(topic commun) campement de malades H1

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campement de malades H1

intrigue 4.4

Les premiers signes de la maladie ont été déclarés. La fièvre monte, les évanouissements sont nombreux. La peur monte et aucune explication ne vient la calmer.

JAGUARS DU SUD

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

Je n'aurais jamais imaginé avoir une telle discussion avec Anya, encore moins qu'elle soit si rapidement au courant, même si ce n'était pas étonnant. Elle était de sa famille et elle était Jaguar. Une crainte allait de pair avec cette découverte, celle que Yulia ne l'apprenne de quelqu'un d'autre. Je voulais être celle qui le lui dirait mais j'étais morte de trouille à cause de leurs déboires. Il aurait sûrement fallu que je prenne plus de distance avec Thiago mais c'était parfois trop difficile. Ça ne signifiait pas que je le collais constamment. J'allais et je venais régulièrement, l'occasion était trop belle, notamment quand nous avions enfin rejoint notre destination. C'était magique, complètement dépaysant et j'avais envie de tout découvrir d'un coup. Ça aurait été beaucoup plus rentable s'il n'y avait pas eu des tensions inutiles.

La journée fut longue mais passionnante. L'excitation était à son apogée. J'aurais tellement voulu vivre ce moment avec Asha mais j'allais devoir attendre le retour pour tenter - parce que ça risquait d'être difficile - de lui raconter tout ce que nous avions découvert. En attendant, il fallait que je me pose pour reposer mes pieds et l'abri était idéal. J'avais soif également. La soirée ne fut pas exceptionnelle, si on oubliait les regards méfiants qui s'étaient échangés. De mon côté, j'avais cherché Yulia du regard, rongée par le secret. Ça me travaillait plus que de raison mais je ne voulais pas le faire tant que Thiago et moi n'étions pas d'accord.

Dans la nuit, j'avais tenté une approche en direction de ce dernier mais me déplacer était pénible. Ma tête me faisait un mal de chien, mes jambes étaient ankylosées, ou ça y ressemblait, et dans un premier temps, je me mis à saigner du nez. Ce devait être une mauvaise nuit, rien de plus. En attendant, je m'étais posée dans un coin, m'assoupissant quelques minutes. En tout cas, c'était l'impression. Mine de rien, le temps avait avancé plus que je ne l'avais cru. A peine consciente, je crachai et découvris du sang sur ma main. Les douleurs crâniennes ne s'arrangeaient pas, que du contraire. Si j'en croyais mes sensations, tout autour de moi tournait. Je penchai ma tête en arrière, posée contre la paroi, persuadée que ça m'aiderait à calmer la toux hémorragique mais rien n'y faisait. D'autres toussaient et saignaient, on se serait cru dans un début de cauchemar.

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DRAGONS DU NORD

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Année 41 - saison intermédiaire (jour 85)
Quelque chose ne tourne pas rond. Il ne faut pas être un génie pour s'en rendre compte. C'est comme un nuage qui étend progressivement son ombre sur le campement. Les teints se font plus pâles, les respirations haletantes. Des symptômes communs mais qui trop vite sont rejoints par des réactions plus inquiétantes. Tu vois ton sang avant celui des autres. Juste une goutte, puis deux qui s'écrasent sur ta main et s'étendent dans la laine sale de ton gant. Il te faut une seconde pour faire le lien avec la sensation d'écoulement au niveau de ton nez. Ton esprit est un peu moins vif qu'il ne l'est habituellement. Tes réflexes aussi. C'est comme si ton bras se traînait alors que tu le soulèves pour aller essuyer le filet rougeâtre qui te passe sur les lèvres. « Qu'est-ce que- » Tu n'es pas habituée à tout ça. Cette impression de faiblesse et l'incompréhension qui accompagne le tout. Le cerveau ensevelit sous le gaz, le coeur qui tambourine un peu trop, tu as le réflexe de saisir l'épaule de la première personne qui passe lorsque tu sens ta tête partir en vrille. Tu as comme un sentiment de nausée lorsque tu tousses, ancrée comme tu le peux à l'inconnu. Quel piteux spectacle. Quelle cible facile.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

L'ambiance est glauque à souhait alors que la toux se fait de plus en plus entendre dans toutes les parties de notre abri de fortune du moment. De plus en plus de personnes crachent un peu de sang et beaucoup trop de visages sont pâles. Je sentais bien que quelque chose clochait mais je n'aurais pas pu mettre la main sur le problème exact. La seule certitude que j'avais, c'était que je devais m'inquiéter et réagir en conséquence. Je me sentais bien, pas de soucis à l'horizon, je réussis même à me lever sans la moindre difficulté. Je n'avais pas mal à la tête, rien du tout. Ce qui signifiait que je pouvais bouger pour les autres. Il me fallait retrouver en priorité Esfir, Rory mais également Gaëlle et Yulia, parce que, même si je ne les connaissais pas personnellement, j'avais parlé avec elles et c'était important de les savoir en sécurité.

