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Année 41 - saison intermédiaire (soirée 81)

Tu attends ton heure depuis ce qui semble être une éternité. Fondue entre les ombres du petit bois jouxtant le camp, les yeux rapaces mais l'esprit un peu confus. Ce n'est pas un sentiment auquel tu es habituée. Tu as été prise par surprise et tu ne sais pas exactement comment t'y prendre à partir d'ici. C'est trop inédit. Tu ne parviens même pas à comprendre comment c'est même possible. Quel miracle a pu rendre tout cela possible ? Lorsque l'opportunité se présente, tu la saisis à pleine main pour la coller contre un arbre. Tu dois savoir. Comprendre aussi. Ton corps proteste un peu après tant d'immobilité dans ce froid glaçant mais tu es bien trop habituée à l'ignorer pour que cela soit gênant. Tes doigts se referment comme des griffes autour de sa gorge pour l'empêcher de crier, ta lame venant piquer l'artère dans le bas de son ventre en guise de menace. Avec à peine un rayon de lune comme éclairage, le spectacle est encore plus impressionnant. Déroutant. Tu en restes sans voix un instant, toute ta verve disparue. Même si la découverte date de ce matin, tu n'as pas eu le temps de t'y faire. Elle est toi et en même temps pas tout à fait. Tu ne peux quand même compter les différences que sur les doigts d'une main. Les cheveux plus courts, le port moins droit, la musculature moins présente et un visage naturellement plus creusé. « Merde... Mais qu'est-ce que t'es ? » Tu n'es pas idiote donc tu sais. Elle ne peut être qu'une chose : ta sœur. Tu as entendu parler de ces individus rares si similaires qu'on ne peut les distinguer. Mais jamais tu n'aurais pu imaginer faire partie d'une paire. Pour la plus importante des raisons : tu n'as jamais eu de sœur. Avant que Joshua ne te ramasse, il n'y avait eu que toi et ton père. Personne d'autre. Il faut croire qu'il y a des choses que le bougre a oublié de te dire avant que tu ne viennes à disparaître de son radar. Il t'a mis dans une belle merde. Tout est a recalculé avec cette fille dans l'équation. Elle est un danger pour tes plans. Une inconnue trop dérangeante. Elle l'a toujours été quelque part, c'est juste une question de chance si elle n'a jamais été une gêne. Mais tu ne crois pas en la chance. Tu ne peux pas te le permettre.

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Année 41, saison intermédiaire (nuit 81) ✻✻✻ Une envie pressante. Voilà bien le seul truc qui pouvait attirer la Murphy en dehors de l'espace de rayonnement d'un bon feu. Aussi crevante qu'ait été la journée, elle s'était réchauffée sur la route et la différence se ressentait sévèrement depuis l'arrivée à ce campement paumé au milieu de nulle part. C'était simple, à chaque coup de vent, elle se sentait à poil. Murphy, elle n'avait jamais été particulièrement fragile, mais fallait bien avouer que même pour elle, tout ça, c'était nouveau. Aussi libre qu'elle ait été, elle n'avait jamais fichu le pied hors de la ville. Ils n'étaient pas de cette trempe là, ses parents. Ils préféraient de loin la collaboration avec les clans pour se remplir le bide. On avait beau l'avoir envoyée ici à cause de ses origines - d'un coup ça les intéressait, les parias -, elle servirait à que dalle dans la nature. Pour une fois, avec ses comparses de fortune, c'était même combat.

Donc elle était partie pisser, toute grelottante, avec déjà dans la tête l'idée de ses couvertures et d'un corps à squatter pour la chaleur corporelle. Y aurait toujours bien quelqu'un pour perdre sa dignité avec les températures largement négatives, elle en était convaincue. Elle s'était enfoncée entre les arbres minables qui bordaient le campement, de quelques pas à peine, lorsqu'elle se fit saisir à la gorge et coller à un tronc. Tiens, le cas de figure était nouveau. On le lui avait jamais fait le coup de l'arbre. La Murphy, elle avait été trop choquée pour beugler. Elle déglutit même difficilement lorsqu'elle sentit le couteau très nettement appuyé à son ventre. C'est que c'était pas très amical tout ça.

