(topic commun) campement de malades H6

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campement de malades H6

intrigue 4.4

Les premiers morts sont comptés et aucun signe d'amélioration n'est réellement visible. Les seuls moments de répit semblent venir des phases d'inconscience des malades.

DRAGONS DU NORD

CAMPEMENT DES MALADES H6
Année 41 - saison intermédiaire (nuit 85)

« Fitz ? » Il est presque étrange de briser le silence. Tu n'as pas dit grand chose entre les crises d'Alecto. Juste quelques paroles rassurantes. Autant pour toi que pour elle. Le repos ne semble pas changer grand chose et tu as la sensation que beaucoup trop de temps s'écoule. Tout ce sang qu'elle crache et la fièvre ne peuvent pas être bons sur le long terme. Dès qu'une question tente de s'inviter dans ta tête, de te faire douter plus encore, tu la chasses rapidement. Tu n'as pas le temps pour ça. Pas le temps pour des si et déjà beaucoup trop d'inquiétudes. Et une part de toi s'en veut qu'elle ne lui soit pas toutes adressées. Tu l'acceptes avec un fond de culpabilité parce que cela fait un moment déjà que tu sais que Yulia provoque ce genre de choses en toi et que lutter ne t'apportera rien. L'énergie aussi commence à manquer. Cela fait des heures que la situation a tourné au chaos et la journée avait déjà été long. Ton corps le ressent mais tu serais bien incapable de faire quoi que ce soit à ce sujet. Incapable de dormir pendant qu'elles souffrent. Incapable de laisser ta cousine livrée à elle-même. « Tu vas devoir me rendre un service. » Pourtant tu as déjà trop réfléchi que pour ne pas avoir une idée derrière la tête. De tous les gens qui t'entourent tu sais que c'est à lui que tu peux faire le plus confiance. Il sait combien elle compte pour toi. Il sait aussi pourquoi tu as ce besoin de t'éclipser quelques instants. Tu n'essayeras pas de le prendre pour un idiot. Tu t'en es trop souvent mordue les doigts. Il faut que tu saches si Yulia va bien. Que tu sois fixée. Tu n'es pas certaine de ce que tu feras si jamais elle est souffrante elle aussi, comment tu réagiras. Mais au moins il n'y aura plus ce doute.

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♛ campement des malades H6

A41 SI J85 (nuit)
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Il n'y avait pas grand chose qu'il pouvait faire. Ou plutôt, pas grand chose qu'elle lui laissait faire. Violette avait toujours été du genre à se débrouiller seule, s'étouffant sous un peu trop de fierté qu'elle apprenait à relâcher par moment, mais, ici, c'était encore différent. Avec l'inquiétude qui la rongeait, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'elle refuse de laisser un centimètre de pouvoir à quelqu'un d'autre. L'éducation dragonne ne vous apprenait pas forcément à vous reposer sur vos pairs. Pour autant, cela ne l'empêchait pas de faire tout ce qu'il pouvait pour lui faciliter la vie. Cela avait beau se limiter à garder le feu alimenté et à remplir des gourdes, parvenant parfois même à la faire boire un peu elle-même, il estimait que c'était déjà ça. Le reste du temps avait été passé à observer une situation qui s'empirait. Il ne l'avouerait jamais, mais même lui n'était pas si à l'aise que ça quant à l'état d'Alecto. Si il venait à lui arriver quoi que ce soit, il savait que les dégâts seraient irréparables et il ne pouvait donc qu'espérer que cette force de caractère dont elle avait fait preuve depuis qu'il la connaissait aiderait.

- Hm ?

Il s'était tourné, scrutant sa Lieutenant dans l'obscurité uniquement cassée par les multiples feux qui brûlaient dans les alentours. La fragilité dans sa voix le poussait à se questionner et, pendant une seconde, il se demanda si elle allait lui parler de cette fille. Quelque chose le laissait à penser que cette supposition était la bonne, il y avait quelque chose de trop hésitant chez Violette. Quelque chose qui lui rappelait ce jour à la fin de la saison polaire où elle lui avait enfin parlé du problème. Même ce qui aurait pu être un ordre sonnait comme une demande. Il posa un regard sur la silhouette inconsciente de la cousine et soupira longuement.

- Je suppose que tu veux que je garde un œil sur elle ?

Ne pas en faire tout un plat. Il avait appris que c'était encore la meilleure façon de réagir avec elle s'il ne voulait pas qu'elle se braque. Il y avait beaucoup de questions qu'il voulait poser, mais le moment n'était pas opportun et il doutait sincèrement qu'il aurait reçu des réponses satisfaisantes. Ce n'était de toute façon pas comme s'il voyait une autre raison pour elle d'agir de la sorte. Si elle avait voulu accomplir son rôle de Lieutenant, cette tension dans l'air n'aurait pas existé.

- Fais gaffe, Violette. Demain peut venir avec des regrets.

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CAMPEMENT DES MALADES H6
Année 41 - saison intermédiaire (nuit 85)