J'étais prête à investiguer quand une main s'était agrippée à mon épaule, me saisissant au passage. Je m'étais tournée vers la personne en question, ne la reconnaissant pas. Elle ne devait pas être une Vipère mais elle pouvait tout aussi bien être une Jaguar qu'une Dragonne, dans une pareille situation, je ne pouvais laisser personne à son sort. Ce ne serait plus moi. J'avais tourné mon corps pour lui faire face avant de prendre un de ses bras, puis de passer sur son côté et de passer un bras dans son dos. En la tenant par le bras et derrière le dos, j'aurais certainement plus de chance de mieux la soutenir pour le moment. « Tu sais bouger ? Je peux t'amener dans un coin plus tranquille et quand tu seras installée, je te donnerai de l'eau et mon manteau. » Je ne lui laissais pas exactement la possibilité de refuser mon invitation, pour son propre bien.

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campement de malades H1
Année 41 - saison intermédiaire (jour 85)
Le sang qui pulse à tes tempes t'empêche de penser correctement mais ton corps tente de maintenir la barque à flot. Tu te tends lorsque l'on te touche, les mouvements pris comme une intrusion contre laquelle tu ne peux pas grand chose. Tu n'as pas la force de repousser qui que soit cette personne. Tu n'as plus qu'à prier pour que ses intentions ne soient pas mauvaises. Déjà ton corps se fait plus lourd, le soutien l'incitant à se relâcher un peu. T'allonger serait plaisant. Le repos faisait des miracles. Tu espérais que ce serait le cas aussi avec cette mystérieuse maladie ou vous seriez fichu. Il était déjà difficile de survivre en ville mais alors ici. Il n'y avait que des sous-infirmiers que rien n'avait formé à ça. Quel coup du sort. « Tu sais bouger ? Je peux t'amener dans un coin plus tranquille et quand tu seras installée, je te donnerai de l'eau et mon manteau. » Tu te contentes d'un hochement de tête que tu regrettes aussitôt. Le mouvement est douloureux et allège un peu plus le poids de ta conscience. Une fille. C'est stupide mais naturellement cela t'aide à lui accorder une phalange de confiance. Pas que tu ais un réel autre choix. « Ton manteau... Tu devrais le garder... Je voudrais pas avoir ta mort...sur la conscience. » Tu halètes dans un flash de lucidité. Par ce temps se départir de sa veste ne semble pas être l'idée du siècle. Venant d'une Fine Lame c'est l'hôpital qui se fout de la charité mais ce ne sera pas la première fois.

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(A41 SI J85)

Il n'y avait qu'Anya pour trouver intelligent de le traîner dehors alors que la nuit été déjà tombée. Corvée de bois avait-elle dit avant de se laisser dévier par un bruit suspect et de l'abandonner là avec les bras chargés de débris. Il avait voulu protester, mais, d'un geste impérieux, elle lui avait dit de rentrer pendant qu'elle prenait en chasse ce qui devait être un petit gibier nocturne qu'elle comptait transformer en snack tardif. L'idée de la laisser là toute seule lui déplaisait, mais elle était une grande fille et n'avait jamais toléré que l'on aille contre ses directives. Sana se rebellait peut-être sans mal, mais lui conservait un brin d'instinct de survie. Il était donc revenu vers le camp, le traversant sans comprendre le soudain changement d'atmosphère. Il n'avait pas pu partir si longtemps que ça, mais cela s'était avéré suffisant pour que quelque chose se passe. Et pas du genre qu'on aurait pu imaginer. Atterrir en plein milieu d'une dispute entre les clans aurait été bien plus logique que cette étrange situation. Les groupes qu'il passait étaient agités par des quintes de toux qui n'étaient en rien rassurantes. En arrivant près du campement familial, il abandonna son tas de bois, les sourcils froncés par l'absence de gens autour du feu. Un peu plus loin, il y avait juste Ella. Il se rapprocha d'elle, son pas s'accélérant rapidement lorsqu'il se rendit compte qu'elle toussait, elle aussi.

- Non, non, non.

Accroupi à ses côtés, une main passant dans son dos pour le frotter doucement, il constata avec horreur un peu de sang s'échappant de son nez. Tout autour d'eux, les symptômes étaient les mêmes, bien que les degrés de gravité divergeaient.

- Viens, on bouge de là.

Ce mur ne pouvait pas être confortable. Il l'attira contre lui pour la prendre dans ses bras et la transporta près du feu. Il l'avait installée contre son torse pour qu'elle reste redressée et permettre ainsi au sang de s'écouler. Même si ce n'était pas tout à fait la même chose, il s'était assez pris de coups dans le nez pour savoir qu'il était désagréable d'en avaler autant. Cela n'aiderait sans doute pas non plus ses difficultés à respirer.

- Tu as mal quelque part ?

(c) DΛNDELION

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They told me all of my cages were mental so I got wasted like all my potential and my words shoot to kill when I'm mad, I have a lot of regrets about that. this is me trying.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

L'inconnue avait hoché de la tête, ce qui était une première victoire. Je n'aurais pas eu la force de la porter jusqu'à un endroit plus reculé, moins dans le mouvement, si elle n'avait pas été capable de m'aider même un tout petit peu en se déplaçant, avec mon soutien tout du long. « Ton manteau... Tu devrais le garder... Je voudrais pas avoir ta mort...sur la conscience. » C'était fou de penser jusque-là alors qu'elle n'allait pas bien du tout. Je n'avais rien à craindre pour le moment, contrairement à elle. Naïvement, j'avais pensé qu'elle ne pouvait pas être une Dragon, alors que j'en avais croisés certains en centre neutre qui n'avaient rien de monstres inhumains. J'avais beau dire à Théa de ne pas se laisser bouffer par les sentiments, je n'en menais pas large.