« Merde... Mais qu'est-ce que t'es ? » Faire gaffe à son agresseur n'avait pas été sa priorité première. Ça aurait dû. Parce qu'elle avait maintenant une deuxième raison de peiner à avaler la salive qui s'agglutinait dans sa bouche. Bordel de merde. Elle avait dû sérieusement se fracasser la tête contre le tronc parce qu'elle venait de s’agresser elle-même. Même cachée par le bonnet et l'écharpe, elle se voyait. Elle aurait pu se croire devant son baquet d'eau lorsqu'elle avait l'occasion de se débarbouiller. « Putain mais j'ai les yeux grave brillants, en fait. » Pouvait-on s'attendre à mieux de sa part ? Convaincue qu'elle ne se ferait pas de mal à elle-même, elle ignora la menace et leva doucement le bras pour passer les doigts sur son visage. L'expérience était totalement surnaturelle et elle comptait en profiter tant que ça durerait. « J'comprends pas pourquoi ils se foutent tous de ma gueule, j'suis en forme en vrai. » Qu'elle avait dit en se poquant la joue, nettement plus remplie qu'elle ne le pensait. Puis un détail attira son attention et elle tira un peu sur une longue mèche qui cascadait hors du bonnet. « C'est quoi c'délire ?! Ça repousse pas si vite les cheveux. T'es le moi du passé en fait. » Et elle en fronçait les sourcils parce que franchement qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Ok, elle était sonnée, mais elle avait mis son passé derrière elle pour une bonne raison. Même si elle était une merde chez les Dragons, la plupart du temps, c'était toujours mieux que d'être une Libre oubliable. « Casse-toi, tu veux. J'aime pas regarder en arrière. »



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Année 41 - saison intermédiaire (soirée 81)

« Putain mais j'ai les yeux grave brillants, en fait. » Malgré ton choc et les émotions qui se bousculent en toi d'une façon qui te met mal à l'aise, tu as une pensée qui te ressemble typiquement : il semble évident que tu as tiré le bon numéro au sein du loto génétique. La réaction de cette fille, de ta sœur, est tout bonnement incroyable. Elle ne semble pourtant pas avoir eu toute la journée pour se faire à l'idée comme toi. Son niveau d'idiotie t'interloque tellement que tu n'as au début aucune réaction lorsqu'elle bouge malgré la menace de la lame. Inconsciente doit donc être ajoutée à la liste de ses "qualités". Une deuxième pensée qui n'appartient qu'à toi vint à surgir. Quelqu'un s'est vraiment baladé avec ta tête en agissait comme ça ? L'idée te répugne un peu. « J'comprends pas pourquoi ils se foutent tous de ma gueule, j'suis en forme en vrai. » Même si vous ne vous connaissez que depuis quelques minutes, tu peux comprendre ces gens dont elle parle. Vraiment elle n'a pas une tronche de vainqueur et c'est vexant à dire vu votre ressemblance évidente. Tu en frissonnes. Avant d'enfuir difficilement l'envie de lui sectionner le doigt avec les dents. Il devient nécessaire qu'elle arrête de te tripoter comme ça ou tu vas faire un faux mouvement. Bien que l'éventrer ne semble pas être une idée si mauvaise à première vue, tu as trop de questions à lui poser. Un plus pour elle au vu de ton absence de sentimentalité fraternelle. « C'est quoi c'délire ?! Ça repousse pas si vite les cheveux. T'es le moi du passé en fait. » Si tu avais les mains libres il ne fait aucune doute que l'une d'elle se serait violemment crashée contre ton visage. Est-ce que c'est un mauvais rêve ? Un envoyé de tu ne sais quel culte pour te faire faire payer le fait d'être celle que tu es ? Personne ne peut être naturellement aussi stupide. Car le pire dans tout ça était qu'elle semblait être mortellement sérieuse. Ou intoxiquée par tu ne savais quel substance. Mais ses yeux semblaient normaux. Aucun signe hallucinatoire. « Casse-toi, tu veux. J'aime pas regarder en arrière. » Cela vous fait au moins une chose en commun. Mais il est trop tard pour que cela change quoi que ce soit. « Tu vas la boucler ouais ?! » Ta voix est impérieuse et agacée alors que tu recules, emportant ton poignard avec toi. Il semble évident que tout ceci ne sert à rien. Cette fille n'obéit à aucune logique. « A partir de maintenant tu vas te contenter de répondre lorsque je te pose une question directe. Compris ? » Que tu craches en lui agitant ta lame sous le nez sous l'énervement. « Ton nom ? Tu viens d'où ? Et qui sont tes parents ? »

