NORD

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

« Comme nous ? » Elle ne comprends pas. Pourquoi ? Ce n'est pourtant pas sorcier. Tu continues à progresser derrière elle. Pleine de questions. Ta surprise se marquant sur tes traits. Silencieuse et en attente. De quoi ? De rien de toute évidence. Bien sûr qu'elle n'en dit pas plus. Elle n'a vraiment pas saisi le sous-entendu. Tu n'es pas habituée à son silence. A une véritable conversation entre vous. A ce qu'une question attende une réponse. « Une non-native. » Tu te reprends. Ce morceau de vocabulaire est surtout utilisé chez les Dragons. Tu l'as remarqué à la zone industrielle. Il n'a pas la même consonnance. N'est pas craché comme une insulte. « Une ancienne Libre. » Tu te sens un peu bête d'avoir à l'expliquer. C'est pourtant si évident. Elle aussi a été raflée en plus. C'est une des seules choses que tu sais sur elle. Le choix de la soumission vous a été arraché. Simplement à des moments différents.

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VIPÈRES DE L'OUEST

sawëlle
A41 SI J88 (zénith)

Life would suck without you

Ce qu'elle pouvait être lente. Pour une fois, je fis l'effort de lui trouver une excuse en imputant cette conversation qui se traînait à la maladie. Elle m'avait habitué à mieux au fil des années. Le changement devait donc venir avec une raison. Qu'elle soit bonne ou non n'était pas la question. Les deux m'auraient agacés tout autant. Le sentiment ne dura pas, remplacé par une surprise un peu condescendante.

- Tu penses toujours comme ça ?

J'avais jeté un coup d'œil par-dessus mon épaule, les sourcils froncés. Aucun effort n'avait été fait pour garder mon jugement pour moi. Ce n'était vraiment pas mon genre. En plus, je ne comprenais vraiment pas. Il me semblait pourtant qu'elle était chez les Dragons depuis un bout de temps. Elle avait été raflé bien avant moi. Elle était déjà Soumise lors de notre première rencontre et j'avais trainé des années avec les rats de la ville avant de rejoindre les Vipères.

- Quelle idée à la con de se laisser définir par un truc pareil. Y a pas de nous. Je suis moi. D'abord Gaëlle, puis la putain d'armurière des Vipères. Attends, merde, t'es armurière aussi maintenant.

Et ça, c'était la lose vu son attitude.

- On t'as appris quoi quand t'as été promue ? Si tu te respectes pas, respecte au moins ça. T'es armurière. T'es genre la meilleure de ta catégorie. Redresse la tête, bordel. Tu m'étonnes que des gens aient envie de te baffer si tu tires cette tronche alors que tu les as battu.

Qu'est-ce que j'en avais à foutre dans le fond de l'armurière des Dragons ? J'aurais dû pouvoir répondre à cette question plus facilement, mais il y avait toujours ce petit détail pour venir me déranger quand on parlait d'elle. C'était bien la première fois que j'essayais aussi de rebooster la confiance en soi de quelqu'un. Une démarche vraiment pas naturelle tant elle était innée chez moi.

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DRAGONS DU NORD

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 88)

« Tu penses toujours comme ça ? » Il y a du jugement dans sa voix. Rien de si nouveau. Tu n'en restes pas moins perturbée. Comment pourrais-tu penser autrement ? On ne t'a pas vraiment laissé le choix. Ton statut d'étrangère pour ton propre territoire est gravé dans ta peau. « Quelle idée à la con de se laisser définir par un truc pareil. Y a pas de nous. Je suis moi. D'abord Gaëlle, puis la putain d'armurière des Vipères. Attends, merde, t'es armurière aussi maintenant. » Tu ne peux t'empêcher de penser que c'est un privilège de penser de la sorte. Tu as été intégrée à la masse contre ton gré. Une tête de plus dans le bétail. Et pourtant c'est de moins en moins vrai. Devenir Aspirante avait aidé. Être Armurière devrait marquer d'autant plus la différence. Pour autant tu ne l'as pas ressenti comme tel. Le seul endroit où tu avais su trouver ton individualité avait été dans cette distance mise entre les autres et toi. Celle qui n'avait pas manqué de te foutre dedans au final. Tu l'envies un peu pour cette confiance en elle inébranlable. Pour ce confort qu'elle doit lui apporter. « On t'as appris quoi quand t'as été promue ? Si tu te respectes pas, respecte au moins ça. T'es armurière. T'es genre la meilleure de ta catégorie. Redresse la tête, bordel. Tu m'étonnes que des gens aient envie de te baffer si tu tires cette tronche alors que tu les as battu. » La réponse vient sans mal : rien. On ne t'a rien appris lors de ta nomination. On t'a juste mis au travail. La méthode dragonne dans toute sa splendeur. Se débrouiller pour réussir ou sauter. « Je n'en suis pas si sûre. » Tu murmures, tête baissée. Tu regardes ses bottines qui continuent à progresser entre les débris et tu suis le mouvement comme un caneton derrière la personne dont il s'était imprégné. « Parfois j'ai l'impression que cette nomination était juste une mauvaise blague. Une décision des gradés histoire de pouvoir faire des paris sur combien de temps j'allais tenir sans me faire tuer. » Cela ressemblerait assez à votre Chef. Il avait pris des décisions plus idiotes encore. Et même si la plupart des Lieutenants sont plus matures de ce que tu en sais, on ne sait jamais qui se cache réellement derrière un grade.

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» I know life would suck without you (Ezio)
» I bite it so it's mine (sawëlle)
» don't bury thoughts that you really want (sawëlle)
» a new dog in your life ? Really ? (Gaëlle)
» you're poison in her life ft. Kahlan

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