« Je trouverai une solution. J'ai peut-être même de quoi me réchauffer dans mon sac mais le plus important, c'est que tu ne te refroidisses pas en plus. » J'avais l'impression d'entendre Charlotte quand elle grondait une Membre totalement inconsciente. En moins directive, cela dit. Je ne permettrais pas de jouer les autoritaires avec une inconnue qui souffrait déjà bien assez comme ça. « Appuie-toi. Je ne te prépare pas de coup foireux et je suis plus forte que j'en ai l'air. Alors, s'il te plaît, laisse-toi soutenir jusqu'à ce qu'on soit plus à l'écart. » J'avais pris un maximum de précaution, surveillant qu'elle ne tombait pas, alors que je bougeais pour prendre une position plus adéquate pour qu'on puisse y aller progressivement. Pour le moment, il fallait se concentrer sur cet objectif à court terme et j'aurais encore l'occasion de l'occuper une fois qu'elle serait installée. L'idée était qu'elle ne s'épuise pas inutilement pour le moment mais qu'elle soit occupée quand elle aurait l'occasion de trop penser à ce qui lui arrive.

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JAGUARS DU SUD

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

« Non, non, non. » Je n'étais pas suffisamment malade que pour ne pas entendre ce qui se passait autour de moi mais tout le monde criait ou toussait, il était donc difficile de se concentrer sur le reste. Ces interférences étaient trop nombreuses et trop fortes. A cause de tout cela, je ne l'avais pas entendu arriver et m'étais presque saisie en entendant ses supplications. En tout cas, ça y ressemblait fort, si ce n'était pas ça. Il fallait que je fasse bonne figure face à lui, ne serait-ce que pour ne pas l'inquiéter stupidement. Je regrettais de ne pas m'être écartée davantage. J'étais plus futée que ça d'habitude. Là, j'avais l'impression de faire mes premiers pas en tant que Membre et pourtant, je le connaissais, à force, Thiago. Ou Iago, comme sa famille semblait aimer le surnommer.

« Ce n'e-. » Je n'arrivais pas à en placer une. Après m'avoir frotté le dos avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve, et mon dieu qu'il était délicat et doux, il n'avait pas attendu pour me prendre dans ses bras. Je me sentais gênée parce que ce n'était qu'une bonne grosse toux, un mal de tête et le nez qui coulait du nez. Rien de grave. Certains, au sein de Paris, avaient connu pire châtiment. « Viens, on bouge de là. » C'était mignon et je savais qu'il pensait bien faire mais je ne voulais pas qu'il s'épuise pour moi. Je n'étais même pas certaine qu'il sache où se trouvait sa famille. Moi, je pouvais toujours trouver Grey. Pourtant, j'étais si bien dans ses bras. En effet, j'étais si bien que je m'étais agrippée sans même m'en rendre vraiment compte à l'un de ses bras.

Dans ses bras et contre son torse, c'était encore mieux. J'aurais même espéré m'endormir comme ça et oublier que j'avais mal. Avec un peu de sommeil, tout ce cauchemar se volatiliserait. En tout cas, je m'en persuadais pour ne pas craquer. « Tu as mal quelque part ? » D'autres se fatiguaient à répéter qu'ils étaient fichus et cette atmosphère morose m'atteignait plus que je ne voulais le croire. « A la tête. Au nez aussi. Mais -. » Entre-temps, j'avais bougé la tête pour regarder autour de nous. Personne. « Ils sont où les autres ? Tu dois les retrouver. Je dois retrouver Grey. Je peux pas rester là sans rien faire, Thiago. » Je devais reprendre ma respiration tous les quatre ou cinq mots. Je n'en menais pas large mais dans cet état d'affolement, je n'allais certainement pas aller mieux. Néanmoins, je n'étais pas ce genre de personnes qui restent sagement passives.

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Année 41 – saison intermédiaire (journée 82)

Tu t'étais vue mourir un nombre incalculable de fois. La nature avait tenté d'avaler le petit être stupide que tu étais à plus d'une occasion lorsque tu n'étais qu'une enfant vagabondant dans les plaines dévastées. Tu n'avais dû ta survie qu'à la réaction rapide d'un adulte. Et à Oz. Souvent à Oz. Laisser deux enfants s'aventurer seuls loin du camp n'était pas l'idée du siècle et vous aviez collecté les embrouilles. Heureusement la chance était toujours revenue de votre côté à la dernière minute. Ensuite il y avait eu les Dragons. Les causes étaient devenues différentes. Trop souvent liées à la violence de tes paires. Entre le travail forcé et les passages à tabac il y avait eu des nuits que tu avais cru sans fin. Rien n'est comparable à aujourd'hui. Un vent de mort balaye le camp et tu n'es qu'une feuille qu'il balade. Malgré le feu qui brûle devant toi, tu grelottes. Les bras serrés autour de ton corps, la tête enfoncée entre tes genoux remontés contre ta poitrine. Tout est difficile. Penser. Respirer. Entendre. La fièvre ne t'est pas étrangère mais celle-ci est particulièrement virulente. Elle te paralyse là. Tue toute envie que tu as de bouger. Tu sais pourtant que tu devrais faire quelque chose. Chercher quelqu'un. Au moins pour t'assurer qu'ils vont bien. Tu te doutes que Max doit être paniquée. Tu pries pour qu'elle soit au côté de Cam. Lui saurait la rassurer et empêcher son esprit de s'emballer. Faite qu'elle n'essaye pas d'aider tout ceux qu'elle croise. Un énième frisson te traverse et la douleur dans ton crâne s'amplifie sous le boucan tout autour de toi. Bien sûr que l'on se rassemble autour d'un feu. Tu fixes les flammes durant quelques instants de plus avant de rassembler tout ce qu'il te reste d'énergie pour te relever. Chancelante c'est à peine si tu ne t'étales pas tête la première. Mais tu tiens bon. Tu ravales toute plainte avec la force de l'habitude et tu forces. Un pas et puis l'autre. Pour ne pas que ta tête explose.