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Année 41, saison intermédiaire (nuit 81) ✻✻✻ Murphy n'était pas dégueux lorsqu'il s'agissait de décrypter les signes de la colère. Un truc apprit sur le tas en compagnie de Dragons si facilement irritables. Ici, elle n'avait rien vu venir. Face à elle-même, elle ne voyait aucune raison de faire gaffe à des détails pareils. Qu'est-ce qu'elle risquait ? Dans sa tête, la lame n'était même pas réelle. Logique, elle l'était pas toujours la Murphy. Toutes ses théories se défaisaient rapidement grâce à un seul point : elle avait touché cette créature qui lui ressemblait presque comme deux gouttes d'eau. Le contact avait été réel. Ça l'avait pas aidé à faire le calcul, fallait croire. Si cette fille avait un corps chaud et vivant, atteignable, ça rendait l'arme toute aussi existante. Comme souvent, elle avait eu du bol de ne pas se faire planter.

« Tu vas la boucler ouais ?! » Dans un réflexe tout Pavlovien, elle s'était clapé une main sur la bouche pour que plus rien ne sorte. Même si elle captait pas toujours tout et qu'il lui restait des envies de liberté, on lui avait bien vrillé le concept de la discipline dans le crâne. Son double causait comme une gradée et ça avait fait son petit effet sur la petite influençable qu'elle était. « A partir de maintenant tu vas te contenter de répondre lorsque je te pose une question directe. Compris ? » « Oui. » A question directe, réponse directe. C'était bien ce que le boss voulait, non ? Elle s'était voulue distincte mais, entre ses doigts, le résultat n'avait pas atteint l'objectif voulu. Qu'importe. Le hochement de tête frénétique avait rempli le job. « Ton nom ? Tu viens d'où ? Et qui sont tes parents ? » C'était peut-être pas à Murphy de poser des questions mais ça l'empêchait pas d'en avoir. Qu'est-ce que c'était que cet interrogatoire ? Même les Dragons n'avaient pas été si regardants avant de la marquer comme du bétail. « Mour-. » Qu'elle avait commencé, la main scellant toujours cette bouche trop bavarde. Un sursaut d'intelligence la poussa à la retirer de là pour être comprise. « Murphy. J'suis né dans le coin. J'crois. Ma' était pas super claire. Ma', c'était Ma'. P'pa s'appelait Rod, j'pense. » Même en farfouillant dans sa mémoire, elle trouvait pas de réponse plus satisfaisante. Presque deux décennies de vie avec ses parents ne lui avaient pas appris beaucoup.