Tu te sens trop fragile dès qu'il s'agit de Yulia. Sans doute le seras-tu toujours. Tu avais pourtant cru que votre conversation changerait la donne mais voilà que tu reviens en courant à la moindre peur. Une part de toi est consciente que c'est naturel. Que tu le fais pour toi aussi. C'est toi que tu veux rassurer. Il y a aussi cette envie de lui procurer de la sécurité si tu le peux mais tu es plus douée pour enfouir l'idée. Ce n'est de toute façon pas comme si cela t'était possible. Tu ne peux pas te le permettre, tu n'as même pas ce droit. Vous n'êtes qu'un passé douloureux. Tu ne crains pas vraiment qu'il refuse de t'aider, il s'est toujours avéré fidèle. Mais tu n'aimes pas ce soupir. Il dit trop de choses. « Je suppose que tu veux que je garde un œil sur elle ? » Que tu sois si prévisible t'inquiéterait si ce n'était pas lui. Tu n'as qu'un hochement de tête en réponse, ta voix restant bloquée dans ta gorge. Tu n'es pas certaine de ce que tu aurais pu dire de plus. Tu n'as ni l'envie, ni la force de t'expliquer. « Fais gaffe, Violette. Demain peut venir avec des regrets. » La mise en garde n'est pas apprécié. Ton regard est tombé brusquement sur lui. Plus tranchant. S'il est un compagnon fidèle, il n'empêche qu'il peut parfois faire preuve d'une franchise bordant l'insubordination. Quelque chose que tu ne peux pas exactement lui reprocher. Votre relation est trop enfoncée dans la sphère personnelle désormais. Vous êtes seul à seul et c'est un service que tu lui demandes. Il se comporte donc comme l'ami qu'il est. Mais un vieux reste de votre ancienne dynamique te pousse à te crisper. Tout simplement car tu n'es toujours pas habituée à avoir de réels amis peut-être. « Comme tous les jours. » Tu te contentes de grommeler en te relevant. Peut-être regretteras-tu mais tu regretteras aussi de ne pas l'avoir cherché. A choisir tu préfères agir plutôt que de te laisser ronger par l'anxiété. La trouver se révèle au final assez aisé. Tu l'as suffisamment observée ces derniers jours pour connaître les visages de ceux qui gravitent autour d'elle. C'est ça qui t'aide. La chance est aussi sûrement de ton côté. Mais ça ne fait pas tout. La trouver est l'étape la plus facile. Bien entourée heureusement. Mais malade. Tes pieds t'ont portés vers le groupe sans que tu n'y puisses quoi que ce soit. Tu t'étais pourtant arrêté au bout d'un moment, trop consciente de tous ces gens. Impossible de l'approcher discrètement. Il y avait à ses côtés cette fille vue lors d'une patrouille. Te voilà trop lâche pour faire quoi que ce soit. Alors tu restes plantée là comme une idiote. Le ventre noué et le cœur battant trop vite.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

J'avais réussi à me faire une place au sein du petit campement improvisé et surtout au sein de cette famille sans trop de difficulté, certainement parce qu'ils avaient appris à me connaître, non sans méfiance dans un premier temps, et avaient jugé que je n'étais pas quelqu'un de mauvais. Certains, dont Oksana, avaient réussi à me dire qu'ils étaient contents de me savoir dans l'environnement de Yulia, d'autres me le faisaient comprendre en étant moins sur mon dos. Aux côtés de Yulia, je jetais régulièrement un œil en direction d'Esfir mais également d'Ella et de Grey, deux personnes que j'avais également appris à apprivoiser par le biais de celle qui était mon amie la plus chère au monde, celle qui m'avait acceptée malgré mes travers. Avec Oksana, Thiago et Anya, nous nous chargions à tour de rôle des malades, de vérifier le niveau des gourdes et de ravitailler le feu autour duquel nous étions. Dans tout ce bazar, une chose me travaillait, la présence d'une fille qui ressemblait beaucoup trop à ma meilleure amie pour que ce soit anodin. J'allais devoir interroger Oksana dès que l'occasion se présentait, histoire de laisser à Yulia le temps de se remettre, parce qu'elle allait forcément s'en remettre, il n'y avait aucune autre issue possible.

Rapidement, j'en oubliai cette fille inconnue au bataillon pour quelqu'un de plus grand et d'encore plus paumé. J'avais croisé son regard avant qu'elle ne fuie le mien. Ce n'était pas compliqué de comprendre ce qui la maintenait là, au beau milieu d'un bordel plus ou moins organisé. J'avais profité de l'occasion, demandant à Oksana de surveiller Yulia le temps que je m'occupe d'une affaire urgente. Anya s'affolerait bien plus qu'Oksana, rien de nouveau, alors il valait mieux demander de l'aide à la plus jeune. Un dernier regard en direction de Yulia et j'attrapais la brune par le bras pour nous éloigner. Si on restait trop près de la famille, elle grillerait sa précieuse couverture. Elle n'était pas très coopérative mais la surprise fut une précieuse alliée, elle n'avait pas eu le temps de me remballer. « Je la surveille depuis le début. Je ne l'ai pas laissée un seul instant toute seule depuis qu'elle est dans cet état. Et ceux qui sont autour, c'est sa famille, donc elle est entre de bonnes mains. Yulia ne laissera pas quoi que ce soit la battre. » Je savais qu'il fallait commencer comme ça si je voulais avoir son attention.

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Année 41 - saison intermédiaire (nuit 85)

Tu n'as aucune idée de l'identité de cette fille. Quelqu'un de proche sans l'ombre d'un doute. Il suffisait de la voir au chevet de Yulia. Cette dernière semblait avoir l'art de se faire des relations. Elle savait indubitablement comment se faire aimer. Se faire pardonner aussi. Tu ne l'avais pas fait mais tu en avais ressenti l'envie. Ne pas le faire avait été une lutte. Parce que Yulia, ta Yulia, avait ça dans le regard. Mais l'amour ne faisait pas tout. Il s'accompagnait parfois de trop de souffrance pour que cela soit supportable. Elle t'avait broyé le cœur et tu te devais à toi-même de ne pas gentiment le lui remettre entre les mains comme si rien ne s'était passé. Lorsqu'on t'agrippe par le bras, ton premier réflexe est de te débattre mais il ne te faut qu'une seconde pour capter qu'il s'agit de l'amie de Yulia et cela retient ton coup. Cela ne t'empêche pas de pester un peu et de t'arracher à sa poigne au bout de quelques instants. Faire une crise aurait attiré bien trop l'attention sur toi mais quand même. « Je la surveille depuis le début. Je ne l'ai pas laissée un seul instant toute seule depuis qu'elle est dans cet état. Et ceux qui sont autour, c'est sa famille, donc elle est entre de bonnes mains. Yulia ne laissera pas quoi que ce soit la battre. » Cela a le don de faire mourir au bord de tes lèvres tout commentaire ou insulte que tu aurais pu laisser s'échapper. Te savoir grillée n'est pas spécialement plaisant mais il n'y avait pas de miracle. Elle était là, ce jour-là dans le centre neutre. Elle t'avait vu enlacer Yulia sans te soucier des regards. « Je le sais ça. » Tu tonnes avec peu de vigueur dans la voix. Cette position n'a rien de confortable pour toi et tu ne sais pas comment t'y prendre. Pendant trop longtemps votre relation n'avait été qu'entre vous. Qu'une étrangère sache que tu te soucies d'elle est un grand pas. Malgré tout tu doutes. Il ne fallait pas grand chose pour y passer. « Je le sais. Mais ça veut pas dire que je me fais pas du mouron pour elle. » Tu le grommelles et c'est plus pour toi qu'autre chose mais ça ne change rien au fait qu'elle soit toujours là.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