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There’s always been a disconnect running from my heart to my head and no it’s never made much sense. I’ve been feeling so distant, can you be the one to connect? Pick up all the pieces again? As long as they don’t separate you from me I’ll be fine.

JAGUARS DU SUD

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

Quand j'entendis les premières toux s'intensifier et que je vis, pas loin de moi, un Jaguar cracher du sang, je compris la gravité de ce qui aurait pu être un simple refroidissement, vu les signes à l'origine de tout ce bazar. Mon premier réflexe fut de prendre mes distances parce que, même si je ne souhaitais la mort de personne, je tenais encore plus particulièrement à la vie. Je n'avais pas peur d'être salie, j'avais connu des conditions beaucoup plus difficiles en tant que Libre et même en tant que Jaguar, fut une époque. J'avais plutôt peur de crever bêtement après tant d'années de lutte, même si cette lutte était derrière moi depuis un moment, mais c'était connu, les réflexes étaient beaucoup trop ancrés, beaucoup trop primitifs.

Même en cherchant bien, je ne trouvais aucun endroit complètement à l'abri de ce bordel et l'espace d'un instant, j'avais envisagé d'aller voir plus loin, suffisamment que pour ne pas être proches des malades et de ceux qui les aidaient bien volontiers. Contre tout attente - et malgré ma première idée, celle d'une Sawyer forte et résistante qui se serait trouvé un coin -, je découvris sa silhouette et ce ne fut pas compliqué de remarquer qu'elle n'était pas dans son assiette. Je ne laissais plus la place au doute, mon objectif était clair, la soutenir et être là pour l'accompagner dans cette horreur. J'aurais pu éviter n'importe qui mais pas elle. D'un coup, tout prenait plus d'ampleur dans mon cœur et j'étais prête à risquer d'attraper cette crasse à mon tour. Pour ne pas l'effrayer, quand je fus dans son périmètre, je me fis plus petite. « Sawyer, c'est moi. » Je n'avais pas besoin de préciser qui était ce moi. Elle me connaissait trop bien. « Je vais t'aider. Laisse-toi faire et appuie-toi sur moi. » J'étais tout juste plus grande qu'elle, ce qui lui permettrait de ne pas trop se faire mal. Je passai mon bras dans son dos et sous son aisselle, à l'opposé de ma position, et l'aidai à enrouler son bras autour de ma nuque. « On va se trouver un endroit au calme, loin de tout ce bazar mais au chaud. »

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La réunion pour discuter de tout ça semblait si lointaine. Spectatrice d'un désordre auquel elle avait participé, Yulia fut prise d'un doute. Elle avait pris la route avec la ferme intention de se venger des dragons à la première occasion venue. Elle avait été pleine de haine, mais ce qui avait été une flamme n'était plus qu'une braise. Suffisamment présente pour que l'émotion reste là sans être réellement destructrice tant qu'on ne venait pas la chipoter. Certaines choses avaient changées en quelques jours. Une nouvelle poche de pus avait été percée et, si elle ne sentait pas bien pour autant, Yulia avait au moins l'impression de pouvoir respirer plus aisément par moment. Malgré tout, elle n'avait pas réellement hésité lorsqu'il avait fallu mettre le plan en place. Tout avait été si bien orchestré par James. Il n'avait plus manqué qu'une poussée qu'elle avait laissé aux deux gradées qu'étaient June et elle.

Désormais tout était réel. Les premiers effets apparaissaient. Yulia s'était volontairement isolée. Lâchement, elle n'avait pas voulu voir le début des signes de souffrance se manifester chez ses proches. C'était le plus difficile. L'empoisonnement ne visait personne en particulier. Toutes les personnes se trouvant dans la zone étaient susceptibles d'y succomber.

Elle comprise.

Sa chute avait commencée par des céphalées caractéristiques. Elle sentait ses joues chauffer et sa bouche s'assécher, annonce d'une fièvre montante. La faiblesse viendrait ensuite. Puis, le sang. Mais elle n'en avait pas besoin de plus pour être persuadée d'avoir chopé la maladie. Yulia s'était installée dans un coin pour s'éviter un accident qui aggraverait le tout. Elle était appuyée contre son sac, les bras serrées autour de son corps pour combattre les tremblements dans ses membres.

— Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. tenta-t-elle de se rassurer dans un murmure.