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« Oui. » Elle se montre docile et si cela t'arrange, ça ne t'aide pas à la respecter plus. Pourquoi t'évoque-t-elle de plus en plus une enfant ? Tu laisses tout ça de côté, trop désireuse d'éclaircir tous les mystères autour de son existence. La réciproque ne semble pas existante. A croire qu'elle n'est même pas consciente de ce que vous êtes. Bref. « Mour-. » Oui une enfant. Tu questionnerais une Soumise sur le territoire, l'attitude serait sûrement un peu similaire. Peut-être même que tu ne lui donnes pas assez de crédit à cette gosse potentielle. Tu en as vu des plus futés que cette fille. Mais tout n'est peut-être qu'une question d'apparence. Elle se montre peut-être moins désespérante en temps normal. Même si tu doutes un peu. Un tel degré de ridicule n'est pas anodin. « Murphy. J'suis né dans le coin. J'crois. Ma' était pas super claire. Ma', c'était Ma'. P'pa s'appelait Rod, j'pense. » Même ses souvenirs ne te sont pas d'une grande utilité. Rod. Tu fais résonner le prénom dans ton esprit mais il ne t'évoque rien. La vérité se trouve peut-être du côté de cette fameuse mère. Une mère tu n'en as jamais eu une. Il y avait eu ton père durant tout un temps, puis Zayne était devenu ta seule famille. « Donc tu étais Libre. Et tu as vécu en ville toutes ces années ? » Tu essayes de faire extrêmement simple pour ne pas la perdre. « Tes parents sont encore vivants ? » Même si elle a parlé au passé tu ne peux pas encore être certaine. Après tout elle fait partie d'un clan maintenant et nombreux sont ceux qui oublient leur vie précédente pour se concentrer sur le présent. « On t'a déjà dit que tu avais une sœur ? »

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Année 41, saison intermédiaire (nuit 81) ✻✻✻ « Donc tu étais Libre. Et tu as vécu en ville toutes ces années ? » Des questions, encore. Et toujours pas de réponses en vue. Murphy, elle se demandait si son double n'avait pas été un peu trop habitué à ne répondre à personne. Remarquez, ça devait être cool. Elle avait jamais caressé l'envie d'être au-dessus de qui que ce soit mais les avantages d'être gradé n'auraient pas été dérangeants. « Jamais vu plus loin qu'un territoire. » Ma' avait toujours été claire : on ne s'aventurait pas hors des terres protégées par les clans. Elle ne se souvenait pas d'un seul jour où on ne lui avait pas rabâché cette règle avant de la laisser vagabonder. Du haut de ses seize ans, on craignait encore de la voir traîner par là. C'était pas pour rien qu'elle comprenait pas trop bien ce qu'elle fichait ici, Murphy. La nature, elle y pigeait que dalle. « Tes parents sont encore vivants ? » La réponse se voulait moins évidente ce coup-ci. Murphy, elle s'était appliquée à pas trop penser à Ma' parce qu'elle savait bien dans le fond qu'elle lui manquait un peu. Le retour en arrière n'était pas possible, alors valait mieux oublier. « Rod est mort avant que j'devienne une dragonne. Et Ma', c'est compliqué. J'sais pas. Elle était vivante quand je suis partie. » Les paroles de sa mère étaient gravées dans son esprit. « Si tu deviens Membre, ne te fatigue pas à revenir. » Sans s'en rendre compte, elle avait débité les mots. Elle n'avait pas tout à fait capté que Ma' voulait juste lui donner une bonne raison de ne pas aller tenter la mort. « On t'a déjà dit que tu avais une sœur ? » « Na. Une seule comme moi c'est suffisant. » L'idée avait été balayée sous le tapis d'un geste la main. Une sœur, quelle conne de pensée. Ça poussait pas sur les arbres, les sœurs.