Qu'elle râle un peu n'était pas une surprise, il fallait être aveugle ou complètement débile pour ne pas remarquer qu'elle était du genre fier et quand on était fier, on ne supportait pas d'être pris au dépourvu. C'était sa faute, rester plantée là, à observer Yulia sans piper un mot, c'était pas franchement le plan le plus malin au monde. Ce n'était pas sa première erreur, si son but était de rester discrète, elle avait enlacé Yulia sous mes yeux. Il aurait fallu me demander de fermer mes yeux parce que, à partir de là, on ne pouvait pas m'empêcher de faire le rapprochement. « Je le sais ça. » J'avais levé les yeux au ciel quand elle m'avait presque crié dessus, comme si j'étais la fautive dans l'histoire. Je comprenais un peu mieux qu'elle ait pu plaire à Yulia, mais j'avais eu l'intelligence et la bienveillance de garder ça pour moi. La blesser n'était pas mon but, d'autant qu'elle n'était pas celle qui avait brisé le cœur de l'autre.

« Je le sais. Mais ça veut pas dire que je me fais pas du mouron pour elle. » Qu'elle s'inquiète encore tant pour ma meilleure amie était bien la preuve qu'elle avait encore des sentiments pour elle et c'était logique, ça ne s'effaçait pas en un claquement de doigts, si c'était le véritable amour. Je ne la prenais pas en pitié mais je ne pouvais pas m'empêcher de trouver ça à la fois respectable et un peu triste. Même si Yulia comptait beaucoup pour moi, je ne souhaitais ce que cette Dragonne ressentait à personne. « Sous tes airs bourrus, t'es quelqu'un de bien. J'sais pas si on t'le dit souvent mais ouais, t'es vraiment quelqu'un de bien. » J'avais préféré à nouveau m'arrêter à temps, elle comprendrait le message implicite d'elle-même, mon but n'était pas de jouer avec son cœur. Elle avait déjà assez souffert.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

« Fais gaffe, Violette. Demain peut venir avec des regrets. » J'avais entendu ces mots comme s'ils venaient de loin et pourtant, je sentais comme une présence tout près de moi et quelque chose de flou quand j'ouvris les yeux pour la première fois depuis un petit moment. Quand ce qui m'apparaissait flou devint plus net, je découvris non pas Violette à mes côtés - en même temps, elle n'avait jamais eu les cheveux clairs - mais Numéro Deux, Numéro Un, qu'importe son pseudo. C'était Fitzroy et même s'il avait l'intérêt de Violette en tête, j'aurais préféré l'avoir elle à mes côtés plutôt que lui. Elle pensait certainement me laisser auprès de quelqu'un de confiance mais j'aurais peut-être encore préféré rester seule parce que sa technique d'espion de la dernière fois me restait en travers de la gorge. « Toi, évidemment. » Ma voix était faible et mon allure pitoyable mais je prétendais, du regard, être forte et sévère. Je ne me faisais pas d'illusion, il allait certainement en rigoler, ce qui n'était pas le but de tout ça. Ma respiration était toujours hachée, entrecoupée d'une toux violente et avec tout ça, j'avais le sentiment de ne plus avoir la moindre force dans mon corps. Même si j'avais voulu m'éloigner, c'était mal parti.

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DRAGONS DU NORD

CAMPEMENT DES MALADES H6
Année 41 - saison intermédiaire (nuit 85)

« Sous tes airs bourrus, t'es quelqu'un de bien. J'sais pas si on t'le dit souvent mais ouais, t'es vraiment quelqu'un de bien. » Tu en rigoles presque. Quelqu'un de bien ? Elle en a de bonnes. Tu n'as pas cette sensation. Est-ce qu'on était quelqu'un de bien parce qu'on s'en faisait pour quelqu'un d'autre ? Quelqu'un qui vous avait fait du mal ? Yulia t'a brisée mais te voilà avec la peur au fond du ventre pour elle. C'est ridicule de rester accrochée à elle de cette façon. Surtout après tes beaux discours. « Je ne suis qu'une idiote. » Tu souffles, le regard porté vers l'endroit où Yulia se trouve. Une idiote qui n'arrive pas à tourner la page et dont le cœur chavire encore. Bloquée dans un espèce d'entre-deux dont tu ne sais que faire.

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A41 SI J85 (nuit)
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Veiller une personne affaiblie n'avait jamais été son fort, mais ce n'était pas comme si il y avait grand chose à faire de base. Face à cette curieuse maladie, ils étaient tous démunis, même les sous-infirmiers n'ayant pas été fichus de se rendre réellement utiles. Avec Alecto, il savait pourtant qu'il allait devoir faire un réel effort pour ne pas qu'elle y passe durant l'absence de Violette s'il souhaitait garder la tête sur les épaules. Il espérait juste qu'elle continuerait à dormir, ce qu'elle faisait depuis un bon moment déjà. Il valait certainement mieux pour elle, dans cet état, il aurait préféré être inconscient. De cette façon, on avait moins l'occasion de s'inquiéter pour tout ce qu'il y avait autour et la souffrance était ressentie différemment. Il avait déjà assez comaté après s'être pris une dérouillée pour le savoir. Seulement, cette fille avait toujours l'art de vouloir se rebeller et le contredire, rien d'étonnant donc à ce qu'elle se réveille pas si longtemps que ça après la disparition de sa cousine. Il s'était instinctivement approché, un peu soucieux tout de même de la voir difficilement reprendre conscience.