Ça ou la mort.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

Tout était devenu bizarre et glauque. Je discutais avec Mia quand elle avait commencé à tousser et à se plaindre de céphalées. Sa soeur avait foncé vers nous pour s'occuper d'elle quand je décidai d'entreprendre mes propres recherches. Je n'avais pas cinquante mille personnes en tête, je m'inquiétais essentiellement pour mes amis Vipères, mes amis patrouilleurs mais celle qui occupait toutes mes pensées, c'était Yulia. Nous venions tout juste de nous retrouver, il n'était pas question de l'abandonner à un sort potentiellement funeste. Une toux et des céphalées, ce n'était pas grand-chose, a priori, mais certains crachaient du sang et on parlait de quelque chose de plus important qu'un simple refroidissement qui, dans nos conditions, pouvaient suffire à tuer les plus fragiles. Elle n'était pas fragile, ce n'était pourtant pas une raison pour la laisser de côté si jamais elle était touchée, elle aussi, par cette maladie soudaine et drôlement contagieuse. En tout cas, c'était l'impression que ça laissait.

« Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. » J'avais entendu sa voix, malgré les bruits alentours, ce qui signifiait qu'elle ne devait pas être bien loin, même toute proche. Elle était dans un coin, à l'abri de l'agitation, recroquevillée, comme une pauvre malheureuse. La découvrir dans cet état fit monter l'angoisse. Je m'étais approchée, m'accroupissant pour ne pas lui donner le vertige, en plus des autres symptômes. « Qu'est-ce que tu ressens ? Tu veux un peu d'eau ou une couverture supplémentaire ? » Je faisais tout pour ne pas devenir folle, ça n'arrangerait rien. Il fallait que j'évite de trop lui montrer mon inquiétude, tant que je ne savais pas à quel point elle était elle-même inquiète.

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DRAGONS DU NORD · Messages : 93 âge du personnage : dix-neuf ans.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

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Répugnant. Voilà ce qu'il pensait sagement posé bien à l'écart de la foule de malades. L'avantage de ne plus être Second était bien qu'il n'avait plus rien à prouver. Retour à son égoïsme primaire avec une joie à peine dissimulée. Il pouvait crever par dizaine, il n'avait rien à donner aux dragons, aucune directive à offrir dans tout ce bazar. Il n'avait qu'à prendre soin de lui et c'était suffisant. Est-ce qu'il se faisait un peu de mourons pour certains éléments ? Il n'allait pas cacher que oui, ça la dérangerait de perdre quelques alliés ou simples connaissances avec sa nouvelle situation de gradés déchus. Était-ce assez que pour qu'il n'accepter de passer du temps au milieu des ces échanges de fluides douteux, de toux et de corps poisseux de sueur ? Définitivement, non ! Il était soulagé de ne pas compter parmi les victimes de cette maladie soudaine. Soulagé aussi que Loukas y ait échappé aussi. Il l'avait vue quelque part avant de disparaître et il n'allait pas tarder à aller à sa recherche. Elle ne devait pas en mener large avec toutes ces personnes inquiètes, apeurées et en colère autour d'elle. Ça devait jouer sur son état. Et il n'y avait bien qu'elle qui puisse le motiver à quitter sa cachette. Il appréciait toujours aussi peu l'idée, et de ce fait, il s'était préparé. Ce n'était même pas une question de tomber malade ou non, il exécrait l'idée même qu'une main dégoûtante vienne lui effleurer la peau. Alors il s'était couvert le plus possible, foulard sur le visage, mains gantées, bonnet fixé sur les cheveux...qu'est-ce qu'il ferait pas pour sa Bonnie. Pas intérêt à faire des vagues parce qu'elle voulait s'occuper d'il ne savait qui. S'avançant prudemment entre les malades et ceux qui s'en occupaient, il appelait en boucle. Loukas!

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Année 41 - saison intermédiaire (jour 85)
Du calme. Elle est sans doute avec l'idiote. Trop occupée à se charger d'elle. C'est idiot comme pensée. Pourtant tu ne peux pas t'empêcher de te dire que Sofia sera sans doute la première à tomber. Impossible que June succombe. Ce n'était pas son genre. Mais tu préférerais quand même lui mettre la main dessus pour en être sûre. Juste un regard et tu serais tranquillisée. Mais tu tournes depuis de douloureuses minutes, incapable d'apercevoir un seul morceau de la tignasse sombre de ta sœur. Si elle était plus grande aussi. Ta taille à toi devrait t'aider à voir au-dessus des têtes. Mais apparemment ce n'est pas le cas. « Oof. » Tu viens de percuter quelqu'un de plein fouet, sûrement trop distraite que tu étais quoi que tu puisses en dire. Un réflexe t'avait fait lui saisir le bras, ton autre main se posant sur son épaule pour la stabiliser. « Fais gaffe, gamine. » Tous les petits n'étaient pas jeunes mais certaines habitudes s'installaient. Aussi ridicules soit-elle puisque tu ne faisais pas exactement partie de la frange la plus vieille de la population. « Où est-ce que tu vas comme ça ? » En baissant les yeux tu n'avais pas pu t'empêcher de constater les signes. Le souffle court, la peau pâle, la sueur. Elle souffrait comme les autres. Pour cette raison elle n'aurait pas dû être debout.