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Tu t'attends presque à devoir répéter les règles vu le spécimen. C'est donc une bonne surprise qu'elle continue à se plier aux consignes. Son clan a dû lui enseigner un minimum la discipline. Une chose qui se perdait chez les Jaguars à ton grand désarroi. « Jamais vu plus loin qu'un territoire. » Une pure citadine. Comme toi. Tu ne comprends pas qu'il soit possible que vous ne vous soyez jamais croisées. Le destin avait dû se mettre en travers de vos routes et dieu que tu le détestais celui-là. Il était trop bien placé pour faire couler un plan à pic. « Rod est mort avant que j'devienne une dragonne. Et Ma', c'est compliqué. J'sais pas. Elle était vivante quand je suis partie. » Bingo. Peut-être que cette mère pourra te fournir des réponses une fois de retour en ville. Tu te fiches pas mal du pourquoi mais il y a des comment qui attendent des explications. « Si tu deviens Membre, ne te fatigue pas à revenir. » Tu grimaces légèrement. Ton masque est absent. Elle est émotionnée et tu n'as aucune envie de gérer ça. Le rejet du parent fait partie de la vie. Tu ne perdras pas ton temps à la consoler pour ça. « Na. Une seule comme moi c'est suffisant. » Tu en restes sans voix. Elle t'arrache même une pointe de surprise. Sa connerie est-elle sans fond ? Tu es devant elle. Meilleure version d'elle-même. Mais elle ne capte pas. Tu ne sais pas dans quel monde elle vit mais il est lointain. Le nez pincé entre le pouce et l'index, tu soupires un instant avant de te lancer. Les yeux clos, la voix agacée. « Je suis littéralement devant toi. Je ne suis pas comme toi, il n'y en a pas deux comme toi, mais tu as une sœur. Ici présente. En ma personne. Nous sommes jumelles. » Même si tu doutes sincèrement du fait que ce mot puisse lui évoquer quoi que ce soit.

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Année 41, saison intermédiaire (nuit 81) ✻✻✻ Murphy, elle commençait à voir une constante. Dès qu'elle avait l'occasion de débiter plus de deux mots pour répondre aux fameuses questions, son double s'agaçait. Quel manque de patience ! Elle était consciente qu'ils n'étaient pas nombreux à apprécier ses bavardages, mais celle-ci paraissait génétiquement programmée pour ne pas la supporter. Il suffisait de la voir agir, tout en action gracieuse et en soupir. Sans nul doute Murphy avait-elle affaire à une intellectuelle. Il n'existait que ces drôles de spécimens pour s'attacher autant aux détails. « Je suis littéralement devant toi. Je ne suis pas comme toi, il n'y en a pas deux comme toi, mais tu as une sœur. Ici présente. En ma personne. Nous sommes jumelles. » A la façon d'un chien confus, elle pencha la tête sur le côté, scrutant son double avec milles questions dans les yeux. Jumelles. Une sœur jumelle. Elle ? Impossible ! Toute sa vie, il n'y avait eu que Ma', Rod, et elle. Personne d'autre. Comment une fille qui lui ressemblait tellement qu'elle l'avait prise pour une projection de son être avait-elle pu vivre dans la même ville ? Une si petite ville. Ça n'avait aucun sens. Cela n'empêcha pas Murphy de pousser un de ces petits cris excités particulièrement ridicules avant de se jeter sur sa sœur nouvelle retrouvée pour lui faire un câlin. Que pouvait bien représenter la logique comparée à la parole de sa sœur ? De sa sœur jumelle, même. Quoi que cela puisse signifier... « Je suis si contente de te connaître. On va être des sœurs géniales. C'est quoi ton nom ? Tu viens d'où ? Tu fais quoi dans la vie ? J'ai tellement de choses à te raconter. »


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Ne la tue pas. Ne la tue pas. Elle peut servir. Lorsque tu reviendras en ville il faudra vraiment que tu penses à remercier Zayne d'avoir autant insisté pour que tu apprennes à te maîtriser. Sans ses enseignements ton caractère mauvais aurait depuis longtemps pris le dessus et elle ne serait plus en mesure de jacasser comme une idiote. Ce que ce serait plaisant. Mais contre-productif. Et s'il y a bien un truc que tu aimes c'est une affaire rondement menée et sans bavure. Peut-être parce que tu pensais qu'elle ne comprendrait à nouveau pas ce que tu tâchais de lui dire, tu n'avais pas envisagé sa réaction actuelle. Elle est plus bruyante encore et tactile. Pourquoi devait-elle être tactile ? Tu en es tellement perturbée que tu la laisses te coller pendant quelques secondes. Tendue. Une sorte de vide curieux dans l'esprit. « Je suis si contente de te connaître. On va être des sœurs géniales. C'est quoi ton nom ? Tu viens d'où ? Tu fais quoi dans la vie ? J'ai tellement de choses à te raconter. » Il ne t'en vaut pas plus pour te reconnecter. « Rah mais lâche-moi ! » Tu la repousses sans délicatesse. Maintenant même une main au niveau de sa tête pour la garder à distance. « Et tu la fermes. C'est moi qui pose les questions. » Ne l'étripe pas. Ça va le faire. C'est une enfant. Juste une enfant qu'il faut dresser. Tu soupires bruyamment, faisant valser quelques unes de tes mèches qui dépassent de ton bonnet. Comment gérer cette situation ? Elle ne semble pas très futée mais comme tout le monde elle va vouloir des choses. Tu vas devoir faire des concessions et tu détestes déjà l'idée. « April. C'est ça mon nom. Mais ne le dis à personne. Ce sera notre secret. Tu sais. Un truc de sœurs. » Une ébauche de sourire et tu te décales vers l'arrière pour maintenir une distance de sécurité.