- Que veux-tu, elle me fait confiance.

Que cette réplique était satisfaisante. Ce n'était pas anodin qu'elle lui ait confié à lui sa précieuse cadette et il était trop facile de s'en vanter face à elle. Il fouilla les affaires à côté d'eux pour récupérer une gourde pleine et fraîche et la lui présenta délicatement.

- Tu veux boire un coup ? Ça fait un petit temps que tu n'as plus rien avalé.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

« Je ne suis qu'une idiote. » Dit de façon aussi radical, c'était vachement blessant pour elle-même mais quelque part, le sous-entendu vis-à-vis de Yulia n'était pas faux. Yulia avait merdé mais je ne valais pas forcément mieux qu'elle en sortant avec des personnes qui tombaient quelques fois réellement amoureux de moi, même quand je les prévenais et quand je sentais que ça allait arriver. En plus de ça, qu'elle ait merdé ou non, je restais son amie et il n'était pas question de casser du sucre sur son dos, certainement pas quand elle était en train d'agoniser et quand on avait aucune certitude qu'elle allait s'en remettre à un moment ou un autre. D'autres étaient morts alors que je parlais avec cette fille au cœur brisé. « On peut voir ça comme ça ou se dire que t'es humaine, en fait. Crois-moi, je ne vaux pas forcément mieux que Yulia, j'en ai brisé des cœurs mais personne de ceux qui m'aimaient réellement semblaient se rappeler de cet amour une fois que c'était fini. Ouais, c'que j'te dis ne t'avance pas mais à Paris, c'est pas rien de réaliser que quelqu'un s'attache encore réellement et sincèrement à quelqu'un au point de ne pas lui vouloir de mal même après tout ça. » Je ne savais pas où ça nous menait mais j'avais cru bon de lui dire ce qui me touchait dans tout ce bazar difficile. M'excuser pour Yulia n'aiderait ni cette fille, ni Yulia. Alors, j'improvisais.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

« Que veux-tu, elle me fait confiance. » C'était là tout le problème, elle lui faisait confiance et ça ne me plaisait pas. J'en faisais des tonnes parce que je n'aimais pas afficher ma faiblesse devant n'importe qui mais, dans le fond, il ne m'avait jamais fait de mal et il avait gardé un secret, ce que tout le monde n'aurait pas fait, surtout pas chez les Dragons. Toutes les excuses étaient bonnes pour se tirer dans les pattes et le Test vous préparait largement à ça, quand vous n'étiez pas un non-natif habitué à ça depuis votre enfance. Je sentais que ça pulsait dans mes temps et je devenais folle mais je savais que je ne risquais pas grand-chose, voire rien du tout en sa présence. Ça ne signifiait pas que j'allais le lui dire explicitement.

Avec cette fatigue extrême, c'était une épreuve que de garder les yeux ouverts et de rester complètement conscient de la situation mais j'étais beaucoup trop têtue que pour laisser mon corps se reposer parce qu'il en avait le besoin. Il y avait beaucoup trop de monde autour de nous. « Tu veux boire un coup ? Ça fait un petit temps que tu n'as plus rien avalé. » Bouger ma tête pour acquiescer était un très mauvais plan. Parler était encore la meilleure solution. « Ok. » Je n'avais pas exactement le choix, boire était une nécessité si je ne voulais pas y passer pour de bon. Si ç'aurait été drôle de le voir se faire punir par Violette, j'étais moins tentée par l'idée d'y laisser ma peau. Je ne voulais pas quitter certaines personnes.

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A41 SI J85 (nuit)
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Dans cet état, elle faisait une opposante bien moins intéressante. Il s'était trop habitué aux répliques sèches et aux regards noirs qu'elle lui lançait lorsque Violette n'était pas dans les parages. C'était con à dire, mais elle s'était à sa façon fait une place de choix dans son existence et il espérait qu'elle se retaperait rapidement, pour que tout redevienne comme avant. Un détail changerait néanmoins. Il avait pu voir l'équilibre évoluer du côté de la Lieutenant et il ne doutait pas du fait qu'elle ne retournerait pas à son habitude de faire semblant d'ignorer l'existence de sa cousine de si tôt.

- Elle sera vite de retour.

Il s'était senti obligé de le glisser, tout en l'aidant à boire. Soupirant doucement, il la quitta des yeux un instant pour jeter un œil dans la direction vers laquelle la brune s'était dirigée. Il pouvait prétendre tout ce qu'il voulait, ce développement lui déplaisait et il craignait de la voir revenir trop amochée sentimentalement parlant.

- C'est juste sa faiblesse pour l'Ouest qui la tiraille encore.

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« Elle sera vite de retour. » C'était tout ce que je souhaitais, pas tant pour que Fitzroy s'en aille, même si je n'allais pas cracher dessus - pour le principe -, mais parce que je voulais qu'elle soit près de moi. J'étais égoïste mais j'avais l'impression que j'avais le droit de l'être quand j'étais dans cet état. Ça ne m'empêchait pas de comprendre qu'elle avait des choses à faire, qu'elle devait notamment s'assurer que les fines lames au moins allaient bien, il s'agissait de son équipe, après tout. Elle avait des obligations en tant que lieutenant et elle était certainement occupée avec ces devoirs précisément.

« C'est juste sa faiblesse pour l'Ouest qui la tiraille encore. » La tension accentuait la toux. J'avais cru naïvement qu'elle m'avait laissée entre les mains de Numéro Deux parce qu'elle devait s'occuper d'un détail en tant que lieutenant mais j'apprenais qu'elle me laissait de côté pour elle. Celle qui l'avait mise plus bas que terre. C'était une blague de très mauvais goût. « Elle est pas obligée de revenir. » J'étais mauvaise mais j'étais surtout blessée. Je ne pouvais pas l'empêcher de s'inquiéter pour quelqu'un mais ça faisait mal de constater qu'elle la préférait à moi, alors qu'elle était toxique. Oui, elle s'était occupée de moi et ça aurait dû me suffire et ça aurait pu me suffire si elle n'était pas partie la rejoindre.