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Année 41 - saison intermédiaire (jour 85)
« Je trouverai une solution. J'ai peut-être même de quoi me réchauffer dans mon sac mais le plus important, c'est que tu ne te refroidisses pas en plus. » Elle te semble trop sympathique pour son propre bien. C'était fou de penser que dans cette situation, même avec tout ce qu'il se passait en ville, il existait encore des gens pour aider des inconnus. Tu avais beau dire cela t'arrivait aussi. Mais il est toujours plus curieux de voir ce genre de comportement chez les autres. La vie parmi les Fines Lames t'avait habituée à un certain standard. Même si comme partout il y avait des exceptions. Consciente que c'était dans ton intérêt et qu'elle était en droit de faire ce qu'elle voulait avec ses affaires, tu avais accepté la veste. Soulagée par le soudain apport de chaleur. « Appuie-toi. Je ne te prépare pas de coup foireux et je suis plus forte que j'en ai l'air. Alors, s'il te plaît, laisse-toi soutenir jusqu'à ce qu'on soit plus à l'écart. » Ce n'est sûrement pas le plus prudent. Tu devrais aller vers les Dragons et non t'en éloigner. On pouvait dire ce qu'on voulait sur eux, ils représentaient la sécurité. Mais tu te vois mal faire cette réclamation à une étrangère. Qu'elle ne connaisse pas ton clan restait une bonne chose. « Ok. » Tu n'avais pu qu’acquiescer. Même si tu avais eu une fierté de la taille de Moacir, tu n'aurais eu d'autre choix que de transférer un peu de ton poids sur elle à cause de la faiblesse dans tes jambes. « Merci. Pour l'aide. Et la veste. »

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« Ok. » Elle était toujours coopérative, au moins en apparence et j'en étais soulagée. Batailler avec quelqu'un qui, par fierté, préférait se laisser mourir que d'être aidé me ferait perdre mon temps et le sien mais j'avais appris avec le temps qu'on ne pouvait forcer personne, pas même les personnes pour lesquelles on pouvait drôlement s'inquiéter. Je ne pouvais pas prendre le risque de m'épuiser mentalement et physiquement pour quelqu'un qui n'était pas prêt à se faire aider et le risque, indirect, de tomber malade à cause de cette fameuse fatigue.

« Merci. Pour l'aide. Et la veste. » Je lui offris un sourire en guise de réponse, un peu étonnée de sa politesse. Tout le monde ne vous remerciait pas pour vos gestes altruistes, soit par fierté, soit parce qu'ils n'étaient pas habitués à être réellement aidés. Tout en m'assurant de la maintenir, je m'abaissai et après un enchaînement de mouvements, non sans crainte de la lâcher par inadvertance, je déposai sa tête sur mon sac d'où j'avais extrait une couverture pour l'enrouler autour de moi. « Tu devrais boire. Je peux trouver ta gourde quelque part ? » Je ne comptais pas fouiller ses affaires sans son consentement explicite. Il ne faudrait pas qu'elle me prenne pour une voleuse. « Est-ce que je peux prévenir quelqu'un que tu connais ? Tu seras peut-être plus à l'aise. » Rester ne me posait pas de problème, Esfir était sûrement entre de bonnes mains, malade ou pas. C'était sûrement la même chose pour Yulia.

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Connaître la vérité aidait. Cela signifiait aussi que Yulia savait à quel point elle allait souffrir mais au moins elle n'était pas dans l'incompréhension la plus totale. Elle savait ce qui lui arrivait et elle savait aussi pourquoi. Le plan était tellement plus grand. Savoir s'accompagnait aussi de beaucoup de culpabilité. Pour cette raison, elle fut soulagée de constater que Len ne semblait pas malade lorsqu'elle approcha. Il lui était impossible de louper son inquiétude - Leonor était comme ça - mais au moins elle n'aurait pas à traverser cette épreuve. Ça ne signifiait pas non plus qu'elle ne souffrirait pas. Sur ce point, il n'y avait rien à faire. Elle pouvait difficilement soulager son inquiétude et cela ne s'améliorerait pas.

Yulia s'efforça tout de même de lui sourire avant de se crisper sous un élancement au niveau de ses tempes.

— Mal à la tête. souffla-t-elle. Je veux bien un peu d'eau.

Une part d'elle se sentait gênée d'accepter le confort. Ce qui se produisait était en partie de sa faute. Elle ramassait ce qu'elle avait semé. Mais cette attitude ne passerait pas avec Len. En refusant d'être aidée, elle lui compliquerait la tâche.

— Tu as vu les autres ?

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

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« Mal à la tête. Je veux bien un peu d'eau. » A sa façon de répondre, c'était clair qu'elle n'allait pas bien et qu'elle était tombée malade, elle aussi. Ça ne me mettait pas dans une position confortable parce que c'était toujours plus compliqué de prendre de la distance quand un proche, comme une meilleure amie, était dans un piteux état que quand il s'agissait d'un inconnu. Je n'étais pas sans cœur, loin de là, mais ça me touchait beaucoup moins, c'était logique. J'étais en train de fouiller dans son sac pour y dénicher sa gourde, heureusement remplie, pour la lui tendre quand elle avait continué sur sa lancée. « Tu as vu les autres ? » Elle m'avait posé une question piège. Fallait-il être honnête et l'inquiéter ou lui mentir pour la soulager un peu ? C'était risqué dans tous les cas. Je lui tendis finalement la gourde. « S'ils n'ont pas trop bougé, je sais où ils sont mais je ne sais pas dans quel état ils sont. Mais ta famille a toujours été solide, je leur fais confiance et je nous fais confiance pour les retrouver. » Un mensonge pas trop important, juste de quoi lui mettre un peu de baume au cœur et du courage.