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Année 41, saison intermédiaire (nuit 81) ✻✻✻ « Rah mais lâche-moi ! » Il lui en fallait plus pour se dégonfler, à Murphy. Elle aimait fort et bêtement, puis elle identifiait parfois mal les signes. Sa sœur n'était peut-être pas dragonne mais cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas être aussi peu tactile qu'eux. Elle aurait aimé que ce soit le contraire. L'idée de câliner cette bouille lui plaisait bien. A force, elle parviendrait peut-être à l'habituer, sa p'tite sœur. Dans un coin de son esprit, elle se dit que ça devait être un truc de Vipère en se rappelant June. Toute classe qu'elle était - comme sa sœur, putain ce qu'elle aimait dire ça -, elle devait pas beaucoup aimer qu'on la tripote.

« Et tu la fermes. C'est moi qui pose les questions. » Elle aurait bien hoché la tête pour dire qu'elle comprenait, qu'elle allait la boucler, sauf qu'il aurait fallu qu'elle la déloge de la main de son double pour ça. Une mauvaise idée vu qu'elle pesait désormais lourdement contre sa paume. Alors elle se contenta de sourire, Murphy, un rire lui échappant devant les mimiques fraternelles. « April. C'est ça mon nom. Mais ne le dis à personne. Ce sera notre secret. Tu sais. Un truc de sœurs. » Et là, Murphy manqua de se casser la gueule parce que April avait reculé. Sans le contact de sa main, elle avait perdu l'équilibre et il lui fallut bien deux pas pour se rétablir. Même pas complètement vu qu'elle toucha le sol du genou. « Murphy. Moi, c'est Murphy. » Qu'elle clama haut et fort avec toute l'excitation d'un chien.



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Année 41 - saison intermédiaire (soirée 81)

La réaction ne traîne pas. Tu ne te mouilles pas pour l'aider. Tu ne fais qu'un pas de plus en arrière pour t'éviter d'être impliquée dans cette chute ridicule. Un rictus glissant une seconde sur tes lèvres. Plein de moquerie pour un manque d'aisance évident sur ses deux pieds. Cela ne semblait même pas la déranger. « Murphy. Moi, c'est Murphy. » Ok. Donc elle n'a pas non plus de mémoire. « Tu me l'as déjà dit. » Juste un grognement entre tes dents serrées. Au moins elle connaissait son prénom. On pouvait voir ça comme ça. « Tu vas devoir me rendre un service, Murphy. Je veux que tu restes ici jusqu'à ce que je revienne te chercher. Mais personne ne doit te voir. Tu penses que tu peux faire ça pour moi ? » Tu t'es approchée à nouveau, les deux mains tombant lourdement sur ses épaules. Tu espères la convaincre avec un peu de contact. Les yeux dans les yeux.