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A41 SI J85 (nuit)

campement de malades H6

J'aurais dû m'y attendre. Ne pas être étonnée. La vie avait toujours cette façon étrange de me mener à elle. Que je le veuille ou non, à un moment ou à un autre, elle finissait par apparaître. Je n'aurais pourtant pas cru la trouver comme ça. Abattue par cette saloperie qui sévissait depuis des heures. Dès l'instant où j'avais pu trouver Sasha et m'assurer qu'elle n'était pas malade, le peu d'inquiétude que j'avais ressenti avait tout bonnement disparu. Je n'avais jamais eu peur pour moi de base. Quelque chose de facile lorsque l'on continuait à se rattacher à cette croyance que le moment n'était pas encore venu. De façon générale, je n'aimais pas perdre mon temps avec des réflexions philosophiques inutiles. Qu'était la mort, à part quelque chose contre lequel on ne pouvait pas lutter ? J'avais réchappé à beaucoup trop de trucs pour ne pas me croire increvable pendant un bout de temps encore. Le fait que je ne souffre d'aucun symptôme était une preuve de plus. Une de trop, presque. J'avais la chance insolente et l'attitude qui allait avec. Pourtant, en la remarquant auprès d'un feu, encore une fois un pur hasard, j'avais accusé le coup. Plus dérangée que je ne l'aurais cru de la voir dans cet état. Ma Némésis n'était pas faible, elle avait toujours les dents acérées et le regard tranchant. Mais les choses changeaient, beaucoup l'avaient déjà fait, et peut-être était-ce le cas ici aussi. Aujourd'hui, elle avait l'air si fragile avec sa peau pâle et ensanglantée.

- T'as pas intérêt à te laisser crever.

Je chassais distraitement les mèches sombres qui s'étaient collées à son front à cause de la sueur, mon propre geste m'échappant. Je n'aimais pas ça. Ce sentiment qui gonflait comme un ballon à l'intérieur de moi n'avait pas lieu d'être. Mais je n'en avais pas fait, il serait vite éclaté.

- Je m'emmerderais sans toi.

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Il aurait pu s'abstenir de préciser ce détail, mais il n'était pas assez gentil pour ça. Il n'avait pas non plus été aussi clair par cruauté, c'était juste la vérité. De toute évidence, elle l'avait mal pris au vu de sa réaction. Et elle ne s'en étouffait que plus. Un détail plus dérangeant, par contre. Il attendit que la toux se calme un peu pour lui passer rapidement un linge humide sur le visage. La blessure dans sa voix ne lui avait pas échappé, mais il n'avait pas répondu immédiatement. Un peu pensif vis à vis de tout ça. Il pouvait comprendre la jalousie, son attachement à Violette crevait les yeux. Avoir été reléguée dans l'ombre durant des années ne devait pas aider non plus.

- Elle ne peut pas savoir si tu ne lui dis pas. Loin de moi l'idée de critiquer ma Lieutenant, mais elle ne brille pas exactement pour sa finesse lorsqu'il s'agit de relations humaines.

Une vie à se battre pour son rêve sans disposer d'un soutien sain faisait des dégâts, il supposait. Leurs problèmes n'avaient jamais été les mêmes, il ne pouvait donc que s'imaginer les traces qu'un tel passé pouvait laisser. Certes, il y avait eu Chad, mais, de son point de vue, il n'était pas certain qu'il lui avait tellement rendu service en étant présent. Violette était brisée bien avant sa mort, elle n'en avait simplement pas conscience.

- Je ne pense pas non plus qu'elle se rende compte que ce genre de décision puisse t'affecter. Elle sait comment te protéger physiquement, mais moralement, c'est une autre histoire. Je ne la blâme pas, ce n'est pas comme si quelqu'un l'avait fait pour elle.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

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Qu'il m'essuie le visage avec un linge humide n'avait pas suffi à me calmer, c'était bien le cadet de mes soucis. Je me moquais bien d'être dans un sale état, ce qui comptait, c'était que Violette était partie pour retrouver cette Vipère. « Elle ne peut pas savoir si tu ne lui dis pas. Loin de moi l'idée de critiquer ma Lieutenant, mais elle ne brille pas exactement pour sa finesse lorsqu'il s'agit de relations humaines. » Le pire dans tout ça, c'était que je me vexais à la place de Violette, alors qu'il avait certainement raison. Celui qui la connaissait le mieux, c'était lui. Nouvelle déception. J'avais préféré me taire. J'avais eu l'impression que ce serait facile de retrouver ma cousine mais Fitzroy était un rappel constant que j'étais larguée vis-à-vis d'elle.

« Je ne pense pas non plus qu'elle se rende compte que ce genre de décision puisse t'affecter. Elle sait comment te protéger physiquement, mais moralement, c'est une autre histoire. Je ne la blâme pas, ce n'est pas comme si quelqu'un l'avait fait pour elle. » J'avais voulu le faire. J'aurais aimé lui dire ça mais qu'est-ce que ça changeait, au fond ? Je n'avais pas pu le faire. « Tu la connais mieux que moi. Je suppose que je dois apprendre à te faire confiance si je veux y arriver un jour. » C'était difficile à admettre et j'allais avoir du mal à lui faire vraiment confiance mais je n'avais pas d'autre option. Ca signifiait aussi qu'il avait le dessus et c'était flippant.

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JAGUARS DU SUD

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

« T'as pas intérêt à te laisser crever. » Cette voix me disait vaguement quelque chose mais je n'aurais jamais imaginé croiser cette fille dans ces circonstances. J'étais partie remplir la gourde de Sawyer, n'imaginant pas un seul instant que cette étrangère serait dans les parages à mon retour. Je ne prétendais pas connaître la vie de Sawyer, pas à ce point, mais ça ne m'empêchait pas d'être surprise et de sentir une pointe de jalousie dans ma poitrine.