AVENGEDINCHAINS

VIPERES DE L'OUEST

♛ campement des malades H1

A41 SI J85
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L'expérience était douloureusement familière. Elle faisait écho à ce moment, quelques années plus tôt, où elle avait attrapé un mauvais rhume et s'était retrouvé clouée au lit durant des jours. Cette douleur qui pulsait dans le fond de sa tête y ressemblait, de même que cette pression qu'elle sentait grandir dans sa poitrine. Cette impression de solitude extrême était tout aussi similaire. Pour autant, elle ne faisait que chercher à s'éloigner plus encore, cherchant désespérément un trou où aller s'enterrer en attendant que la crise passe. Si elle passait. Elle évitait d'y penser. Si la mort ne l'effrayait pas, elle ne la tentait pas non plus. Elle ne souhaitait par contre pas se retrouver en compagnie d'une personne qui déciderait de l'aider pour se donner bonne conscience. Elle n'avait besoin de la pitié de personne. Comme trop souvent, ses envies furent niées en bloc par une géante sortie de nulle part qu'elle percuta de plein fouet. Une erreur qu'elle n'aurait pas commise en temps normal, mais ses réflexes souffraient déjà d'une céphalée qui se faisait de plus en plus présente dans son crâne.

- Lâche-moi !

Cette faiblesse qu'elle ressentait en se débattant n'aidait vraiment pas ses humeurs. L'autre n'avait fait que l'aider, mais c'était plus fort qu'elle, cette intrusion si soudaine dans son espèce vital lui avait déplu. Plus encore que ce commentaire loin d'être délicat.

- Crever dans un coin. C'est pas ton problème.

CODAGE PAR AMATIS

VIPÈRES DE L'OUEST

L'eau représentait un répit bienvenu. Elle savait aussi qu'elle en aurait besoin durant les prochaines heures. Un besoin vital pour aider son corps à tenir le coup. Elle prit donc le temps de boire doucement, emmagasinant gorgée par gorgée pour le combat à venir. Yulia se savait chanceuse de connaître la vérité. Une part d'elle aurait voulu glisser des conseils à Leonor mais cette dernière n'était pas idiote : elle aurait fini par comprendre. La dernière chose qu'elle souhaitait était de l'embarquer dans une histoire qui ne la concernait pas. Il y aurait déjà bien assez de dégâts collatéraux.

Elle ne savait pas si elle était soulagée ou non par la réponse fournie. Ne pas savoir pouvait aussi parfois être un luxe. D'un autre côté, cela signifiait aussi que rien ne pourrait calmer son inquiétude. Yulia se força à souffler lentement par le nez, rendant la gourde à Leonor.

— Prends soin d'eux pour moi. S'il te plaît. Je sais que je n'ai pas été douée pour le montrer. Mais t'es la personne en qui j'ai le plus confiance. Si jamais-

Quelque chose de dérangeant au fond de sa gorge la força à tousser. Ses pensées devenaient plus sombres avec chaque instant qui passait. Chaque seconde renforçait cette sensation d'avoir trop de choses à dire. Yulia était douloureusement consciente de tout ce qu'elle avait encore à faire. De toutes ces personnes auprès desquelles elle devait se racheter.

Elle chercha la main de Leonor et la serra des deux siennes. Elle ne savait pas trop quoi dire. Ses idées s'accordaient mal et l'empêchaient de trouver les mots prioritaires. Alors Yulia se contenta de serrer sa main, les yeux fixés dans les siens. Elle ne pouvait qu'espérer que ce serait suffisant pour que Len comprenne à quel point elle comptait pour elle.

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you're going to lose yourself from time to time. come back to what your heart knows. no matter how long you've been gone, come back.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

C'était idiot mais je la regardais boire, prête à réagir au moindre signe de faiblesse, prête à la soutenir si son corps la lâchait. J'avais dû aider mon père qui avait souffert d'un bon refroidissement lors d'une saison meurtrière. Je n'étais pas une experte mais j'étais consciente du fait que même la personne la plus résiliente pouvait devenir dépendante de l'aide de quelqu'un dans ce genre de situation. « Prends soin d'eux pour moi. S'il te plaît. Je sais que je n'ai pas été douée pour le montrer. Mais t'es la personne en qui j'ai le plus confiance. Si jamais- » Je serrai ma main autour de la gourde, choquée et indignée par ce que j'entendais. On pouvait me prétendre qu'elle faisait preuve de maturité, je la trouvais surtout parfaitement injuste.

Elle pouvait me serrer la main et me regarder dans les yeux, elle avait franchi les limites et je n'étais pas près de lui pardonner d'avoir osé imaginer qu'elle pouvait me laisser aussi facilement. « Comment tu oses penser ça ? Arrête. Arrête tout de suite. » D'autres choses voulaient sortir mais je ne comptais pas lui miner le moral. Je voulais seulement qu'elle arrête de raconter des conneries qui me blessaient et qui me foutaient la trouille.

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DRAGONS DU NORD

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année 41 ; saison intermédiaire ; jour 85

campement des malades H1

Mais bon dieu, où est-ce que cet idiot avait bien pu aller se fourrer ?! Lorsque les premiers signes étaient apparus, mon unique réflexe avait été le suivant : mettre la main sur Jayden. Il y avait bien d'autres gens dont je me souciais, mais personne avec qui c'était pareil. Personne qui comptait autant. Il était ma priorité et je ne comptais pas chercher un endroit où m'abriter tant que je ne l'aurais pas trouvé. Malgré cette angoisse qui montait, ces émotions qui semblaient s'insinuer en moi par tous les pores de ma peau, je tâchais de faire front. De rester focus sur mon objectif. J'avais pris un soin tout particulier à ne croiser le regard de personne. J'avais même ignoré toutes les voix qui avaient pu tenter de m'appeler. A l'exception d'une qui me fit piler net. Il me fallut quelques instants à regarder autour de moi avant de l'apercevoir. Il avait beau ne pas passer inaperçu avec sa dégaine de bonhomme de fringues, mes yeux lui étaient quand même passés une fois dessus sans que je ne percute.