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Année 41, saison intermédiaire (nuit 81) ✻✻✻ « Tu me l'as déjà dit. » Ah. Peut-être. Rarement Murphy n'avait montré des capacités de mémorisation exceptionnelles. Lorsqu'on lui demandait de garder un truc en tête, elle passait un bon moment à se le répéter encore et encore pour s'assurer de ne pas prendre une raclée parce qu'elle avait oublié. On allait pas se mentir, ça arrivait souvent. La mémoire était plutôt mal foutue de son point de vue. Aussi bête qu'elle pouvait être, y avait des trucs qui restaient incrustés no problemo. Certains noms, elle les retenait sans avoir à s'y forcer. Avec d'autres, on entrait sur un véritable parcours du combattant. Elle avait arrêté de se poser des questions à ce sujet, Murphy. La vie était ainsi faite. Elle s'en prendrait encore une juste parce qu'elle avait appelé la mauvaise personne par le mauvais nom. Bref. Ces conneries s'appliquaient pas à cette situation. Bien qu'elle était pas prête d'oublier le prénom de sa sœur. Mais on était quand même sensé se souvenir de ce qu'on avait dit pas dix minutes plus tôt même quand on s'appelait Murphy. L'émotion sans doute. Puis un réflexe à la con. Quand quelqu'un se présentait, on répondait.

« Tu vas devoir me rendre un service, Murphy. Je veux que tu restes ici jusqu'à ce que je revienne te chercher. Mais personne ne doit te voir. Tu penses que tu peux faire ça pour moi ? » Elle avait tout juste eu l'occasion de se remettre sur ses pattes quand April l'approcha. Naturellement, elle avait hoché la tête, Murphy. Se la boucler, elle avait pas zappé. Mais fallait qu'elle transmette qu'elle écoutait bien, qu'elle était prête à faire ce qu'il valait aussi. Elle pouvait bien la dépanner, sa sœurette. Même si elle lui demandait un truc bizarre qu'elle ne comprenait pas bien. Des questions lui passaient par la tête sans qu'elle ne soit sûre d'avoir le droit de les poser. Elle avait l'air convaincue que c'était important, la April. Nouveau hochement de tête de la part de Murphy. « Pour combien de temps ? » Qu'elle demanda juste. Elle avait l'habitude d'obéir à des ordres à la con, elle allait donc pas dire non quand on lui demandait gentiment. Puis c'était pas compliqué tout ça pour Murphy, elle avait l'habitude de se planquer.



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Année 41 - saison intermédiaire (soirée 81)

Elle a tout d'un animal docile. Ce n'est pas la première fois que tu te fais cette réflexion. Tu te la feras encore sans doute souvent si tu te retrouves à user d'elle pour un moment. Il serait moins agaçant qu'elle manifeste plus d'intelligence mais une telle personnalité t'est utile. Sa naïveté la rend facile à manipuler. Le fait qu'elle obéisse ne te déplait pas. Pour tous leurs défauts les Dragons l'ont bien éduquée. Ils ne lui ont pas donné de valeur ajoutée contrairement à Zayne. Lui t'as aussi appris à penser par toi-même dans une certaine mesure. Toujours pour servir le clan mais cela reste quelque chose. Tu as excédé ton entrainement sur ce point. Et tu en es fière bien que ton mentor n'apprécierait pas certaines de tes pensées. Tu le respectes trop pour les manifester ou agir sur tes impulsions. En sa présence du moins. Tu n'as aucune de la docilité qu'il a instillé en toi face à ta Chef. Lui courbe l'échine face à elle avec à peine un grommellement sous prétexte qu'il la respecte. « Pour combien de temps ? » Tu en souris. Presque sincère. Ta satisfaction suinte. Mais à ses yeux tu dois paraître satisfaite d'elle. « Pas longtemps. » Tu rassures. Tout est relatif. « Je reviens te voir quand le soleil se lève. Cette nuit j'ai des choses à faire. » Tu as du pain sur la planche. Des informations à récolter. Ton apparence à altérer. Ce que tu ne lui dis pas c'est que son attente n'est qu'un début. Tu vas devoir la jouer finement. Lui donner assez pour qu'elle ne se lasse pas. Tu supposes que tu pourras faire d'une pierre, deux coups avec tous ces moments que tu vas devoir passer en sa compagnie pour tout apprendre d'elle et imiter jusqu'à la moindre de ses mimiques.

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