« Je m'emmerderais sans toi. » Elle pouvait totalement n'être qu'une amie mais le doute s'installait de plus en plus alors que je la voyais prendre soin d'elle. Une amie, ça pouvait s'inquiéter comme ça, c'était légitime. Dans le fond, j'en étais consciente et je refusais de l'étouffer mais mon poing droit était serré, mes dents également et si je n'avais pas sa gourde dans la main gauche, j'aurais certainement été me terrer dans mon coin pour ne pas avoir à affronter cette blonde. Je n'aimais pas m'afficher et j'aimais encore moins avoir quelqu'un dans les pattes quand j'étais avec Sawyer.

« J'ai sa gourde. J'peux prendre le relais. » Il était hors de question d'en dire plus à une étrangère. Si elle me le demandait, j'étais son amie, rien de plus, ce qui n'était pas faux. Je n'étais rien de plus qu'une amie qui ressentait quelque chose de très fort pour elle mais nous ne sortions pas ensemble. Elle avait même cherché à m'écarter au début de la soirée, quand elle avait commencé à se sentir mal. J'exagérais un peu à cause de la tension parce qu'elle m'avait avoué avoir des sentiments pour moi, elle aussi, mais le sentiment d'insécurité ne s'arrêtait pas juste parce qu'elle avait sous-entendu cela.

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CAMPEMENT DES MALADES H6
Année 41 - saison intermédiaire (nuit 85)

« On peut voir ça comme ça ou se dire que t'es humaine, en fait. Crois-moi, je ne vaux pas forcément mieux que Yulia, j'en ai brisé des cœurs mais personne de ceux qui m'aimaient réellement semblaient se rappeler de cet amour une fois que c'était fini. Ouais, c'que j'te dis ne t'avance pas mais à Paris, c'est pas rien de réaliser que quelqu'un s'attache encore réellement et sincèrement à quelqu'un au point de ne pas lui vouloir de mal même après tout ça. » Le sentiment est bizarre. Être là à parler avec une fille que tu ne connais pas mais qui semble connaître si bien Yulia. Qui est de toute évidence si attachée à elle. Et qui ne te connait qu'au travers de ce que cette dernière lui a dit. Cette idée aussi ne s'avale pas si facilement. Qu'elle ait parlé de toi. Qu'elle t'ait fait exister hors de votre bulle. Peut-être que c'est en partie parce que cette fille était là ce jour là dans le centre neutre. Peut-être pas. Tu ne le sauras jamais. Tu n'es même pas en position de juger. Après tout tu as dit des choses à Fitz. Probablement moins flatteuses malgré tout l'amour qui avait dû déborder. Pas que l'idée en soi te dérange. Elle allume cette petite étincelle de chaleur dans ta poitrine. Celle qui est toujours un peu là malgré tout lorsqu'on parle de Yulia. Que tu ne peux pas tuer quoi que tu fasses parce que malgré tout ce qui s'est passé aimer Yulia fait partie de toi. Indépendamment même de ce futur que vous n'aurez pas. « Je l'ai voulu. Tellement fort. Mais elle m'a sauvé la vie. Elle était là quand je pensais n'avoir personne. » Tu termines dans un murmure, les doigts glissant au bord de tes yeux pour chasser les larmes avant même qu'elles ne coulent. Tu ne sais même pas pourquoi tu lui dis ça. Pourquoi à elle plutôt qu'à quelqu'un d'autre. Sans doute à cause des circonstances. Et puis ce n'est pas comme si tu avais qui que ce soit avec qui parler de Yulia. Ils ne comprendraient pas et tu ne pourrais pas vraiment les blâmer pour ça. Tu ne serais pas si douce si quelqu'un que tu aimais souffrait à cause de l'amour qu'il éprouvait pour un autre. Un autre qui le agissait en connaissance de cause. Non. Si Alecto avait été dans cette situation tu n'aurais même pas réussi à écouter son point de vue sur la question. Tu te serais contentée d'agir contre la menace. « C'est bien qu'elle t'ait. » Parce que la dernière chose que tu souhaites à Yulia est bien d'être seule. Tu es contente pour elle qu'elle ait pu se laisser approcher à nouveau par ses proches. Qu'elle ne vive plus dans cette forme d'Enfer où elle existait comme un fantôme sans réellement être elle-même. « Merci de m'avoir parlé d'elle. » Elle aurait pu ignorer ta présence ou même te chasser parce que tu étais du côté de l'ennemi mais à la place elle t'avait rassurée. Aucun doute que c'est une fille bien.

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It’s always right person and wrong way. on again, off again. I don't know what to say or do. On again, off again. You don’t know what I’d do for you.
Love you like oxygen

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

« Je l'ai voulu. Tellement fort. Mais elle m'a sauvé la vie. Elle était là quand je pensais n'avoir personne. » Elle n'était donc pas totalement idiote, quoi qu'elle en dise. Elle avait voulu la blesser à son tour pour avoir été blessée mais je supposais que quand on aimait vraiment, on n'arrivait pas à s'arrêter là-dessus, on dépassait les choses parce qu'on tenait beaucoup trop à l'autre. D'une certaine façon, c'était ce que j'avais vécu lors de la phase particulièrement difficile de Yulia. Evidemment que je lui en avais voulu de m'avoir traitée comme elle l'avait fait mais j'avais laissé couler tout ça parce que j'étais trop attachée à elle et que ce n'était pas la première douleur que la vie lui infligeait. Je ne savais pas exactement ce que Yulia lui avait raconté mais en connaissance de cause, son comportement avait du sens, j'en étais convaincue. C'était cruel mais on en revenait toujours à la même chose.