- Jay !

Il était debout donc sain. Il le fallait. Je n'aurais accepté aucune autre option. Si ce fumier avait été malade et qu'il n'y passait pas, je l'aurais achevé moi-même pour cette trouille qu'il m'aurait fait. Le scénario catastrophe semblait néanmoins évité. Je m'empressais de le rejoindre, m'accrochant à sa main gantée.

- T'as rien ?

Le stress faisant trembler mes mains, je m'étais perchée sur la pointe des pieds pour écarter un peu son écharpe et son bonnet. Juste pour vérifier qu'il n'y avait pas de trace suspecte ou de signe de fièvre. Alors seulement, lorsque ses protections avaient été remises en place, je m'étais permise un soupir, mon front tombant contre son torse.

- J'ai eu la trouille. Je te voyais nulle part.

AVENGEDINCHAINS

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I'm not lazy

I'm on energy saving mode

due to unfortunate circumstances, im up

VIPÈRES DE L'OUEST

La réaction n'était pas anormale. C'était de Leonor dont on parlait. Et même, n'importe qui se serait sans doute indigner qu'un proche envisage cette possibilité. Yulia n'avait pas pu s'en empêcher. Elle savait à quoi s'attendre après tout. Il n'y avait pas que ça. Ce qui était arrivé à Anton se rappelait plus douloureusement encore, maintenant qu'elle le vivait. Avait-il ressenti la même chose qu'elle lorsque la maladie avait commencé à s'installer ? Est-ce qu'il avait eu peur de mourir ? Les idées grondaient trop bruyamment dans l'esprit de Yulia. Ne pas avoir pu être là pour son frère, lui dire au revoir, avait laissé sa marque. Elle ne pouvait qu'espérer qu'il n'était pas mort en laissant trop de regrets derrière lui. Une question à laquelle elle n'aurait jamais de réponse.

— Je peux pas m'en empêcher, Len. Après Anton... souffla-t-elle.

Le coup devait être dur à encaisser pour Leonor. Elle le savait bien. La tireuse ne cherchait pas exactement à la préparer au pire.

— Je voulais être sûre que tu saches. Au cas où. Ça veut pas dire que je veux mourir. Que l'idée me fout pas la trouille.

Sa voix trembla un peu mais le verbaliser était important pour elle. C'était une part du processus. Malgré tout ce qui s'était produit et les erreurs qu'elle avait faites, son désir d'exister persistait.

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you're going to lose yourself from time to time. come back to what your heart knows. no matter how long you've been gone, come back.

DRAGONS DU NORD

campement des malades h1
Année 41 – saison intermédiaire (journée 82)

Il te faut une solution. Un endroit où aller. Même s'il est moins confortable. C'est un détail. Il faut que tu t'isoles. Parce que c'est toujours comme ça que tu te sens le plus en sécurité. Mensonge. Non, non, non. N'y pense pas. Ce n'est pas le moment. Tu n'as pas le droit de nourrir des regrets maintenant. Tu dois tout mettre derrière. Aucune autre option. « Sawyer, c'est moi. » Tu sursautes nettement mais elle est déjà dans ton espace. Tu ne sais pas exactement comment réagir. Confuse quant à sa présence. « Je vais t'aider. Laisse-toi faire et appuie-toi sur moi. » Tu devrais sans doute la chasser. Ce n'est pas une bonne idée qu'elle soit ici. Mais tu ne parviens qu'à te tendre lorsqu'elle se place en appui. « On va se trouver un endroit au calme, loin de tout ce bazar mais au chaud. » Elle est trop décidée et tu manques de force. « Tu devrais partir tant que tu vas bien. Planque toi quelque part. » Tu ne mérites pas qu'elle prenne ce risque pour toi. C'est de la folie.

JAGUARS DU SUD

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H1

« Tu devrais partir tant que tu vas bien. Planque toi quelque part. » Sa réaction ne m'étonnait pas du tout, j'aurais certainement eu la même si elle avait cherché à m'aider mais je ne pouvais décemment pas la laisser là. Je lui avais dit non de la tête très clairement avant de m'obstiner. Je ne pouvais pas la laisser derrière moi dans le seul but de me préserver à tout prix. Elle était têtue mais je l'étais sûrement plus.

« Arrête de raconter des conneries. » J'avais tenté d'avancer progressivement malgré sa proposition et j'espérais qu'elle coopérerait tôt ou tard pour me faciliter la tâche et lui offrir un abri, loin des autres. Je lui devais bien ça. Et j'avais envie de lui être utile pour une fois. « Suis-moi. Je sais bien que tu as tes limites mais tu crois que tu peux me faire confiance ? » Je ne voulais pas m'imposer mais j'avais besoin de l'entendre dire qu'elle me faisait confiance, même après mes propres conneries. Je refusais d'admettre que Roxanne puisse avoir raison et tant pis si les autres Dragons étaient comme elle les avait décrits.

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