C'était difficile de ne pas voir les larmes qu'elle avait décidé de chasser mais j'avais préféré ne pas relever. Son geste impliquait qu'elle avait préféré garder ce détail pour elle, je n'avais donc aucune raison de m'en mêler, c'était trop personnel. « C'est bien qu'elle t'ait. » J'avais souri, réellement touchée par ce qu'elle venait de dire. Elle ne donnait pas l'impression d'être quelqu'un qui disait ça à la légère. Que ça vienne de quelqu'un qui aimait Yulia à ce point me fit d'autant plus plaisir. A ce moment-là, j'avais espéré que cette histoire avec Kahlan n'ait jamais eu lieu. Je ne savais pas si ça aurait complètement changé la donne puisqu'elles appartenaient à deux clans différents, mais au moins un petit peu. Pour celle qui était inconsciente en ce moment, oui. J'étais certaine qu'un simple sourire lui suffirait pour comprendre ce que je lui disais à mi-mot.

« Merci de m'avoir parlé d'elle. » J'avais haussé les épaules. C'était tout à son honneur de me remercier mais je n'avais pas fait grand-chose. « Tu le méritais bien. T'as pas l'air mauvais comme fille et ça change un peu. » D'autres crétins. Je m'étais retenue à temps. Il y avait des choses que même moi je ne pouvais pas balancer à la légère.

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A41 SI J85 (nuit)
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Si on lui avait dit qu'il entendrait ça un jour, il ne l'aurait pas cru. Surtout venant d'elle. Depuis qu'ils communiquaient, elle n'avait jamais raté une occasion de tenter de prendre le dessus. Quelque chose qui le dérangeait assez peu au final, il n'avait rien à prouver dans l'histoire et il n'était pas prêt de se sentir éclipsé par la gamine qu'il voyait en elle. Il savait aussi qu'elle gagnerait toujours sur certains points car elle était du sang de Violette, mais, même ça, ça ne comptait pas réellement. Après tous, ils n'occuperaient jamais la même place pour elle. Leurs buts n'étaient même pas communs, à l'exception de celui de garder la brune en vie et relativement stable. Plutôt que d'abuser de la situation, il choisit d'être mature et de ne pas retenir sa sincérité contre elle. Dans le fond, elle avait raison : ils fonctionneraient mieux s'ils parvenaient à se faire confiance sur certains points. Tout ne devait pas être une compétition et un jeu de dupe.

- Je la connais différemment. J'étais présent, j'avais un intérêt en tête, et je n'étais pas une menace pour elle. Parfois, ce n'est qu'une histoire de timing.

Il ne diminuait pas ce qu'il avait avec Violette et les efforts qu'il avait eu à faire pour parvenir à se faire sa place à ses côtés, mais il fallait reconnaître qu'il avait été aidé par la chance. Il était parti de là et il avait su jouer ses cartes correctement ensuite.

- Faut que tu puisses lui faire confiance aussi. Je sais ce que tu vas me dire : bien sûr que tu lui fais confiance. Sauf que tu as encore des doutes sur certains points. Tu n'es pas assez sûre de ce qu'elle ressent pour toi, à juste titre, mais faudrait pas que ça te bloque. Faut que tu acceptes ce qu'elle te dit et ce qu'elle fait. Aujourd'hui, elle a affiché votre relation devant les autres. Ça devrait compter plus que le fait qu'elle disparaisse quelques minutes. Même si c'est pour aller voir cette fille. Ça ne la rend pas plus importante que toi.

CODAGE PAR AMATIS

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choose wisely

you're either on my side, by my side, or in my fucking way.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

« Je la connais différemment. J'étais présent, j'avais un intérêt en tête, et je n'étais pas une menace pour elle. Parfois, ce n'est qu'une histoire de timing. » Je n'avais pas l'impression qu'il se moquait de moi, il avait même l'air drôlement sincère et c'était particulier. Jusque-là, il ne s'était pas gêné pour me titiller et pour jouer avec mes nerfs et là, il agissait complètement différemment. J'étais consciente de ne pas avoir fait beaucoup d'efforts parce que c'était difficile d'accepter quelqu'un d'étranger quand même Violette ne m'acceptait pas ouvertement. Et elle ne l'avait fait que très récemment.

« Faut que tu puisses lui faire confiance aussi. Je sais ce que tu vas me dire : bien sûr que tu lui fais confiance. Sauf que tu as encore des doutes sur certains points. Tu n'es pas assez sûre de ce qu'elle ressent pour toi, à juste titre, mais faudrait pas que ça te bloque. Faut que tu acceptes ce qu'elle te dit et ce qu'elle fait. Aujourd'hui, elle a affiché votre relation devant les autres. Ça devrait compter plus que le fait qu'elle disparaisse quelques minutes. Même si c'est pour aller voir cette fille. Ça ne la rend pas plus importante que toi. » Le plus désarmant, c'était qu'il ait tout ça en lui. Je n'avais vu en lui qu'un emmerdeur qui tenait à Violette et qui m'acceptait par la force des choses et parce qu'il savait que je serais toujours là pour sa lieutenant. Là, il sous-entendait qu'il s'intéressait réellement à ce qui se passait entre elle et moi et j'avais la drôle d'impression qu'il se souciait sincèrement de moi, pas juste d'elle. « Merci. » Je lui devais bien ça.

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades H6

C'était difficile d'assister, impuissante, face à la douleur d'autant de monde autour d'elle. Que des inconnus puisse souffrir à ce point ne l'affectait pas autant que ça mais elle reconnaissait des visages dans la foule, des personnes qu'elle ne pouvait même pas aider. Elle n'était pas du genre à se laisser aller à la première erreur, mais l'échec de sa tentative de médiation lui pesait encore sur le morale, ce qui n'aidait en rien à son état d'esprit actuel. Toute son équipe ne faisait pas partie du voyage, moins de raison de s'inquiéter. C'est ce qu'elle se disait. Elle avait beau être lieutenant que depuis peu, elle n'en souhaitait tout de même que le bien de son équipe. Même si rester sur le territoire ne garantissait pas la sécurité, pas dans ces conditions et encore moins quand on était espion. Elle le gardait à l'esprit, ce qu'ils étaient avant tout, des espions, des armes pour son clan. A force d'observer, elle avait croisé un duo étrange. Alecto et Violette, une information qu'elle gardait dans le coin de sa tête. Elle ne s'était pas approchée, qu'Alecto ait quelqu'un sur qui compter était plutôt quelque chose de positif, d'autant plus si cette personne était Violette. Elle se demandait quel était le lien qui les unissait. Elle ne l'avait pas vues ensemble avant mais à y penser, il y avait des ressemblances tant physique qu'au niveau du caractère...Sortie de ses rêveries par un râle de douleur, son attention se porta sur le corps emmitouflé près d'elle. Le spécialiste semblait vouloir se relever, paniqué mais Bellamy ne lui laissa pas l'occasion. Le repoussant doucement, mains sur les épaules. Si c'est ton pote que tu cherches, t'as pas à t'en faire, il est entre de bonnes mains, dit-elle lui tendant une gourde encore pleine d'eau. Tu devrais te préoccuper de toi-même pour le moment. Tu ne pourras rien pour lui dans ton état. Niles, elle l'avait trouvé affalé contre un mur, à peine conscient, presque délirant. Elle avait décidé qu'elle ne pouvait pas le laisser seul, pas dans ces conditions. Elle partirait quand il montrerait des signes d'amélioration mais il n'avait pu qu'enchaîner les phases d'inconsciences, entre-coupées de phases de toux douloureuses, si fortes qu'elles secouaient son corps entier. Il y avait sans doute mieux comme compagnie qu'une personne comme Bellamy mais pour le moment, il devrait s'en contenter.

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never gonna let you down

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année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 85

campement de malades h6

Plus le temps avançait, plus j'avais peur, peur d'y passer, peur d'être découvert, peur que Moacir y passe. Je réalisais bien que ça ne tournait pas rond, que je me réveillais sans avoir réellement conscience de m'être assoupi mais l'environnement me le confirmait cruellement. Je n'arrivais même pas à me décider, valait-il mieux qu'on m'achève ou prendre le risque que quelqu'un découvre la vérité à mon sujet et me fasse chanter ? Je ne voulais pas mourir, encore moins dans de pareilles circonstances, mais j'avais plus peur encore qu'on découvre mon secret et que mes proches soient déçus plutôt que de ma réputation si je prenais un choix qui n'était pas digne des Dragons. Ça ne signifiait pas que j'étais assez courageux - ou fou, selon les points de vue - pour passer à l'acte. J'aurais certainement lâchement attendu que ça me tombe dessus, la peur au ventre. Le seul qui aurait pu me contrer ce mauvais rouage n'était pas dans les environs. Il y avait bien trop de corps, réveillés, morts ou agonisants, autour de nous.

Je devais tout faire pour le retrouver, même si mon corps luttait, transpirant et frissonnant la seconde d'après, sans parler de cette toux qui me donnait l'impression que mon thorax était en feu. Je voyais trouble à cause de la sueur, j'avais de beaux vertiges mais l'angoisse était trop forte et il était le seul capable de la canaliser. Il était le seul en qui j'avais réellement confiance dans tout ce campement. Avant de ne pouvoir faire quoi que ce soit, on m'avait repoussé. Je ne reconnaissais pas la lieutenant, pris dans l'agitation. « Si c'est ton pote que tu cherches, t'as pas à t'en faire, il est entre de bonnes mains. » Une Dragonne qui me connaissait. Avec un peu de chance, pièce après pièce, j'allais pouvoir reconstruire ce puzzle.

« Tu devrais te préoccuper de toi-même pour le moment. Tu ne pourras rien pour lui dans ton état. » J'avais pris la gourde et avais cherché à puiser de la force dans le peu d'énergie qu'il me restait pour ne pas afficher ma faiblesse mais je n'arrivais plus à contrôler grand-chose. Une présence soudaine n'arrangeait rien. Au contraire, mon corps se crispait. Là où d'autres auraient été ravis de tomber sur quelqu'un du clan, j'aurais préféré tomber sur un parfait inconnu, quelqu'un qui se moquerait bien de mes peurs et qui ne pourrait pas me balancer à Violette ou à qui que ce soit d'autre. « Tu devrais y aller. » J'avais la trouille, plus que jamais et j'étais en danger. Un danger plus vicieux que la mort. Toute personne du clan était un ennemi quand je ne pouvais pas dominer la situation. Tous étaient de potentiels bourreaux. Tous étaient susceptibles de m'asséner un coup de poignard dans le dos.

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Que quelqu'un rapplique n'était pas si étonnant, c'était plutôt normal qu'elle ait des gens dans sa vie pour prendre soin d'elle. Nous n'avions pas vraiment traîné ensemble ces derniers jours, mais j'avais eu l'occasion de la voir avec d'autres gens, dont cette fille. Ce n'était donc pas étonnant, mais l'apparition restait surprenant et j'appréciais peu d'être vue en flagrant délit de... Je n'en savais trop rien. Je n'aimais juste pas qu'on puisse s'imaginer que je m'intéressais vraiment à Machin. J'avais eu vite fait de fourrer les mains dans les poches de ma veste, comme pour cacher les preuves.

- Oh, c'est toi.

La ramasseuse de l'autre fois. Je n'avais aucune idée de son prénom, je n'aurais même pas su dire si elle l'avait prononcé à un moment. Qu'importe. Tout ce que je savais c'était qu'elle n'appartenait pas aux Dragons, pas surprenant puisque Machin semblait se perdre un peu partout. Une habitude d'ancienne Libre, sans doute. Je me relevais, mais partir fut plus difficile que prévu. Pendant quelques instants, je n'avais pas pu m'empêcher d'observer la brunette endormie.

- Elle s'en sort comment ?

J'avais dû me l'arracher de la bouche et j'espérais que cela ne s'entendait pas trop.

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